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Le Chevalier d'Eon

Le Chevalier d'Eon

Titel: Le Chevalier d'Eon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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Il l’embrassa sur les deux joues et lui annonça qu’il tenait à la présenter à son épouse. Mme de Vergennes n’était pas encore levée. « Elle est bien paresseuse   », murmura le ministre qui conduisit le capitaine de dragons dans vin salon où attendaient deux visiteurs à la mine austère   : M. Lieuteau médecin du roi et M. Lassonne médecin de la reine. Ils étaient chargés d’examiner d’Éon. Vergennes allait rentrer dans son bureau, mais le chevalier- chevalière le retint   : « M. le comte, pourquoi vous retirez-vous   ? lui dit-il, mon affaire étrange dépend de votre département.   » Sans mot dire, le ministre quitta le salon, laissant d’Éon avec les deux médecins. « La pudeur ne me permet pas d’en dire davantage   », écrit le héros avant d’ajouter   : « Le fantôme du capitaine de dragon a disparu comme l’ombre de la lune ou si vous aimez mieux comme la cire vierge exposée au feu du réverbère.   »
    Les médecins ne revenaient pas de leur étonnement   : d’Éon rougissait comme une vierge effarouchée lorsque revint le comte de Vergennes. « Nous avons visité les Pays-Bas de notre brave capitaine, ils sont en aussi bon ordre que s’ils avaient toujours été sous la domination de la maison d’Autriche   », déclarèrent les deux praticiens. Le ministre était ravi   : « Mademoiselle, vous tirez la cour d’un grand embarras.   » Il s’en fut aussitôt annoncer la nouvelle au comte de Maurepas, Premier ministre sans en avoir le titre, au roi et à la reine. Il retrouva d’Éon une heure plus tard et le pria de revêtir des vêtements de femme le plus tôt possible, afin de mettre fin au scandale de son existence.
    D’Éon avait conservé l’espoir qu’on lui permettrait de garder l’uniforme puisqu’on lui accordait le droit d’arborer la croix de Saint-Louis. Il eut beau insister, Vergennes s’exprimant au nom du roi se montra inflexible. Il lui offrit à déjeuner et avant de le quitter lui annonça la plus incroyable nouvelle   : la reine elle-même lui envoyait sa couturière, la célèbre Mlle Bertin, pour lui confectionner un trousseau complet   !

Retour à Tonnerre
    Brisé par ces émotions, d’Éon obtint la permission d’aller voir sa mère à Tonnerre. Il ne se fit pas prier plus longtemps et prit la première voiture à sa disposition pour regagner sa chère Bourgogne. En le voyant descendre de son attelage, Mme d’Éon s’évanouit. Le chevalier-chevalière la transporta aussitôt dans sa chambre et demanda à tous ceux qui l’entouraient de les laisser seuls. Au bout de quelques instants, la vieille dame revint à elle et prit son enfant dans ses bras. « J’ai bien peur que vous ne soyez venu ici par un coup de votre tête et de votre cœur me surprendre en l’état où vous êtes, croyant me faire grand plaisir   ; mais je crains fort que vous ne soyez bientôt arrêté {204} », lui dit-elle. D’Éon la rassura et appela ceux qui se trouvaient dans la maison. En quelques instants tout Tonnerre accourut chez eux. On avait suivi les aventures du chevalier-chevalière qui passait pour le héros de la petite ville. Pendant toute la soirée on n’entendit que des coups de feu éclatant en signe de joie. « Cela me parut le symbole mystérieux du renversement de mon état et de ma fortune en France   », devait- il écrire. D’Éon se coucha de bonne heure, mais à peine s’était-il mis au lit que sa mère vint à son chevet. « D’Éon, lui dit-elle, si vous croyez être quelque chose, quoique vous ne soyez rien, vous vous séduisez vous-même. Songez à ce que vous êtes et que bientôt vous vous retrouverez ici comme ma fille chérie que votre père et moi avons cachée depuis votre enfance avec tant de peine et de soin. Mais aujourd’hui tout cela est inutile   ; le mystère caché est plus que dévoilé, car il est manifesté. Tout le monde ici croyait et se disait qu’à votre retour en France, on vous obligerait à reprendre votre robe.   » D’Éon renchérit   : après « être passé entre les mains des harpies de Londres et de Versailles   », il ne pouvait plus exister que comme fille dans le monde ou dans un cloître, si bien que la reine avait la générosité de lui accorder les services de son « ministre de la mode   », Mlle Bertin. Il ajouta qu’il était cependant désespéré de devoir être présenté dans cette tenue au roi et à la reine. Mme d’Éon encouragea

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