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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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lâches ?
    — Ah ! il faudra que je laisse assez d’hommes aux officiers pour creuser les fosses d’aisance !
    — Parfait, dit-il en riant. Mais une fois ton bataillon formé, qu’en feras-tu, Ulysse ?
    — Je les occuperai sans relâche. Les hommes dont je parle ne sont pas des poltrons, ce sont des bagarreurs. Demain j’irai trouver les officiers et demanderai à chacun trois soldats, les pires dont ils disposent, à l’exception des lâches. Naturellement ils seront ravis de s’en défaire. Quand je les aurai recrutés, je les mettrai au travail.
    — À savoir ?
    — Sur le bord de la plage, près de l’endroit où sont échoués mes navires, se trouve une sorte de cuvette naturelle. Elle est située à l’abri des regards et cependant assez près du camp pour se trouver du bon côté de la muraille qu’Agamemnon devra construire pour protéger nos navires et nos hommes des incursions troyennes. Cette cuvette est profonde et spacieuse. On peut y construire des maisons confortables pour au moins trois cents hommes. C’est là que vivra mon armée, là que dans un isolement complet j’entraînerai mes hommes. Ils n’auront absolument aucun contact avec leurs anciennes unités.
    — Que feront-ils ?
    — Je vais créer une pépinière d’espions.
    — Que veux-tu dire ? À quoi ces espions pourraient-ils bien servir ?
    — À tant de choses ! Réfléchis donc, Diomède ! Dix ans, c’est long dans une vie, peut-être le tiers, ou même la moitié. Parmi ces trois cents hommes, certains sans nul doute seront dignes d’aller et venir dans un palais. Au cours de l’année qui vient, j’en ferai entrer quelques-uns dans la citadelle de Troie, je disséminerai les amateurs de double vie dans les milieux les plus divers : parmi les esclaves, les commerçants, les marchands… Je veux être tenu au courant du moindre geste de Priam.
    — Par Zeus, déclara Diomède d’un air sceptique, ils seront aussitôt repérés !
    — Pourquoi ? Ils n’iront pas à Troie sans avoir tout d’abord reçu une formation. Mes trois cents hommes devront être doués d’une intelligence supérieure. Je suis déjà allé à Troie et, quand j’y étais, j’ai appris le grec que l’on y parle – l’accent, la grammaire, le vocabulaire. Je suis très doué pour les langues.
    — Je le sais, reprit Diomède qui, plus détendu, souriait.
    — J’ai aussi découvert bon nombre de choses dont je n’ai pas fait part à notre cher Agamemnon. Avant qu’un seul de mes espions pénètre dans Troie, il saura tout ce qu’il faut savoir. Ceux qui ne parviendront pas à parler devront prétendre être des esclaves échappés du camp. N’ayant pas besoin de cacher qu’ils sont Grecs, ils seront particulièrement utiles. D’autres un peu plus doués se feront passer pour des Lyciens ou des Cariens. Et ce n’est que le commencement !
    — Je remercie les dieux que tu sois des nôtres, Ulysse. Je détesterais t’avoir comme ennemi…
     
    Tous les Troyens se tenaient en haut des remparts pour voir le grand roi de Mycènes en tête du détachement royal. Le rouge monta aux joues d’Agamemnon quand il entendit les railleries et les grossièretés que le vent portait à nos oreilles. Par bonheur il n’avait pas amené son armée.
    J’avais mal au cou à force de lever la tête, mais quand nous atteignîmes le rideau ouest, j’observai la muraille avec une attention particulière. Je ne l’avais pas vue de l’extérieur lors de ma visite à Troie. C’était bien le seul endroit où l’on pouvait monter à l’assaut des remparts. Pourtant, même Agamemnon y avait renoncé quand nous l’eûmes dépassé. Quarante mille défenseurs déverseraient sur nos têtes de l’huile bouillante, des pierres chauffées à blanc, des tisons et même des excréments.
    Quand il nous ordonna de rentrer au camp, Agamemnon faisait grise mine. Il ne convoqua aucun conseil et les jours passèrent sans qu’aucune décision fût prise. Je le laissai mijoter dans son jus, ayant mieux à faire que de discuter avec lui, et constituai ma pépinière d’espions.
    Aucun commandant ne m’opposa le moindre refus. Les maçons et les charpentiers s’affairèrent à construire trente solides maisons de pierre et un grand bâtiment où les hommes seraient nourris, se détendraient et recevraient des instructions. À leur arrivée, mes recrues furent mises au travail ; des soldats d’Ithaque montaient la garde autour de la

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