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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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qu'il n'en faut, Hugo.
    Il regarda vers l'extérieur :
    — La nuit tombe. Je vais faire vite, n'oublie pas que nous devons aller à Paris.
    — Et ce que nous avons à y faire n'est point un moment agréable.
    — Mais nous devons le faire !... répondit Tancrède en se dirigeant vers une des tables où il saisit une cuisse de poulet.
    Aussitôt, Worden donna l'ordre qu'on selle les chevaux.

21.
    Il ne neigeait toujours pas sur Paris mais le brouillard rendait la visibilité très réduite.
    À l'abri dans une voiture à deux chevaux aux rideaux tirés, et stationnée près de la petite entrée du théâtre, le comte de Lagès-Montry, maréchal de camp de la Maison du roi, guettait par la portière entrouverte.
    Il était là tous les soirs à l'ouverture puis revenait après les représentations. Fidèle à son poste, attentif et discret, il attendait l'arrivée puis le départ de Marion de Neuville.
    La voir. La contempler. Rien que quelques instants, toujours trop courts, mais son coeur se serrait dans sa poitrine à chaque fois.
    Il savait tout de la jeune femme. Depuis son âge, vingt-sept ans, jusqu'au nom de son cheval, Pégase, en passant par l'endroit où elle vivait, le petit village d'Auteuil tout proche de Paris. Il avait payé une foule d'informateurs, d'espions et d'individus louches mais il connaissait toutes les étapes de la carrière militaire de feu son père et toutes les compositions musicales, prêtées à d'autres, de sa défunte mère. Et plus il apprenait de choses, plus il quémandait et payait de bon or les plus infimes détails, plus son malheureux coeur tourmenté en réclamait d'autres, insatiable et exigeant.
    Il en arrivait à délaisser le service aux mousquetaires et à oublier ce fameux duel par lequel il voulait s'imposer à la Cour comme la meilleure lame du royaume des lys.
    Brusquement, il tressaillit : elle arrivait. Il soupira, rassuré, car en maints endroits, en cette nuit tombante, le brouillard devenu verglacé provoquait des accidents parfois mortels.
    Il la vit, attendri, descendre de Pégase avec souplesse, puis tendre les rênes à un vieil homme qui boitait et avait pour nom L'Herbois.
    Elle dut lui dire chose gentille ou amusante car L'Herbois dodelina de la tête en souriant et pour un peu, on l'eût cru rougissant.
    Puis elle disparut en la petite entrée.
    Le comte de Lagès-Montry, qui savait qu'il faudrait compter trois heures avant de l'apercevoir de nouveau, frappa de sa main gantée à la vitre de la voiture. Aussitôt, le cocher lança les chevaux.
    Trois heures!...
    Le comte n'ignorait pas qu'il tenait bon prétexte à s'étourdir de plaisirs, de filles et de vins.
    ***
    Bamberg, Worden et La Mothe-Sislées savaient qu'ils ne pourraient point, ce soir, rendre la troisième et ultime visite prévue.
    Le brouillard épais, depuis Versailles, les avait considérablement retardés.
    La première visite, à Arcueil, leur avait pris trop de temps. Ils ne le regrettaient pas cependant, ayant à annoncer à des parents aimants que leur fils, dragon aux Opérations Spéciales, se trouvait en bonne santé, prisonnier des Espagnols avec lesquels un échange était prévu le jour des Rois, sixième de janvier.
    Mais de l'église Saint-Denys à l'aqueduc construit sous Marie de Médicis, on se perdait vite en ce village entre pépinières, vignes et cultures céréalières. On ne trouva la maison, après maints égarements, qu'à proximité des carrières où l'on extrayait une pierre de liais facile à polir et graver en raison de l'extrême finesse de son grain.
    La seconde visite, en face du cimetière des Innocents, fut plus douloureuse en cela qu'il fallait avertir des parents de la mort de leur fils, jeune dragon arrivé aux Opérations Spéciales peu après la fête de la Vierge, le 25 de mars de l'année précédente.
    Cette fois ils rencontrèrent des parents presque indifférents. Néanmoins, Bamberg crut bon de travestir les circonstances de la mort de leur fils, qu'il affirma instantanée quand le jeune homme, atteint d'une balle dans la tête, avait mis presque deux jours à mourir.
    Bien que déçus, ils remirent aux parents les cent pièces d'or que Bamberg offrait aux familles de ses soldats tués. Au reste, l'usage de cette pratique remontait à des années. L'argent provenait toujours des caisses de l'ennemi. Rossel de Villers, commandant en titre du Maine-Dragons, avait donné son accord et nul ne trouvait à redire à ce bon procédé.
    À la vue

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