Le commandant d'Auschwitz parle
inférieurs en nombre.
Les deux crématoires III et IV, de dimensions moins
importantes, devaient être capables, d’après les calculs de la maison
constructrice Topf d’Erfurt, d’incinérer chacune 1 500 corps en
vingt-quatre heures. À la suite du manque de matériaux occasionné par la
guerre, l’administration s’était vue obligée d’économiser ces matériaux en
construisant les crématoires III et IV : c’est pourquoi les chambres
de déshabillage et les chambres à gaz se trouvaient au-dessus du sol et les
fours étaient construits d’une façon plus légère. Mais on s’aperçut bientôt que
pour cette raison, les fours – il y en avait deux dans chacune des quatre
pièces – ne correspondaient pas aux exigences. Au bout de très peu de
temps, on renonça au crématoire III et l’on ne s’en servit plus par la
suite. Quant au crématoire IV, il a fallu arrêter son utilisation à
plusieurs reprises parce que au bout d’un bref laps de temps – quatre à
six semaines d’incinération – les fours ou les cheminées avaient brûlé. On
incinérait généralement les gazés dans les fosses installées derrière le
crématoire.
L’installation provisoire I fut détruite après le début
de la construction du secteur III du camp Birkenau.
L’installation II – par la suite désignée comme
installation en plein air ou comme Bunker V – a fonctionné jusqu’à la
fin ; on s’en servait comme four de remplacement lorsque des pannes se
produisaient dans les crématoires I à IV. La capacité d’incinération du
Bunker V était pratiquement illimitée à l’époque où l’on pouvait encore
brûler les cadavres de jour et de nuit. Mais à cause de l’activité de l’aviation
ennemie, les incinérations nocturnes furent interdites à partir de 1944.
Le chiffre maximum de gazés et d’incinérés en vingt-quatre
heures s’est élevé un peu au-delà de 9 000 dans toutes les installations,
excepté le Bunker III, en été 1944. C’était le moment de « l’action »
hongroise ; à la suite de retards dans les communications ferroviaires, il
nous arrivait cinq trains au lieu des trois attendus en vingt-quatre heures et
les convois étaient tous plus nombreux que d’habitude [132] .
Les crématoires avaient été installés au bout des deux
grands axes du camp Birkenau. On voulait de cette façon éviter un élargissement
encore plus grand du camp, ce qui aurait compliqué les mesures de sécurité. D’autre
part, on voulait que les crématoires ne soient pas trop éloignés du camp parce
que, l’action d’extermination une fois achevée, on pouvait se servir des
chambres de déshabillage et des chambres à gaz pour les douches.
Afin que les regards des passants ne puissent pas plonger
sur les installations, on voulait entourer les édifices d’un mur ou de haies.
Mais on n’en fit rien à cause du manque de matériaux. Provisoirement, tous les
lieux d’extermination étaient protégés uniquement par des palissades.
On avait également projeté de construire une gare sur les
trois voies ferrées entre les secteurs I et II du camp Birkenau et de
prolonger les lignes jusqu’aux crématoires III et IV pour protéger le
déchargement des convois contre les regards des curieux. Mais ce projet fut
également abandonné à cause du manque de matériaux.
Comme le Reichsführer cherchait de plus en plus à accroître
le nombre des détenus dans l’industrie de l’armement, Pohl se vit obligé d’avoir
recours même aux Juifs devenus incapables de travailler. Ordre fut donné de
soigner et de bien nourrir tous les Juifs capables de travailler qui pourraient
guérir en six semaines et être employés de nouveau. Jusqu’alors tous les Juifs
devenus incapables de travailler étaient inclus, pour être gazés, au convoi le
plus proche ; s’ils étaient malades à l’infirmerie [133] , on les tuait
par injections. L’ordre donné par Himmler produisait l’effet d’une galéjade si
l’on tient compte des conditions qui régnaient alors à Auschwitz-Birkenau. Car
nous manquions de tout ; les médicaments faisaient totalement défaut ;
les hommes atteints des plus graves maladies disposaient à peine d’un lit. La
nourriture était complètement insuffisante et le ministère du Ravitaillement
diminuait constamment les rations.
Toutes nos représentations ne servaient à rien : nous
devions essayer de nous débrouiller. Il en résulta dans le camp
Weitere Kostenlose Bücher