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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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d'après les vieux, qui peu souventes fois se trompaient, cette embellie ne durerait pas, annonçant tout au contraire un temps plus catastrophique que les jours précédents.
    Allant au pas lent de leurs chevaux sur la route de Versailles, Hugo et Clément levaient parfois les yeux vers un ciel uniformément bleu, sans le moindre nuage. Un pâle soleil se levait paresseusement mais n'adoucissait en rien l'air très vif et coupant, pas davantage qu'il n'attaquait la glace des flaques nichées au fond des ornières de la route.
    Tous deux songeaient à Bamberg qui les avait accompagnés jusqu'aux portes de Paris après avoir emprunté le faubourg Saint-Honoré.
    Peu après le réveil, on avait voulu demander quelques explications au tenancier qui portait des traces de coups mais celui-ci ne voulut rien dire et l'on supposa qu'il s'agissait d'affaires de coeur.

23.
    Après avoir accompagné ses amis, Bamberg, peu pressé, revint sur ses pas.
    Il s'arrêta d'abord rue des Marmousets, à l'ombre de Notre-Dame, chez un artisan de cuirs et peaux qui confectionnait des sacs réputés, lui avait-on dit, pour leur solidité. Après cet achat, il installa Scrub dans le sac - seule sa tête dépassait - qu'il suspendit à son épaule avant de remonter à cheval.
    Puis il s'en alla voir la tour de l'Horloge, aperçue de loin et comme, descendu de cheval, il regardait le bâtiment, un vieil homme lui expliqua qu'au sommet de celle-ci, dans son lanternon, se trouvait une cloche qui tintait trois jours et trois nuits pour la naissance ou la mort des rois et de leurs fils aînés. Elle sonna aussi, exceptionnellement, pour donner le signal du massacre de la Saint-Barthélemy
    Peu après, il traversa la Seine par le pont-Neuf et s'arrêta longuement devant la statue d'Henri IV. Les passants qui l'aperçurent s'étonnèrent de le voir si longtemps immobile, un chien dans un sac d'épaule et un étrange sourire aux lèvres. Mais son uniforme de général des dragons le dispensa de la moindre question.
    Vers onze heures, il atteignit les premières habitations du village d'Auteuil où il devait se rendre et trouva sans peine la maison qu'il cherchait.
    S'il avait tant tardé, c'est que sa mission revêtait un caractère pénible et délicat en cela qu'il devait annoncer à une femme la mort de son mari. Celui-ci, sergent au Maine-Dragons, avait à quarante ans rejoint les Opérations Spéciales alors presque à leurs débuts. Il venait d'être décapité par un boulet de l'artillerie... française, détail douloureux qu'il ne révéla pas à la veuve du malheureux. Il versa à la femme les cent pièces d'or, et y joignit une vingtaine qui étaient siennes et représentaient la moitié de sa bourse.
    Les larmes et le spectacle des enfants morveux et pauvrement vêtus donnèrent fugitivement au duc le regret de n'être point riche tel un M. de Tuboeuf afin de soulager ceux qui le méritaient.
    Puis, brusquement...
    Il les sentit, les devina et les entendit bien avant de les voir et sa main gantée se resserra sur la crinière d'Hautain, qui dressa aussitôt la tête.
    Il portait des gants de coton gris perle, ceux de la ville et des batailles et non les gants de cuir réservés aux voyages. Ainsi pour faire honneur à l'escadron devant les citadins, comme pour offrir un élégant cadavre si le sort de la guerre lui était défavorable, il aimait ces gants d'une grande élégance. Un de ses officiers subalternes, tué depuis longtemps, n'allait-il pas au combat fardé avec col et poignets de dentelle ?
    Hautain sentit les doigts sous le tissu très fin. Il savait ce que cela signifiait. Âgé de huit ans, dressé par Bamberg, c'était un cheval de guerre solide, intelligent et résistant. La crispation des doigts du cavalier sur sa crinière se transmit à tout son corps. Toujours, et plus de cent fois, ce signal s'était révélé exact, précédant de quelques secondes, voire d'une longue minute, une attaque surprise et la confiance du cheval, nourrie de l'expérience, était absolue.
    Une vingtaine de cavaliers déboucha de l'arrière d'une grange et si Bamberg perçut la croix noire des Teutoniques, il ne s'attarda pas à ce détail, éperonnant sa monture.
    Il surprit ses poursuivants en sautant une clôture, tourna dans un sentier, sauta un ruisseau, contourna une fermette, traversa une grange puis un pré et se retrouva en la rue principale. Se retournant alors, il constata qu'ils n'étaient plus que trois à le suivre, les autres

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