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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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d’entre
eux entretenaient des rapports suivis avec les instructrices [88] « vertes » :
toujours occupés dans le camp des femmes, rien n’était plus facile pour eux que
de parvenir à leurs fins.
    En guise de distraction, ils lâchaient parfois les chiens
sur les prisonnières. Si on les surprenait, ils avaient toujours une excuse :
les chiens avaient rompu leur laisse ou ils s’étaient jetés spontanément sur
une femme dont l’attitude suspecte avait éveillé leur attention. Par ailleurs
le règlement leur prescrivait de poursuivre quotidiennement le dressage de leur
chien.
    Désireuse de s’épargner la formation, par trop difficile, de
nouveaux cadres de Hundeführer, l’administration avait prescrit de les renvoyer
dans le seul cas où ils maltraiteraient ou négligeraient leur chien ou encore s’ils
se rendaient coupables de fautes graves entraînant des poursuites judiciaires.
Leur conduite plongeait dans le désespoir le préposé aux chiens, un vieil
adjudant de police qui, depuis plus de vingt-cinq ans, vivait au milieu de ces
bêtes. Mais les hommes savaient qu’ils ne risquaient rien parce qu’il était
difficile de leur trouver des remplaçants. Un chef d’unité énergique aurait
facilement pu ramener à la raison toute cette horde, mais personne ne s’en
donnait la peine : ces messieurs se disaient accaparés par d’autres tâches
beaucoup plus importantes. Je ne saurais dire combien de discussions pénibles j’ai
eues à ce propos avec le chef du régiment SS auquel je venais exposer mes
griefs. Glücks [89] prétendait que je faisais preuve d’une compréhension insuffisante des tâches
qui incombaient à un officier supérieur et je n’ai jamais pu obtenir de lui le
renvoi immédiat des Hundeführer qui s’étaient rendus vraiment impossibles dans
le camp. Beaucoup de malheurs auraient pu être évités si Glücks m’avait traité
d’une façon différente.
    À mesure que la guerre se prolongeait, Himmler tenait de
plus en plus à remplacer les forces de surveillance par des moyens mécaniques,
tels que des chicanes de fils de fer barbelés facilement déplaçables, des
rangées de fils de fer traversés de courant électrique sur les chantiers
permanents et même des champs de mines. Il promettait un avancement rapide aux
commandants de camp qui parviendraient à inventer une méthode de surveillance
vraiment efficace permettant de diminuer le nombre des sentinelles, mais cela n’a
rien donné.
    Dans son esprit, il fallait dresser les chiens de telle
façon qu’ils deviennent capables d’empêcher toute fuite des détenues en courant
constamment autour d’elles, comme si elles étaient un troupeau de moutons. Une
seule sentinelle ayant à sa disposition plusieurs chiens devrait être à même de
surveiller une bonne centaine de prisonnières. Mais des essais entrepris dans
ce sens ne donnèrent aucun résultat. Les hommes ne sont pas des bêtes et les
chiens sont toujours des animaux : on a beau les dresser contre les
détenus, leur inculquer le respect de l’uniforme et la notion de la distance
au-delà de laquelle personne ne doit les approcher ou s’éloigner du chantier,
les réflexes humains leur restent étrangers. Si les détenus voulaient les
tromper, il leur suffisait d’attirer l’attention de ces chiens en un lieu donné :
aussitôt un vaste secteur restait sans surveillance et devenait utilisable pour
une évasion.
    De toute façon, les chiens auraient été incapables d’empêcher
une fuite générale. Certes, ils auraient pu mettre à mal dans un cas pareil
quelques-unes des détenues ; mais les autres les auraient abattus ainsi
que leur « berger ».
    Himmler songeait aussi à remplacer par des chiens les sentinelles
installées sur le mirador. Les chiens devraient courir en groupes entre deux
rangées de fils de fer barbelés autour du camp ou du chantier permanent ;
si des prisonniers approchaient d’eux, ils se mettraient à aboyer et
empêcheraient ainsi le passage à travers l’obstacle. Là encore ce fut un échec.
Les chiens s’endormaient ou se laissaient tromper ; lorsque le vent était
contraire, ils ne s’apercevaient de rien du tout ou alors le poste d’écoute n’entendait
pas leurs aboiements.
    La pose des mines était aussi une entreprise hasardeuse. Il
s’agissait de les installer à des endroits très précis et de noter cet
emplacement sur un plan de façon non moins précise, parce qu’elles

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