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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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une patte en l'air. Dans un cliquetis infernal, cent sabres sortaient des fourreaux tandis qu'en l'autre main des cavaliers apparaissaient comme par sorcellerie pistolets, haches, couteaux, poignards, grenades, becs de corbin, hachoirs à viande, stylets, crocs d'acier, serpes, pioches, pics, tessons de bouteilles et d'autres armes toutes plus horribles et inattendues les unes que les autres.
    Cependant, ce qui ravit follement Louis le Quatorzième fut que toutes ces armes tenaient en respect près de 350 courtisanes et courtisans mais que pas une, pas la moindre, ne le visait, ne le menaçait. Pour tout cela, cette promptitude qui lui fit songer à la foudre et l'extraordinaire précision dont il résultait que pas un de ces cent hommes ne s'était trompé de cible, le roi eut furieusement envie de serrer Bamberg contre son coeur.

    Dans le silence intenable qui suivit, les courtisanes et courtisans terrorisés par ces armes qui les tenaient en respect découvrirent des visages durs dont certains brûlés, couturés de balafres et de cicatrices, plusieurs borgnes, l'un sans lèvres et l'autre sans nez, plusieurs beaux comme des anges puis, au milieu de cette tension extrême, alors qu'on redoutait une formidable explosion de violence, on entendit bientôt la voix de fausset du jeune marquis de Mennetot :
    — Ah faites excuse, mille pardons mais j'ai perdu mon épée. C'est que je n'en ai point l'habitude, des épées...
    Venant des derniers rangs des terribles dragons puis gagnant toute la troupe, on entendit un formidable rire.
    Le pistolet encore braqué sur Mennetot, Tancrède de Montigny, duc de Bamberg et lieutenant-colonel commandant ceux des Opérations Spéciales, faisait des efforts désespérés pour ne point rire car le roi le regardait. Le teint rouge pivoine, les larmes aux yeux, le nez froncé comme un enfant, il résistait héroïquement mais le monarque, n'y tenant plus lui aussi, partit à son tour d'un grand rire qui gagna les courtisans.
    Ce rire, pour les gens de Cour, désarmait le caractère angoissant du défilé de cette troupe étrange, mi-diables grimaçants, mi-Adonis.
    Toute autre était sa signification symbolique pour les dragons qui, se trouvant à l'intérieur du phénomène et à l'initiative de la chose, prenaient l'ascendant sur les très puissants gens de Cour. Et le savaient.
    Le roi, lui, vivait cela d'une autre façon encore, et que n'eût sans doute pas approuve Bamberg qui l'eût trouvée trop sommaire. Il aimait la guerre, les soldats, les baisers furtifs à la mort et, même si son corps fatigué le poussait de plus en plus à préférer le luxe de Versailles à l'inconfort des armées, c'est pourtant vers les soldats, et non les courtisans, qu'inclinait son coeur. Ces hommes durs, qu'il supposait simples, avaient dû maintes fois tuer, incendier et détruire mais ils étaient l'élite et, croyant leur roi menacé, ne réagissaient point avec l'esprit, qui est calcul, mais avec une fidélité chevillée au corps, indéfectible et presque animale. Ils étaient ses dogues et fol qui leur lancerait défi.
    D'un geste aimable, il fit signe qu'on mit pied à terre. Se retournant vers sa troupe, debout sur ses étriers, Bamberg leur adressa un petit signe qui entre eux en disait long. Soulevant des « Oh ! » de stupeur et d'admiration, cent bottes touchèrent le gravier au même instant tandis qu'une armée de palefreniers venait chercher les chevaux.
    Alors, avec gravité, Louis le Quatorzième s'approcha de Bamberg tandis qu'un officier accourait.
    Sans un mot, le roi décora le duc de l'ordre de Saint-Louis et, comme si cette distinction ne suffisait pas, doubla cet honneur du prestigieux et rarissime ordre de Saint-Michel.
    Puis, posant ses mains sur les épaules de Bamberg :
    — Vous êtes, de cette minute, élevé au grade de lieutenant-général.
    Le roi, d'une grande finesse, sentit le désarroi du duc :
    — Ah çà, Bamberg, n'êtes-vous point satisfait?
    — Vous me couvrez d'honneur, Majesté, et je n'en mérite pas tant n'ayant fait que me battre pour le royaume des lys et votre personne, ainsi que l'exigent mon honneur et mon devoir mais...
    — Mais?... reprit le roi, curieux.
    — Sire, un général commande à des milliers d'hommes et je vais perdre mon escadron des Opérations Spéciales...
    Le roi sourit :
    — Assurément non, c'est hors de question car j'en ai trop besoin avec vous à sa tête. Il est fait de vous exception et vous commanderez des milliers

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