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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rudolf Hoess
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inspecteur ?
    Je ne le crois pas. L’homme le plus énergique et le plus
autoritaire n’aurait pu se soustraire aux conséquences de l’état de guerre et à
la volonté implacable d’Himmler. Aucun Führer SS n’aurait osé contrecarrer les
intentions du Reichsführer ou contrevenir à ces ordres. Même un fonctionnaire
haut placé comme Eicke, qui ne manquait pas de volonté et qui avait créé et
organisé les camps, a toujours senti se profiler derrière lui l’ombre d’Himmler.
    C’est Himmler, et lui seul, qui, au cours de la guerre, a
fixé l’aspect définitif des camps de concentration. Lui seul donnait des ordres
au service de Sécurité, lui seul en avait le droit.
    Le service de Sécurité lui-même n’était qu’un organe d’exécution.
J’ai la ferme conviction que pas une seule de ses actions les plus importantes
n’a pu être entreprise sans le consentement du Reichsführer. Dans la plupart
des cas, c’est à lui qu’appartenaient l’impulsion, l’initiative : les SS
dans leur ensemble n’étaient qu’un instrument entre ses mains. C’est seulement
à partir de 1944, quand se dessinait la défaite, qu’il a eu affaire à plus
forte partie.
    Pendant mes tournées d’inspection dans les usines où étaient
employés des détenus, j’ai pu acquérir quelques notions sur l’état de notre
industrie d’armement. J’ai pu constater maintes choses qui me plongeaient dans
un profond étonnement, et les chefs d’entreprise m’en donnaient confirmation. C’était
en premier lieu l’état des constructions aéronautiques qui me paraissait
inquiétant. Je me suis laissé raconter par Maurer, visiteur assidu du ministère
de l’Armement, qu’il y avait des pannes, des retards irréparables, des
commandes mal conçues, des projets de réorganisation qui auraient exigé de
longs mois. Je savais qu’on avait procédé à l’arrestation et même à l’exécution
de chefs d’entreprise bien connus qui ne s’étaient pas montrés à la hauteur de
leur tâche. Tout cela me faisait réfléchir.
    Les porte-paroles du gouvernement nous annonçaient constamment
de nouvelles inventions, de nouvelles armes, mais on ne s’en apercevait
nullement dans le déroulement de la guerre. Malgré l’introduction de nouveaux
avions de chasse, les raids ennemis devenaient de plus en plus meurtriers. Il
aurait fallu disposer de dizaines d’escadrilles de chasse pour s’opposer
efficacement aux attaques de deux mille ou deux mille cinq cents bombardiers
ennemis du type le plus lourd.
    Nos nouvelles armes demeuraient plutôt à l’état de « projets »
et d’« essais ». Mais, pour gagner la guerre, il aurait fallu
organiser l’industrie d’armement d’une toute autre façon. À peine une usine
commençait-elle à travailler à plein rendement qu’un bombardement la rasait
entièrement. Ce n’est guère avant 1946 qu’on pouvait espérer l’installation
souterraine des entreprises dont le travail « devait décider de la
victoire », et même cela n’aurait servi à rien parce que l’action des
aviateurs ennemis aurait entravé comme par le passé l’arrivée des matières
premières et le départ des produits finis. Le meilleur exemple était fourni par
les usines souterraines de Mittelbau.
    Les bombardiers détruisaient les voies ferrées conduisant
vers les montagnes où l’on avait creusé les usines. Un travail auquel on avait
consacré des mois n’aboutissait à rien. Les lourdes fusées V1 et V2
restaient enfouies dans les montagnes. À peine avait-on rétabli des rails de
fortune que l’ennemi les détruisait une fois de plus.
    Telle était la situation générale vers la fin de 1944. On « ramenait »
tout le temps le front est : le soldat allemand n’y tenait plus tête à l’adversaire.
Le front ouest était repoussé, lui aussi.
    Mais le Führer affirmait qu’il fallait tenir à tout prix.
Par ses discours et ses écrits, Goebbels cherchait à nous inspirer la foi dans
le miracle : l’Allemagne vaincra.
    Pour ma part, j’éprouvais de plus en plus de doutes. J’avais
vu trop de choses qui me faisaient conclure que nous ne gagnerions jamais la
guerre de cette façon-là. Mais il ne m’était pas permis de renoncer à ma foi en
la victoire finale. Le sens commun me disait que nous perdrions la guerre mais
mon cœur restait attaché au Führer et à la conviction que nous ne pouvions pas
perdre.
    Au cours du printemps 1945, c’est-à-dire à une

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