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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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par le Roy,
    Il est ordonné au sieur Langodin de Lestrape d'arrêter
    et de conduire au Châtelet le nommé Tuboeuf, de le
    recevoir et de le garder jusqu'à nouvel ordre.
    Aux armées
    Fait le 31 janvier 1693
    Louis
    La lettre, ainsi que le voulait l'usage, était contresignée par un ministre.
    — La chose est impossible, c'est une erreur!... J'ai prêté de l'argent au roi!... Oui, car j'ai des millions, messieurs, et cela vous intéresse peut-être?
    Tuboeuf, plein d'espoir, scruta l'officier et ses hommes. Les visages de bois n'encourageaient guère à poursuivre mais cela n'arrêta pas le financier qui reprit :
    — Allons, c'est pourtant simple : vous ne m'avez point trouvé. Avant que cette nouvelle ne parvienne en Flandres, je serai loin car il ne me faut pour fuir que quelques heures, non, une journée. Oui, une journée car je suis médiocre cavalier et préfère un bon carrosse... Eh bien, que diriez-vous de 10 000 livres chacun?
    Les quatre soldats, dans le dos de leur officier, échangèrent des regards et des signes d'approbation de sorte que Tuboeuf pensa avoir gagné.
    Restait le jeune lieutenant au visage dur et buté. Observateur, Tuboeuf remarqua au doigt de l'officier une bague à armoiries. Sans doute un cadet d'une grande famille, respectueux des traditions mais pauvre. L'amant de Mme d'Ey reprit :
    — 10 000 livres pour chaque homme et, bien entendu, davantage pour l'officier.
    Gêné du regard froid du lieutenant, Tuboeuf poursuivit d'une voix chaude :
    — On est jeune, on a de gros besoins et c'est bien naturel! Ah, les femmes, mon Dieu ! L'avenir n'est pas aux meilleures couleurs lorsqu'on n'a pas la chance d'être l'aîné. Aussi, il faut compenser cela. Eh bien, que diriez-vous de 100 000 livres ?
    Le lieutenant se tourna vers ses hommes :
    — Qu'on lui mette la poire d'angoisse 1 !
    Après une brève hésitation, les soldats se jetèrent sur le baron pour exécuter les ordres.
    ***
    Lydie de Mesnay, marquise d'Ey, s'étira et regarda paresseusement le lieutenant, un officier dans la cinquantaine, le regard intelligent, assez séduisant, que flanquaient quatre soldats.
    À dessein, elle jeta un regard désinvolte à la lettre de cachet, puis :
    — C'est bien, messieurs, mais je dois m'habiller. Cependant, vous ne me dérangez point.
    En fait d'habiller, c'est à un déshabillage complet auquel se livra la jolie marquise, agissant comme si elle se trouvait seule en la pièce.
    Nue, les seins en forme de globes pointés, les fesses rebondies, elle peigna ses longs cheveux blonds devant un miroir puis, posant la brosse, elle regarda les cinq hommes au bord de l'explosion et, l'air soudain boudeur, prenant une voix de petite fille :
    — Oh, mais j'y pense : si vous me mettez en prison, je n'aurai plus de liberté, et plus d'hommes... Moi qui les aime tant!
    Les cinq militaires, compatissants, hochèrent la tête avec un bel ensemble. Elle reprit:
    — Une privation qui durera plusieurs mois, peut-être, et qui sait : toute une année!
    Elle allait de long en large en se déhanchant, montrant ses formes généreuses sous le jour le plus avantageux. En jouant cette carte, elle savait qu'elle risquait de provoquer un viol collectif, donc un scandale qu'on pourrait étouffer en négociant l'annulation de la procédure. C'était habile mais n'évitait pas la prison pour les heures à venir, perspective tout à fait insupportable.
    Elle choisit donc une autre solution et s'approcha de l'officier dont l'haleine parfumée aux dragées de cannelle la surprit agréablement :
    — Ah, monsieur, puisque les circonstances sont telles que vous me voyez nue, dites-moi au moins cela car je ne sais que penser: on me prétend fessue et dodue, est-ce là pour vous chose affreuse ou au contraire tentante?
    L'officier, pas dupe, lui sourit :
    — Madame, passeriez-vous en si simple appareil devant un cimetière, on serait assourdi par le bruit des vits cognant contre les couvercles des cercueils car vous feriez bander les morts.

    Elle lui trouva de l'esprit :
    — Et vous, monsieur, bandez-vous ?
    — Madame, étant un officier en mission, je n'ai pas le droit de bander sans offenser mon roi. Mais par ailleurs, la braguette d'un soldat français doit toujours être prête à faire feu, sauf à être la honte de l'armée et le déshonneur du royaume si bien qu'en cette contradiction, je ne sais plus où j'en suis et vous prie, madame, de vérifier par vous-même.
    Pour ce faire, elle se mit à genoux et

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