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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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violence qui se jouait des flocons de neige et faisait grincer les poutres de charpente de la petite fermette.
    Son chien, un gros berger qui dormait dans un angle, leva la tête, oreilles dressées.
    Un peu inquiète, Françoise questionna :
    — Eh bien, cher coeur, n'es-tu pas bien avec moi en notre lit?
    Il referma le rideau d'un geste vif et revint se coucher près de celle qu'il aimait.
    Il sentit le corps de Françoise se serrer contre le sien, caressa son opulente poitrine, serra ses fesses en ses rudes mains de guerrier puis l'embrassa sur les paupières.
    Il regarda les braises rouges dans la cheminée puis la flamme vacillante de la petite bougie taquinée par un vent coulis.
    Inquiète, elle demanda :
    — Qu'y a-t-il ?
    Il observa son sabre de cavalerie suspendu au mur et serra sa femme contre lui avant de lui murmurer assez fort pour couvrir un instant les hurlements du vent :
    — Quelqu'un est en route vers notre village.
    — Qui donc?
    — La mort, je crois.
    Et, après un silence, d'une voix rassurante :
    — Nous saurons la recevoir : la victoire, cela se prend; le bonheur, cela se garde ! Compte sur ton homme !
    Il souffla la bougie mais avec les braises rougeâtres, on se distinguait encore. Puis il remonta les couvertures car il faisait froid et ils se blottirent l'un contre l'autre.
    — Je suis la plus heureuse des femmes! murmura-t-elle.
    Ils firent une nouvelle fois l'amour, n'entendant ni les ronflements du gros chien, ni l'interminable plainte du vent...

31.
    L'église Saint-Eustache leur était apparue telle un grand vaisseau émergeant du brouillard. La raison en était qu'elle se trouvait très éclairée de l'intérieur par les nombreuses bougies des dévots, des superstitieux et des âmes inquiètes que ne rassuraient point les phénomènes étranges observés ces derniers temps dans le climat.
    Juste à côté, rue Mont-Marthe, on remarquait une auberge appelée Aux dragons du Maine.
    Lorsque Bamberg et la baronne de Neuville y pénétrèrent, il y eut un instant de stupeur qui se traduisit par un silence pesant, angoissant, et l'on n'entendit pas même un cliquetis de couverts ou le tintement d'un verre.
    Bien des regards s'arrêtaient sur l'habit rouge à revers bleu, parements et boutons dorés, le tricorne noir galonné d'or à un côté relevé, les hautes bottes noires de cavalier. Un uniforme magnifique, celui d'un officier des dragons du Maine.
    L'ambiance, d'un coup, se détendit et les regards oscillaient entre sympathie et nostalgie.
    C'est qu'ils étaient nombreux, ici, les anciens dragons qui remarquaient des détails échappant aux autres. Ainsi, ce sabre légèrement courbé qui n'appartenait qu'aux dragons, ils en savaient la longueur de lame, 95 centimètres, et qu'elle fût large de 4,5 centimètres au talon. Ils n'ignoraient pas que ces sabres fabriqués à Solingen portaient sur le méplat médian l'inscription gravée « Vive le Roy » et savaient tout du bruit délicieux du fourreau en bois de hêtre encollé de basane.
    Tous se souvenaient brusquement des bruits de bataille, sabots de chevaux, cris, canons et que les dragons qui frappaient de taille et d'estoc chargeaient toujours le sabre à la main, en rangs compacts qui leur donnaient une terrifiante puissance de choc.
    Ah, ce sabre! Le roi l'avait imposé contre l'épée par une ordonnance de 1679 dont les termes leur restaient en mémoire : « Le roi voulant que toute sa cavalerie soit dorénavant armée de sabres au lieu d'épées que nos cavaliers ont eues jusqu'à présent... »
    Au magasin royal de Paris, arsenal central dirigé par le sieur Titon, fleurissaient à présent des « sabres à garde de cuivre » réservés à la cavalerie.
    Tout changeait très vite, ces derniers temps, et certains, ici, n'avaient point connu ces évolutions. Ainsi en était-ce fini pour toujours des mousquets remplacés par le fusil à silex dans l'infanterie tandis que les cavaliers recevaient de courts mousquetons.
    En revanche, d'autres étaient concernés par la fondation en 1670 de l'Hôtel des Invalides où le roi, compatissant envers ses vieux soldats, les accueillait en gratuité. D'aucuns, dans l'armée, murmuraient que les dragons y étaient davantage représentés que les autres armes. Mais ce n'était un secret pour personne que le roi tenait en très haute estime ses régiments de dragons, et qu'étant chers à son coeur, ils bénéficiaient en toutes choses de sa préférence.
    Surgissant de la cuisine,

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