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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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l’attitude
des citoyens allemands vis-à-vis des actions du régime, vis-à-vis de leurs
compatriotes juifs ou d’autres catégories de persécutés, à l’information des
citoyens ordinaires, aux actions de résistance et de collaboration. Le tableau
qui en résulta fut pour le moins riche et complexe. On a maintenant tout à fait
abandonné la vision d’un peuple rassemblé, soudé par la propagande et la
terreur autour de leur Führer. Si la société allemande a subi d’indéniables
transformations et si la terreur et la répression ont bien lourdement sévi,
celles-ci furent loin d’être uniformes.
    Implacable en direction des communistes et des socialistes,
la terreur s’exerça aussi dans une moindre mesure contre les prêtres
catholiques, et continûment contre les Juifs et contre quelques autres cibles
du régime, comme les homosexuels, les témoins de Jéhovah, puis les Tziganes et
les « asociaux » ou réputés tels. Mais le citoyen ordinaire en fut
assez bien prémuni. Il subsistait dans la société allemande des marges d’autonomie
qui permettaient aux individus de mener une vie relativement normale, si on
excepte les difficultés matérielles et les contraintes et dangers de la guerre
à partir de 1940. Malheureusement, peu de ces travaux ont été traduits en
français ; on peut le déplorer, notamment en ce qui concerne les travaux
novateurs de Robert Gellately ou de Detlev Peukert, ou encore ceux, plus
anciens, de Ralf Dahrendorf et de Martin Broszat.
    Ces travaux ont sérieusement ébranlé la distinction manichéenne
entre soumission aveugle et résistance héroïque. Si la résistance politique
organisée, décimée par la répression, resta minoritaire et peu efficace, il y
eut cependant des manifestations de refus face à certains actes du régime, qui
furent couronnées de succès : ainsi de l’opposition à l’euthanasie des
malades mentaux menée par M gr  von Galen ou de la résistance
sourde des catholiques à la politique de déchristianisation. Le régime nazi,
tout dictatorial qu’il fut, se gardait de heurter de front une opinion publique
allemande dont il faut bien admettre qu’elle subsista, au moins d’une façon
latente, durant les douze années du régime.
    Quelle a été, dans ces conditions, l’attitude des Allemands
vis-à-vis de leurs concitoyens non « aryens » et, au premier chef,
des Juifs ? Les recherches récentes ont d’abord fait litière du refrain de
1945 : « On ne savait pas. » Selon Eric A. Johnson, entre
un tiers et la moitié (et vraisemblablement un pourcentage supérieur) de la
population jeune et adulte entre 1939 et 1945 était au courant de l’extermination
en cours, au moins sur le front de l’Est, et probablement dans les camps d’extermination [145] . L’information
venait des soldats en permission, des émissions en langue allemande de la BBC,
extrêmement précises et très largement écoutées, des tracts des Alliés largués
par avion.
    Que firent-ils ? Il y eut naturellement des mains
secourables et de grands dévouements individuels, mais dans l’ensemble, rien, à
une exception près sur laquelle on reviendra plus loin. Non seulement les
Allemands laissèrent persécuter, puis déporter, leurs concitoyens juifs, mais
un grand nombre d’entre eux dénoncèrent à la Gestapo qui un voisin, qui un
beau-frère ou une belle-sœur, qui un ami. Au bout du compte, en matière de
surveillance policière intérieure, la population prêta main-forte à une Gestapo
qui n’était pas aussi équipée qu’on pouvait le supposer [146] . Était-elle mue
par un antisémitisme fanatique ?
    La question, pendante depuis 1945, a rebondi en 1996 avec le
retentissant succès médiatique du livre de Daniel Goldhagen, Les Bourreaux
volontaires de Hitler [147] .
L’auteur y prétend que la racine de l’extermination est à chercher dans l’antisémitisme
séculaire des Allemands, dont le racialisme hitlérien n’est qu’un ultime
avatar. Chose étonnante, le livre eut un incroyable succès en Allemagne même. L’étonnement
est encore plus grand quand on sait que toute la communauté scientifique s’inscrit
en faux contre la thèse de Goldhagen. L’antisémitisme n’était ni plus répandu,
ni plus intense en Allemagne qu’il ne l’était ailleurs en Europe, et
probablement bien moins que dans sa partie orientale. L’adhésion au
national-socialisme ne se fit pas sur cet aspect du programme, et d’ailleurs la
première

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