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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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jamais
pris directement pour cible un camp de concentration ou plus exactement un camp
« de détention préventive ». Mais les détenus étaient employés
partout où se trouvaient d’importantes usines d’armement et ils tombaient
exactement comme la population civile.
    À partir du moment où l’offensive aérienne fut renforcée en
1944, il ne se passa plus un jour sans que l’on nous annonçât des victimes dans
un camp. Je ne saurais indiquer leur chiffre exact même approximativement. Mais
ils se comptent par milliers. J’ai assisté moi-même à de très nombreuses
attaques aériennes et généralement pas dans les abris destinés aux « héros
de l’arrière ». C’étaient des attaques d’une violence inouïe, dirigées
contre les usines où travaillaient les détenus. J’ai vu comment ceux-ci se
conduisaient, comment ils mouraient à côté des sentinelles, souvent abritées
dans le même trou.
    J’ai vu des détenus donner des soins à des sentinelles
blessées et les emporter. Pendant ces raids violents, toutes les différences s’effaçaient :
il n’y avait plus de surveillants et de surveillés, il n’y avait que des êtres
humains qui cherchaient à échapper à la pluie de bombes [109] .
    Pour ma part, j’en suis sorti indemne quoiqu’il me soit
arrivé d’être enseveli sous les décombres. J’ai été témoin d’innombrables raids
aériens ; j’ai vu Hambourg, Brême et surtout Berlin arrosés par les
bombes. À Vienne, j’ai échappé par miracle à une mort certaine. Au cours d’une
tournée d’inspection, mon train a été attaqué par des avions en piqué. Combien
de fois la direction de la Sécurité et la direction de la Main-d’œuvre n’ont-elles
pas été atteintes par les bombes. Les dégâts furent chaque fois rapidement
réparés ; ni Müller, ni Pohl ne voulaient se laisser déloger. Notre pays,
ou tout au moins ses villes les plus importantes, se trouvaient désormais sur
la ligne de front. Le nombre total des victimes de la guerre aérienne ne sera
jamais établi : à mon avis il doit s’élever à plusieurs millions, mais les
chiffres étaient tenus rigoureusement secrets et nous ne les connaissions pas [110] .
    On m’a toujours accusé de ne pas avoir refusé d’exécuter les
ordres d’extermination et d’avoir participé à cet horrible massacre de femmes
et d’enfants. Ma réponse, je l’ai déjà donnée devant le tribunal de Nuremberg :
que serait-il arrivé à un chef d’escadrille qui aurait refusé de diriger l’attaque
sur une ville parce qu’il savait pertinemment qu’aucune entreprise d’armement,
aucune installation militaire importante ne s’y trouvait et que ces bombes
frapperaient avant tout des femmes et des enfants ? De toute évidence on l’aurait
traduit devant un conseil de guerre. On n’a pas voulu admettre cette
comparaison mais je maintiens que les deux situations sont identiques. J’étais
un soldat, un officier, tout comme l’autre. Aujourd’hui, on prétend que les
Waffen-SS n’étaient pas des militaires, qu’ils constituaient une espèce de
milice du parti. En réalité, nous étions des soldats, exactement comme ceux des
trois armes de la Wehrmacht.
    Ces raids aériens incessants représentaient une lourde
épreuve pour la population civile et en premier lieu pour les femmes, car les
enfants avaient été envoyés au loin, dans des régions montagneuses soustraites
à la menace des avions. L’épreuve n’était pas seulement d’ordre physique, mais
aussi d’ordre moral, car toute la vie des grandes villes se trouvait
bouleversée. Celui qui a pu observer l’attitude et la physionomie des gens
réfugiés dans les abris, privés ou publics, se souviendra toujours de l’agitation,
de l’angoisse mortelle qui s’emparaient d’eux aux approches du « tapis de
bombes », quand l’édifice s’ébranlait et s’effondrait et que les femmes
hurlaient en cherchant protection auprès des hommes.
    Les Berlinois eux-mêmes, dotés d’une force de résistance peu
commune, se sentaient épuisés à la longue par ces alertes, par ces courses dans
les caves de jour et de nuit.
    De toute façon, le peuple allemand n’aurait pas supporté
longtemps l’épreuve morale de cette guerre des nerfs…
    Pour en revenir à l’activité du bureau D, je voudrais
encore répondre à la question suivante : les camps de concentration
auraient-ils pu être réorganisés d’une façon différente par un autre

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