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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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justifiés. En réalité, j’avais reçu une invitation
directe du commandant de Sachsenhausen : celui-ci avait appris à me
connaître à Dachau, où il était Schutzhaftlagerführer et il savait que je n’y
aurais désormais que des ennuis parce que je l’avais servi loyalement.
    Loritz était d’avis qu’il fallait prendre des mesures
énergiques pour rétablir rapidement la discipline, chez les SS comme chez les
internés. Eicke et les autres chefs supérieurs n’étaient que trop contents d’avoir
trouvé un homme à poigne. Mais il lui fallait un collaborateur qui partageât
entièrement ses idées. Aussi voulait-il se défaire de moi : il avait déjà
un candidat tout prêt pour me remplacer, son adjoint Suhren, futur commandant
de Ravensbrück. Au moment où l’inspection générale allait procéder à l’organisation
du camp d’Auschwitz, il ne tarda pas à proposer ma candidature comme chef de ce
camp. C’est ainsi que je devins, d’une façon assez inattendue, l’organisateur
de ce nouveau camp de « quarantaine [52]  ».
À Auschwitz
    L’emplacement du camp était très éloigné, quelque part en
Pologne [53] .
Un vaste champ d’activité s’y ouvrait pour l’inspection générale des camps de
concentration : elle y avait toute liberté d’action.
    Pour ma part, je n’avais pas compté accéder si rapidement au
poste de commandant. Il y avait quelques autres vieux Schutzhaftlagerführer qui
espéraient depuis longtemps une promotion de cet ordre. La tâche qui m’incombait
désormais n’était guère facile. Il s’agissait de transformer dans les délais les
plus brefs un camp dont les bâtiments étaient assez bien construits [54] mais se
trouvaient dans un état de complet délabrement et qui grouillaient de vermine,
en un ensemble susceptible d’assurer le séjour ou le passage de dix mille
internés. Du point de vue de l’hygiène, tout faisait défaut. En quittant
Oranienburg, j’avais reçu, en guise de viatique, des instructions dont le sens
était suffisamment précis ; je ne devais compter sur aucune aide
extérieure et essayer de me débrouiller sur place ; en Pologne on pouvait
trouver encore pas mal de choses dont on manquait depuis des années en
Allemagne. Or, il est beaucoup plus facile de construire un camp tout neuf que
de rendre utilisable un agglomérat de maisons et de baraquements inadaptés aux
besoins d’un camp de concentration, et ceci sans procéder à de grands travaux
de construction. Tout devait être achevé le plus rapidement possible. Je venais
à peine d’arriver à Auschwitz que les autorités policières de Breslau me
demandaient déjà à quelle date je pourrais recevoir les premiers convois de
prisonniers.
    J’avais immédiatement compris qu’il fallait pour rendre
Auschwitz tant soit peu utilisable pouvoir compter sur le travail inlassable et
acharné de tous, en commençant par le commandant lui-même jusqu’au dernier
prisonnier [55] .
    Si je voulais donc atteler tout le monde à cette besogne
écrasante, il fallait rompre avec toutes les coutumes et méthodes devenues
traditionnelles dans les camps de concentration. Si je voulais exiger de mes
collaborateurs et de mes hommes un effort maximum, je devais leur donner le bon
exemple.
    C’est en m’inspirant de ces principes que je débutait à Auschwitz.
Je quittais mon lit à l’heure où l’on réveillait les SS. J’étais déjà en route
lorsque ceux-ci commençaient leur service. C’est seulement tard dans la soirée
que je trouvais un repos relatif, car une nuit s’écoulait rarement sans que je
fusse réveillé par des coups de téléphone annonçant tel ou tel incident.
    Mais, pour obtenir des internés un travail efficace, il
était indispensable de les traiter mieux qu’il n’était d’usage dans les autres
camps de concentration. Je nourrissais l’espoir que je parviendrais à leur
assurer un meilleur gîte et une meilleure nourriture : tous les défauts d’organisation
que j’avais pu constater ailleurs devaient être éliminés. Si j’y parvenais, je
serais en mesure d’exiger des internés une participation volontaire à mon
travail de reconstruction, et un rendement maximum.
    Dès le premier mois, ou plus exactement dès les premières
semaines, je m’aperçus qu’il fallait déchanter. La meilleure volonté, les
intentions les plus arrêtées devaient se briser inexorablement par suite des
défaillances humaines et de l’obstination de la majorité

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