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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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difficultés trois chambres car il en était plusieurs de disponibles, nul ne se battant pour dormir à côté du cimetière des Innocents. Quant aux trois officiers, l'odeur des cadavres pourrissants leur était hélas familière.
    Il faisait très froid et bientôt Bamberg sentit que le petit chien se glissait sur sa couverture, sans doute enivré par ce qui lui apparaissait comme une vie de rêves après des nuits d'errance en ce vaste cimetière, le froid et les coups.
    Le duc feignit de ne s'apercevoir de rien et sourit dans l'obscurité. Une minute plus tard, le général et le bâtard dormaient profondément.

22.
    En son hôtel particulier de la rue Garance, assis face à une cheminée, Heinrich von Ploetzen, le visage voilé de gaze, jouait seul aux échecs.
    La pièce était vaste, meublée de manière austère tandis que des armes anciennes, fixées aux lambris, et deux armures de chevalier teutonique conféraient à l'endroit un côté très martial.
    On frappa.
    Le comte prussien leva son regard bleu vers la cheminée, contempla un instant les flammes, songeur, puis lança tel un jappement :
    — Ja!
    Hofflingen se présenta et Von Ploetzen, d'un geste, lui désigna un tabouret à proximité de la cheminée. Le manchot y prit place et commença aussitôt d'une voix où perçait une inhabituelle excitation :
    — Nous le tenons.
    — Mais encore ?
    — Monseigneur, l'or que vous distribuez aux truands nous revient avec bénéfices car l'un d'eux nous a signalé un homme tenant auberge près du cimetière des Innocents à l'enseigne étrange de L'Âne fou. Cette nuit, après quelques violences, l'aubergiste a parlé et tout y est : trois officiers de dragons et la description du duc de Bamberg.
    — C'est bien, Ulrich, poursuivez !
    — Ce matin, le duc accompagne ses amis à une porte de Paris puis se rend seul en un petit village situé à l'ouest de Paris. J'ai aussitôt donné des ordres conformes, je l'espère, à vos désirs et envoyé là-bas douze hommes.
    Von Ploetzen réfléchit. Douze contre un, c'était davantage qu'il n'en fallait. Sa troupe se composait à présent de vingt-quatre hommes, quatorze Français, dont des condamnés à mort évadés avec son aide, et neuf aristocrates de Prusse, quatre étant arrivés la veille au soir.
    — Lesquels avez-vous envoyés ?
    — Dix Français et deux fils de Prusse. Ils attendent à proximité du village. Au dernier instant, pour que le duc sache de la main de qui il meurt, nos hommes revêtiront des tuniques blanches à croix noire.
    Le comte prussien tenait beaucoup à ce détail. Lors de son combat avec Bamberg, il avait très finement remarqué que son adversaire - à deux reprises, et bien qu'il fût de ces hommes qui cherchent le regard de l'autre lors d'un combat à mort - avait observé la croix noire. Croix noire des Teutoniques, croix rouge des Templiers, Bamberg en avait sans doute beaucoup rêvé. Si la révélation de son appartenance, même très lointaine, au peuple de l'Atlantide devait le troubler, bien qu'il s'en doutât, les croisades relevaient d'un monde familier, rassurant. Que la mort puisse venir de là le préoccuperait suffisamment pour lui faire commettre, peut-être, quelque fatale erreur.
    Cette idée était donc bonne, il fallait s'y tenir.
    Il soupira, puis :
    — C'est parfait, Ulrich, vous agissez avec grande intelligence... Et l'homme qui gardait nos portes ?
    — Aucunes nouvelles, Monseigneur.
    Von Ploetzen se leva et alla de long en large, mains derrière le dos comme il affectionnait, écoutant le bruit de ses bottes qui frappaient les dalles. Puis, il s'immobilisa brusquement :
    — Je n'aime pas cela. Il m'était très dévoué et tenait à sa place. Il ne serait pas parti si vite, sans explication, laissant son or derrière lui.
    Hofflingen réfléchit un instant avant de répondre :
    — Vous avez raison, Monseigneur. Mais ces gens-là se battent parfois entre eux, derrière quelque auberge obscure, et on ne retrouve point de cadavre.
    — J'y ai pensé moi aussi. Cependant, je veux une certitude : offrez ce qu'il faudra. Cet homme en sait long et sur cette affaire, mon impression est mauvaise. Voyez cela de près.
    Il hocha la tête, approuvant ses propres paroles, puis reprit sa place devant son échiquier sans plus prêter la moindre attention à Hofflingen lequel, après une brève hésitation, salua et sortit.
    ***
    Il faisait exceptionnellement beau, ce matin-là, et l'on tentait d'en profiter car

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