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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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espèce de froideur insultante qui dominait dans toutes ses manières, qui même était son principal attribut. Son effronterie ne manqua point de produire son effet violent sur sir John de Walton, qui s’écria soudain : « Aux armes ! aux armes ! assurez-vous, de ce traître, de cet espion ! Holà ! Pages et archers, William, Anthony, Bande-l’arc, et Feuille-Verte, saisissez ce traître et attachez-le avec vos cordes d’arc et vos lesses à chiens ; attachez-le, vous dis-je, et serrez si fort que le sang lui sorte de dessous les ongles ! »
    « Voilà ce qui s’appelle parler, dit Turnbull avec une espèce de gros rire. Si j’étais aussi sûr de pouvoir être entendu par une vingtaine d’hommes que je pourrais nommer, nous ne disputerions pas long-temps les honneurs de la journée. »
    Les Anglais entourèrent le chasseur en grand nombre, mais ne mirent pas la main sur lui, personne ne voulant être le premier à rompre la paix si nécessaire à la circonstance.
    « Dis-moi, lui demanda de Walton, traître que tu es, pourquoi tu te trouves ici ? »
    « Uniquement et simplement, répondit l’habitant de la forêt de Jed, afin de pouvoir livrer à Douglas le château de ses ancêtres, et vous payer ce que nous vous devons, sire Anglais, en réduisant au silence ce gosier à l’aide duquel tu fais un pareil tapage. »
    En même temps, s’apercevant que les archers se rassemblaient, derrière lui pour mettre les ordres de leur chef à exécution aussitôt qu’ils seraient réitérés, le chasseur se retourna brusquement vers ceux qui semblaient vouloir l’empoigner à l’improviste ; et les forçant, par cette évolution soudaine, à reculer d’un pas, il reprit : « Oui, John de Walton, mon but en venant ici était de te mettre à mort comme un homme que je trouve en possession du château et des domaines de mon maître, plus digne chevalier que toi ; mais je ne sais pourquoi j’ai hésité ; peut-être la raison en est-elle que tu m’as donné à manger quand je mourais de faim depuis vingt-quatre heures. Je n’ai donc pas eu le cœur de te payer, comme je l’aurais pu faire, la somme qui t’était due : quitte ce lieu et cette contrée, et profite de l’avertissement d’un ennemi. Tu t’es constitué l’ennemi mortel de ce peuple, et parmi ce peuple sont des gens qu’on n’a jamais pu insulter ni défier impunément. Ne prends pas la peine de me faire chercher, ce serait peine inutile, à moins que je ne te rencontre un autre jour qui viendra au gré de mon désir, et non au tien. Ne pousse pas tes perquisitions jusqu’à la cruauté pour découvrir comment je t’ai trompé, car il est impossible que tu le découvres. Après cet avis tout amical, regarde-moi bien, puis éloigne-toi ; car, quoique nous devions nous revoir un jour, il se passera bien du temps avant que ce jour arrive. »
    De Walton gardait le silence, espérant que son captif, car il ne pensait pas qu’il pût s’échapper, pourrait, dans son humeur communicative, laisser échapper quelques nouveaux renseignemens sur son compte, et il ne désirait nullement précipiter une querelle qui devait probablement terminer une scène semblable, ne se doutant pas, pendant ce temps, de l’avantage qu’il donnait à l’audacieux chasseur.
    Eu effet, comme Turnbull achevait sa dernière phrase, il s’élança tout à coup en arrière et sortit du cercle qui l’environnait ; avant qu’on pût s’imaginer quel était son dessein, il avait déja disparu à travers les bois.
    « Arrêtez-le ! arrêtez-le ! s’écria de Walton ; il faut absolument nous rendre maîtres de ce coquin, à moins qu’il ne soit entré sous terre. »
    La chose ne paraissait pas absolument invraisemblable, car près de l’endroit d’où Turnbull s’était élancé se trouvait un ravin profond dans lequel il se précipita, descendant à l’aide de branches, de racines et de broussailles, jusqu’à ce qu’il fût arrivé au fond, d’où il put gagner les bois et s’échapper ensuite, mettant tout-à-fait en défaut les paysans mêmes qui connaissaient le mieux les localités, car il était impossible de suivre ses traces.

CHAPITRE VIII.
 
Le Ménestrel.
 
    Cet incident empêcha de continuer la chasse avec autant d’ardeur qu’elle avait commencé, interrompue si soudainement par l’apparition de Michel Turnbull, partisan armé et avoué de la maison de Douglas, espèce d’homme qu’on ne devait guère

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