Le clan de l'ours des cavernes
d'entraînement plus éloigné encore de la caverne, bien à l'abri de toute surprise. Elle commença par remonter le cours d'eau, puis grimpa la colline en suivant l'un de ses affluents, se frayant un passage à travers les broussailles.
Elle parvint bientôt à une falaise abrupte du haut de laquelle chutait en une fine pluie le ruisseau. Cherchant un passage pour aller plus haut, elle longea la falaise et vit que celle-ci prenait une inclinaison qui rendait possible son escalade. Elle en vint facilement à bout et déboucha sur un plateau traversé par le ruisseau. Elle poursuivit son chemin vers l'amont.
Les pins et les sapins aux troncs recouverts de lichen vert-de-gris dominaient le site dans lequel elle pénétrait. Les écureuils sautaient d'arbre en arbre ou traversaient le tapis de mousse qui s'étalait indifféremment sur la terre, les pierres et les souches. Les arbres s'éclaircirent peu à peu, et elle parvint à un petit pré enserré entre les parois gris-brun de la montagne. Le ruisseau qui serpentait le long d'un des côtés de la prairie prenait sa source au pied d'un rocher, près duquel poussait un gros bouquet de noisetiers. La chaîne de montagnes était criblée de fissures et de failles. Elles recevaient les eaux de la fonte des neiges qui resurgissaient plus bas en sources fraîches et cristallines.
Ayla alla se désaltérer longuement à la source glacée, puis s'arrêta un instant pour examiner quelques grappes de noisettes ench‚ssées dans leurs coques de velours vert. Elle en prit une, la cassa entre ses dents, pour extraire le petit fruit à la chair blanche et tendre. Elle les préférait vertes plutôt que m˚res. Sa gourmandise réveillée, elle allait en entreprendre la cueillette quand soudain, derrière l'épais feuillage, elle aperçut un trou noir. Elle repoussa les branches et découvrit une petite grotte dissimulée par les noisetiers. Elle se faufila à travers les troncs enchevêtrés des arbres, puis après avoir jeté prudemment un coup d'oeil à
l'intérieur, pénétra dans l'abri, laissant les branches se rabattre derrière elle. Le soleil éclairait faiblement une cavité de trois mètres de long environ sur deux de large, dont la vo˚te s'abaissait doucement vers le fond. Ce n'était pas grand mais il y avait assez d'espace pour qu'une petite fille puisse s'y mouvoir à son aise. Ayla découvrit à l'entrée une réserve de noisettes pourries et quelques crottes d'écureuil, et en conclut que seuls de petits animaux avaient occupé les lieux. Elle en fit le tour en dansant de joie, ravie de sa découverte. La grotte semblait avoir été
faite sur mesure pour elle.
Elle ressortit et, après avoir contemplé un instant la clairière, escalada la paroi rocheuse jusqu'à une étroite corniche. Au loin, blottie au creux de deux collines, s'étendait la surface miroitante de la mer intérieure.
Tout en bas, elle distingua de minuscules silhouettes près du ruban argenté
de la rivière. Ayla comprit alors qu'elle se trouvait pratiquement audessus de la caverne du clan.
Puis elle s'en fut faire le tour de la clairière. C'était exactement ce qu'elle cherchait. Elle pourrait s'entraîner à la fronde dans le pré, se désaltérer à sa guise, et s'abriter de la pluie dans la petite grotte, o˘
elle pourrait également cacher son arme sans craindre que Creb ou Iza viennent à la découvrir. Et il y avait même des noisettes ! En outre, elle n'aurait plus à redouter l'arrivée inopinée des hommes, qui ne s'aventuraient jamais aussi haut pour chasser. Elle s'élança toute joyeuse vers le ruisseau o˘ elle choisit quelques galets bien ronds pour essayer sa nouvelle fronde.
Dès qu'elle le pouvait, Ayla gagnait sa retraite pour s'entraîner à tirer.
Elle découvrit un accès plus direct, quoique plus escarpé, à sa prairie. Il n'était pas rare qu'elle croise en chemin un mouflon, un chamois ou même un daim farouche en train de paître. Mais les animaux des hauts p‚turages s'habituèrent rapidement à sa présence, et lorsqu'elle arrivait, ils se contentaient de s'éloigner à l'autre bout du pré.
quand elle eut gagné en habileté et que le tir sur cible fixe eut perdu son piquant, elle se donna des objectifs plus difficiles. La fillette écoutait attentivement les conseils que Zoug prodiguait à Vorn, puis les mettait en pratique pour son compte personnel. C'était un jeu pour elle, et elle s'amusa à comparer ses progrès avec ceux du jeune garçon. Mais
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