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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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des officiers et des
hommes placés sous mes ordres. Je n’épargnais aucun moyen pour convaincre mes
collaborateurs du bien-fondé de mes intentions et pour leur expliquer que la
seule façon d’accomplir notre tâche était de mettre tous ensemble la main à la
pâte.
    Tous mes efforts devaient rester vains. Les « vieux »
qui avaient été dressés pendant des années par Eicke, Koch et Loritz, s’étaient
imprégnés de leurs méthodes et, avec la meilleure volonté du monde, ils n’auraient
pu renoncer aux procédés dont ils avaient pris l’habitude dans les autres camps
de concentration. Quant aux novices, ils s’instruisaient très vite auprès des
vieux, mais cet enseignement n’était pas des meilleurs.
    J’échouai également dans mes efforts pour obtenir de l’inspection
générale des camps de concentration un petit nombre d’officiers et de
sous-officiers qui auraient pu m’être utiles à Auschwitz. L’administration ne
voulait rien entendre. Il en était de même en ce qui concerne les prisonniers
appelés à des postes de confiance. Le Rapportführer Palitzsch avait été chargé
de choisir pour cette tâche, à Sachsenhausen, une trentaine d’hommes de toutes
les professions, tous condamnés de droit commun, parce que l’administration se
refusait à rendre des internés politiques disponibles pour Auschwitz.
    Sur cette trentaine d’hommes, il y en avait à peine dix qui
pussent me convenir. Palitzsch les avait sélectionnés d’après ses propres
critères ; il avait jeté son dévolu sur ceux qui lui paraissaient capables
de traiter les internés selon les usages établis. Fidèle à ses convictions, il
ne pouvait guère agir autrement [56] .
    C’est ainsi que toute la charpente de l’organisation
intérieure du camp devenait défectueuse. Dès le début, les hommes furent formés
selon des principes dont l’influence néfaste allait se manifester par la suite
de façon éclatante.
    Peut-être aurait-on pu les tenir en main si mes deux
collaborateurs immédiats (le Schutzhaftlagerführer et le Rapportführer) s’étaient
soumis à ma volonté et s’étaient laissés imprégner de mes idées. Or, ils ne le
voulaient ni ne le pouvaient : leur esprit borné, leur obstination, leur
cruauté et, en premier lieu, leur désir de s’épargner des complications
inutiles, constituaient un obstacle insurmontable. Les individus qu’on leur
avait choisis comme hommes de confiance étaient exactement de l’espèce qui leur
convenait.
    Dans chaque camp de concentration, c’est le Schutzhaftlagerführer
qui est le maître véritable. Certes, la volonté du commandant laisse son
empreinte sur l’organisation théorique de la vie des internés ; le
commandant donne ses directives et reste en définitive responsable de tout.
Mais le pouvoir effectif appartient en réalité au Schutzhaftlagerführer, sinon
au Rapportführer [57] ,
dans le cas où ce dernier possède plus de volonté et d’intelligence. Le
commandant a beau donner des ordres destinés à organiser la vie des internés, c’est
de ces deux hommes que dépend toute la vie du camp : le commandant est
entièrement tributaire de leur bonne volonté et de leur compréhension. Il n’a à
sa disposition qu’un seul moyen pour s’assurer de l’exécution de ses ordres, c’est
de s’en charger lui-même.
    Pour le colonel d’un régiment, c’est déjà une tâche fort
ardue de veiller à ce que ses ordres, tels qu’il les conçoit, soient exécutés
dans tous les détails par tous, jusqu’à la dernière unité, même s’il s’agit des
besognes quotidiennes. Combien plus difficile cette tâche n’apparaît-elle pas
pour le commandant d’un camp qui doit donner des ordres de la plus haute
importance, souvent mal compris, dont l’exécution est presque toujours
incontrôlable ! Le prestige et la nécessité de maintenir la discipline ne
permettent pas au commandant de questionner les internés sur leurs chefs SS, en
dehors de cas exceptionnels, par exemple s’il s’agit d’un crime. Et même alors,
le prisonnier ne donne jamais qu’une réponse évasive ou affirme son ignorance totale,
par crainte de représailles.
    J’avais suffisamment appris tout cela en exerçant mes
diverses fonctions à Dachau et à Sachsenhausen. Je savais combien il était
facile aux administrateurs d’un camp de donner n’importe quelle interprétation
aux ordres du commandant et même d’agir exactement en sens contraire, sans

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