Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
Vom Netzwerk:
lui
causer une grande déception. Il avait sept enfants qui, dès qu’ils avaient
atteint l’âge de raison, poursuivaient tous énergiquement son œuvre aux côtés
de leur mère. Mais l’une des filles rompit les liens. Elle voulait à tout prix
épouser un officier de marine qui appartenait à une autre secte. Niemöller s’efforça
en vain de l’en dissuader ; ayant reçu l’autorisation de la voir, il lui
opposa tous les arguments possibles, mais ne put empêcher son mariage.
    En 1941, lorsque le Reichsführer donna l’ordre de rassembler
à Dachau tous les internés ecclésiastiques [47] ,
Niemöller y fut transféré avec les autres. J’ai eu l’occasion de le voir en 1944.
Il jouissait d’une liberté de mouvements encore plus grande et occupait une
cellule avec Wurm, l’ancien évêque évangélique de Poznan. On le traitait avec
tous les égards ; du point de vue matériel, il ne manquait de rien. Aussi
son état physique n’a-t-il guère été affecté par ses longues années d’internement…
    Tandis qu’à Dachau l’élément prédominant était constitué par
les « rouges » (les internés politiques), c’étaient les « verts »
(les criminels de droit commun, les asociaux) qui formaient la majorité des
prisonniers de Sachsenhausen [48] .
Toute l’atmosphère du camp s’en ressentait, bien qu’on eût confié les fonctions
essentielles aux internés politiques. L’esprit de corps tel que je l’avais
connu parmi les prisonniers de Dachau faisait complètement défaut. Les deux
camps, rouge et vert, se combattaient violemment ; c’était tout à l’avantage
de l’administration qui tirait bénéfice de cette situation.
    Les évasions étaient relativement plus nombreuses à
Sachsenhausen qu’à Dachau. Elles étaient surtout organisées et exécutées avec
beaucoup plus de soin et de minutie.
    Une évasion à Dachau mettait chaque fois tout le camp en
émoi. Mais à Sachsenhausen, où les bureaux d’Eicke se trouvaient à proximité,
elle prenait figure d’événement extraordinaire. S’il se trouvait chez lui, à
Oranienburg, Eicke accourait au camp au son de la sirène. Il voulait connaître
sur-le-champ les moindres détails de l’évasion et établir la responsabilité de
ceux qui s’étaient rendus coupables d’inattention ou de négligence. Lorsqu’il y
avait des indices prouvant que l’évadé se trouvait encore à proximité, une
chaîne de sentinelles était postée sur un vaste terrain autour du camp et
maintenue sur place pendant deux ou trois jours. Jour et nuit on procédait à
des recherches et à des fouilles : on ne laissait pas souffler le
commandant, le chef de la garde du camp et les Führer de service. Eicke était d’avis
qu’aucune évasion ne devait réussir. En maintenant les sentinelles, on
parvenait effectivement dans la plupart des cas à retrouver l’évadé dans sa
cachette ou dans l’abri qu’il s’était creusé. Mais quelle calamité c’était pour
le camp tout entier ! Les internés devaient rester debout jusqu’à la
première relève des sentinelles, parfois pendant seize ou vingt heures sans
interruption. Tant que les recherches se poursuivaient il était interdit de les
faire travailler : seules les activités essentielles pour l’existence du
camp étaient maintenues. Lorsque l’évadé avait réussi à franchir la chaîne des
sentinelles ou lorsqu’il s’était enfui d’un commando qui travaillait au-dehors,
on mettait sur pied un immense appareil pour s’emparer de lui. Tous les SS et
tous les policiers disponibles des environs devaient participer à cette tâche.
On surveillait les chemins de fer et les routes. Des gendarmes motorisés,
dirigés par radio, sillonnaient les chaussées et les sentiers. On installait
des sentinelles sur les ponts de tous les cours d’eau, particulièrement
nombreux aux environs d’Oranienburg. On prévenait les habitants des fermes
isolées ; la plupart d’entre eux étaient déjà renseignés par les
hurlements de la sirène. Ils savaient d’ailleurs que la majorité des internés
étaient des professionnels du crime et ils avaient donc toutes raisons de les
craindre. Dès qu’ils découvraient leurs traces, ils en avisaient les
patrouilles ou l’administration du camp. C’est ainsi qu’avec l’aide de la
population on a réussi à mettre la main sur quelques fuyards. Dès que l’un de
ceux-ci était retrouvé, on mettait tous les internés en rang et on le

Weitere Kostenlose Bücher