Le clan de l'ours des cavernes
le travailler sans cesse pendant qu'il sèche et absorbe la graisse. Il vaut donc mieux effectuer ce travail au soleil.
- Les chasseurs seront enchantés, affirma Mog-ur. Tu es irremplaçable pour fabriquer les frondes. Je t'ai vu en enseigner le maniement à Vorn. Il a de la chance de t'avoir comme professeur ! L'art de manier la fronde doit être aussi délicat que celui de les fabriquer.
- Je les découperai demain, répondit Zoug, flatté par tant de compliments.
Je connais la taille de celles des hommes, mais je vais être obligé
d'adapter celle de Vorn. Une fronde doit respecter certaines proportions pour gagner en force et en précision.
- Iza et Ayla sont en train de préparer le lagopède que tu m'as apporté
l'autre jour. Voudrais-tu partager notre repas ce soir ? C'est Ayla qui l'a proposé et je serais ravi que tu te joignes à nous. Un homme a parfois le désir de discuter avec un autre homme ; or, je suis entouré de femmes.
- Zoug dînera avec Mog-ur, répondit le vieil homme, manifestement satisfait de l'invitation.
Si les festins étaient relativement fréquents ainsi que les réunions entre familles, Mog-ur invitait rarement à partager son repas. Encore peu habitué
à posséder son propre foyer, il se contentait fort bien de la compagnie de ses trois femmes. Mais il connaissait Zoug depuis la prime enfance et l'avait toujours aimé et respecté. La joie qui éclaira le visage du vieil homme lui fit regretter de ne pas y avoir songé plus tôt.
Iza n'avait pas l'habitude de telles réceptions. Elle se dépensa sans compter pour préparer le repas. Sa connaissance de la flore s'étendant aussi bien aux plantes aromatiques, elle savait comment exalter le fumet d'un plat. Le dîner fut particulièrement savoureux. Ayla s'appliqua à se montrer d'une discrétion exemplaire, et Mog-ur se sentit flatté par tant de perfection. A la fin du repas, Ayla servit une infusion de menthe et de camomille, dont Iza savait qu'elle facilitait la digestion. Puis les deux hommes se mirent à évoquer le temps passé, tandis que les femmes se tenaient prêtes à satisfaire leurs moindres désirs. Zoug se sentit vaguement jaloux du bonheur du vieux sorcier, pour qui la vie n'aurait pu être plus douce.
Le lendemain, Ayla observa soigneusement Zoug en train de mesurer la fronde de Vorn, et prêta une grande attention aux explications du vieil homme sur la façon dont les deux extrémités devaient être taillées en pointe, ni trop courtes ni trop longues. Puis elle le regarda façonner le petit creux destiné à recevoir le caillou au centre de la fronde, à l'aide d'un galet bien rond et mouillé de manière à déformer et distendre légèrement le cuir à cet endroit. Au moment o˘ Zoug rangeait les restes de cuir inutilisés, Ayla lui apporta à boire.
- Zoug a-t-il encore besoin de ces petits morceaux ? Ils ont l'air tellement souples, indiqua Ayla par gestes.
- Je n'en ai pas l'usage. Cela te ferait plaisir de les prendre ? proposa Zoug, qui se sentait rempli de bienveillance à l'égard de cette petite fille serviable et admirative.
- L'enfant qui est devant toi t'en serait reconnaissante. Certaines chutes sont encore assez grandes pour être utilisées, répondit Ayla, la tête baissée.
Le lendemain, Zoug regretta l'absence d'Ayla travaillant à ses côtés et lui apportant à boire ; mais il avait terminé son ouvrage ; toutes les frondes étaient enfin prêtes. Il la vit se diriger vers les bois, son panier de cueillette sanglé sur le dos, le b‚ton à fouir à la main. Elle va chercher des plantes pour Iza, pensa-t-il. Je ne comprends pas Broud. Zoug n'avait guère de sympathie pour le garçon ; il n'avait pas oublié le geste violent qu'il avait eu envers lui. Pourquoi est-il toujours à la réprimander ? Elle est travailleuse, respectueuse ; Mog-ur peut en être fier. Il a de la chance d'avoir Iza et cette fillette à son foyer. Zoug se souvenait de l'agréable soirée qu'il avait passée en compagnie du grand sorcier et, bien qu'il n'en fît point mention, il se rappelait que c'était Ayla qui avait suggéré au mog-ur cette invitation. Il la regarda s'éloigner sur ses grandes jambes. Dommage qu'elle soit si laide, déplora-t-il une fois de plus, elle pourrait rendre un homme heureux un jour.
Après s'être confectionné une fronde neuve avec les morceaux de cuir que Zoug lui avait donnés, la vieille fronde ayant fini par se déchirer, Ayla décida de se trouver un lieu
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