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Le Chevalier d'Eon

Le Chevalier d'Eon

Titel: Le Chevalier d'Eon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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d’agents secrets dépendant directement de lui et qui ne devaient rien révéler de leurs activités ni aux ministres, ni aux ambassadeurs de France dans les États où ils se trouveraient. C’est ce qu’on appela le « Secret du roi   ». Le prince de Conti devint le « ministre   » du Secret. Dès lors, il travailla directement avec Louis XV, répondant personnellement des agents qu’il choisissait. Certains faisaient partie du personnel des ambassades   : ils étaient tenus d’obéir à l’ambassadeur, tout en gardant la plus extrême discrétion concernant les ordres qu’ils recevraient du roi par l’intermédiaire du prince de Conti. Les agents ne se connaissaient pas entre eux. Louis XV réglait leurs émoluments sur sa cassette personnelle. Il mit dans le Secret Tercier premier commis des affaires étrangères qui fut chargé de la réception et de l’expédition des messages. En 1752, entra dans le Secret le comte Charles de Broglie {4} , qui fut nommé ambassadeur en Pologne.
    Cependant, le temps passait. Auguste III ne se décidait pas à mourir et sa fille Marie-Josèphe avait épousé le Dauphin. Le prince de Conti ne perdait pas espoir, mais « le renversement des alliances   » compromit sérieusement ses chances. En effet depuis 1752, l’impératrice Marie-Thérèse menait une sérieuse offensive diplomatique en France pour conclure une alliance avec l’ennemi héréditaire. Les négociations qui se déroulèrent dans le plus grand secret, à l’insu du prince de Conti, aboutirent à la signature du traité de Versailles en 1756 par lequel les deux puissances s’engageaient à se secourir mutuellement au cas où l’une d’elles serait attaquée par une tierce puissance. L’Autriche cependant observerait une neutralité absolue en cas de conflit franco-anglais. De son côté, Frédéric II avait conclu un accord de neutralité avec l’Angleterre, laquelle engagea les hostilités avec la France en Amérique à propos des frontières de la Nouvelle-Écosse. Le grand projet d’union des États prévu par la diplomatie du Secret s’effondrait. Conti se désolait, boudait... Il rêvait encore de la couronne de Pologne. Mais au cas où il n’aurait pu l’obtenir, il songeait à obtenir la principauté de Courlande. Il envisageait même un mariage avec la tsarine Élisabeth. Ces rêves assez fous ne pouvaient nuire à la France, mais Louis XV devait faire preuve de prudence. Il fallait commencer par renouer des relations diplomatiques avec la Russie rompues depuis 1748, afin d’empêcher cette puissance de s’allier avec la Prusse et l’Angleterre comme cela semblait probable... Et ainsi le roi flattait encore les ambitions de Conti.
    La lointaine Russie était alors mal connue des capitales occidentales. La tsarine Élisabeth, fille de Pierre le Grand, y régnait en despote, mais subissait l’ascendant de son Premier ministre le chancelier Bestouchev, dont elle se méfiait. Elle n’hésitait pas à conspirer contre lui avec son vice-chancelier, le comte Vorontsov. Ce dernier se montrait favorable à un rapprochement avec la France tandis que Bestouchev était tout dévoué aux Anglais. En 1754, Louis XV avait envoyé un émissaire secret, le chevalier de Val- croissant, afin de sonder les intentions de la souveraine, mais ce malheureux avait été arrêté comme espion et enfermé dans la forteresse de Schlusselbourg. C’est alors que le prince de Conti proposa d’envoyer Douglas, un voyageur écossais ne risquant pas d’éveiller les soupçons. À partir de ce moment commence le mystère d’Éon.

Un voyage mouvementé
    Muni d’un paquet pour Douglas et de quelques lettres de change, le petit d’Éon part le cœur léger pour l’aventure. Il s’est documenté sur le lointain empire où règne la tsarine Élisabeth. Il veut le connaître, en apprendre la langue et le faire découvrir aux Français en envoyant des articles à son ami Fréron. N’ayant pas encore touché un sou pour sa mission, il a emprunté (par-devant notaire) 6 640 livres à la présidente Legendre. On ne sait jamais ce qui peut arriver   ! Le voyage commence sous les meilleurs auspices   : à quelques lieues de Paris, dans une auberge de Meaux, il fait la connaissance d’un marchand de Saint-Pétersbourg, parlant allemand et français. Voilà notre jeune homme désormais accompagné d’un guide. Mais il est hélas obligé de le quitter à Strasbourg, Dietrich, son correspondant dans cette

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