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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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dans un coin plus discret. Il s'élança à sa poursuite. Sur la terre battue, le martèlement de leurs pieds nus résonnait à peine. Nul ne s'en soucia. Il tourna l'angle du mur. Se guida aux pleurs étouffés. Les mit sur le compte bien légitime de son trouble. Les pucelles faisaient toujours des manières au moment de perdre leur virginité, lui avait assuré la catin qu'il avait belinée dans la forêt.
    Cette remarque l'avait durci plus encore du souvenir de sa première fois avec Algonde. Algonde qui au lieu de se défendre l'avait encouragé. Les minauderies de Fanette étaient-elles réelles ou destinées à donner le change pour mieux se livrer ? Qui pouvait savoir si le baron ne s'en était pas lui aussi occupé ? Nourri de ces réflexions instinctives, son désir se décupla. Il lui fallait le vérifier. Il se planta devant elle, les poings serrés. Agenouillée et tremblante autant de colère que de dépit, elle s'était adossée au mur d'enceinte, dans l'ombre la plus noire.
    — Va-t'en, tu ne m'aimes pas, hoqueta-t-elle en frottant ses yeux.
    Il hésita un instant devant cette évidence avant de tomber à genoux à son tour et de la basculer sur le côté, la main lui broyant la bouche pour l'empêcher de crier.
    — Tu es à moitié nue sous ta cape et tu voudrais me laisser croire que tu voulais de l'eau ? Juste de l'eau ? En pleine nuit ? Puisque le baron n'est pas là, qui allais-tu rejoindre, Fanette ? Avoue que tu m'as vu les autres soirs par tes volets ! Avoue que c'est pour me plaire que tu es sortie !
    Ce faisant, déjà il lui écartait les cuisses et y glissait son genou pour l'empêcher de les refermer le temps qu'il se débraguettait. Elle se débattit de plus belle, lui martelant le dos de ses poings serrés. La rage lui décuplait le tempérament. Elle mordit méchamment la paume qui l'étouffait. Sous la douleur, Mathieu retira sa main. Elle vociféra :
    — Pour qui te prends-tu, Mathieu le borgne ? Crois-tu donc toutes les dames à tes pieds ? Je te hais ! Si tu me souilles, je jure que je te tuerai ! Oh oui ! par Dieu je le jure !
    Prêt à la pénétrer, il se redressa entre ses jambes. Un mince rayon de lune venait d'éclairer le visage farouche de la jouvencelle. Jamais il ne l'aurait crue capable d'autant de hargne et de détermination. La sienne s'émietta. Il ricana, désabusé.
    — La vengeance… Si tu savais, Fanette, à quel point son fardeau est lourd à porter.
    — Bien moins que le déshonneur et ses conséquences !
    Ils s'affrontèrent du regard dans le silence retombé. Pas un bruit alentour. À croire que les veilleurs de nuit avaient le sommeil lourd à Sassenage. Les rapaces n'avaient pas davantage bronché que le fauconnier. Mathieu roula sur le côté.
    — Pardonne-moi.
    Sans répondre, Fanette ramena ses genoux sous son menton et, resserrant les pans de sa cape, se colla au mur qui séparait les deux cours. Son bonnet de nuit s'était détaché dans leur affrontement et ses cheveux roux cascadaient sur ses épaules. Mathieu s'installa à côté d'elle et, les yeux fermés sur sa honte, laissa sa nuque chercher l'appui des pierres. Un oiseau de proie lança son cri dans la nuit, les faisant instinctivement frissonner tous deux.
    — Jamais tu n'aurais fait ça avant, dit-elle.
    Avant l'attaque de l'épervier. Avant le départ d'Algonde. Avant Marthe. Avant sa formation chez Dumas. Avant les malandrins. Avant. Il lui prit la main. Elle ne se déroba pas. Au contraire. Noua ses doigts plus fort aux siens.
    — Celui d'hier n'est plus, Fanette. Ton amour et ta patience n'y changeront rien. J'ai beau le chercher. Il est perdu à jamais.
    — Ce n'est pas moi que tu veux, c'est elle, n'est-ce pas ? La lame forgée par mon père. Pourquoi ?
    Mentir. Tricher. Il soupira.
    — Pour tuer le baron.
    — À cause d'Algonde ?
    Il ne répondit pas.
    — Je suis vierge, Mathieu. Je te demande de me croire.
    — Je te crois.
    Il était sincère. Elle sourit dans l'obscurité. Malgré ce qui venait de se passer ou à cause de cela peut-être, il venait de lui offrir quelque chose de plus. Quelque chose de précieux. Sa confiance.
    — Tu l'aimes encore ? demanda-t-elle.
    — Je l'ai toujours aimée.
    — Cela vaut-il la potence ?
    Un rictus de détresse lui barra le visage. N'était-ce pas ce qu'Algonde lui avait dit avant qu'il ne la répudie ?
    — Je ne t'en guérirai pas, n'est-ce pas ?
    Il pressa les doigts à les broyer avant de

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