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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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se heurta à
des pêcheurs qui reconnurent de loin son bateau. Convaincus qu’ils avaient
affaire à un voleur, ils se lancèrent à sa poursuite et le livrèrent aux
autorités de Warnemünde.
    Un autre criminel, originaire de Berlin et peintre en
bâtiment, travaillait dans les maisons des SS qui se trouvaient à l’intérieur
de l’enceinte du camp. Il avait une liaison avec la domestique du médecin qui
logeait dans ces baraquements et venait fréquemment dans la maison où il y
avait toujours quelque chose à faire. Ni le médecin ni sa femme n’avaient
remarqué l’intimité qui s’était établie entre leur servante et l’interné. À un
moment donné, les deux époux s’étaient absentés pour quelques jours et avaient
donné congé à la jeune personne : c’était le moment ou jamais d’agir.
Après avoir constaté le départ des maîtres, l’interné pénétra dans la cave par
une fenêtre que la jeune fille avait laissée entrouverte. Il monta dans la
maison et se cacha sous le toit. Ayant fait un trou dans la paroi en bois, il
pouvait observer les sentinelles et une grande partie du camp des SS. En
ouvrant les armoires il se procura des vivres, des boissons et un revolver.
Lorsqu’il entendit le hurlement de la sirène, il revint dans son réduit, plaça
un gros meuble devant le mur et se mit à attendre.
    En cas d’évasion, on fouillait l’enclos des SS comme tout le
reste du camp. Dès le premier jour, je me rendis moi-même dans la maison où l’homme
se cachait : étant inhabitée à ce moment-là, elle m’avait paru suspecte.
Naturellement, je ne découvris rien, même pas dans la chambre où l’homme, armé
d’un revolver, se terrait derrière la paroi. Il m’a avoué par la suite qu’il
aurait certainement tiré si on l’avait découvert. Il voulait à tout prix
recouvrer sa liberté car il venait d’être dénoncé par un autre interné
homosexuel qui le jalousait et qui était son complice dans un assassinat commis
de longues années auparavant : l’instruction était déjà en cours. Les
postes de sentinelles furent maintenus pendant quatre jours. Le cinquième jour,
notre homme sortit de sa cachette et prit le train pour Berlin. Il avait revêtu
les meilleurs vêtements du médecin et s’était bien nourri pendant les jours
précédents : des bouteilles de liqueur et de vin laissées vides en
témoignaient. Pour comble d’audace, il avait emporté avec lui deux grandes
valises remplies d’argent, de linge, d’appareils photographiques et autres
objets de valeur, tous choisis avec beaucoup de soin. Au bout de quelques jours
et par le plus grand des hasards, il fut repéré par une patrouille berlinoise
dans un obscur débit de boisson de Berlin au moment même où il essayait de se
défaire contre espèces sonnantes des restes de son butin.
    La jeune fille avec laquelle il avait déjà fixé un
rendez-vous fut expédiée au camp de Ravensbrück. Le plus étonné de tous était
le médecin : il ne s’attendait pas, en entrant chez lui, à trouver sa
maison dans un complet désordre. Eicke voulait engager des poursuites contre
lui, parce qu’il avait détenu un revolver ; il dut renoncer à ce projet en
apprenant que le praticien engagerait contre lui une action en dommages.
    Ces trois exemples me semblent suffisants pour servir de conclusion
aux impressions variées et pittoresques que j’ai pu recueillir pendant mon
service à Sachsenhausen.
    Si mes souvenirs sont exacts, c’est vers la Noël 1939
qu’on m’avait promu « Schutzhaftlagerführer [50]  » de ce
camp. En janvier 1940, le Reichsführer vint nous faire une
visite-surprise. Peu de temps après le commandant du camp fut remplacé par un
nouveau venu, Loritz. Le Reichsführer avait cru constater que la discipline s’était
relâchée à Sachsenhausen, et Loritz était appelé à la rétablir. L’homme avait
certainement les qualités requises pour cette tâche : j’avais déjà eu l’occasion
d’apprécier ses méthodes expéditives en 1936 lorsque j’étais Rapportführer à
Dachau.
    Une période fort désagréable allait commencer pour moi.
Loritz me poursuivit sans relâche. Très rancunier, il ne pouvait me pardonner d’avoir
accepté, en 1938, lorsque je quittai Dachau, le poste d’adjoint auprès de son
pire ennemi, le chef de camp de Sachsenhausen [51] .
Il croyait que j’avais obtenu ce déplacement en intriguant derrière son dos.
Ses soupçons n’étaient guère

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