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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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visage. Aussitôt, il ressentit une impression de fraîcheur bienfaisante et son ton, jusqu'ici cassant et désagréable, s'adoucit quelque peu lorsqu'il dit :
    — Bien entendu, il est sans doute regrettable d'imaginer que demain, des innocents perdront la vie lors de notre action que je souhaite d'une exceptionnelle violence. Oui, des innocents !
    Un profond silence suivit ses paroles, ni Hofflingen ni les trois officiers ne se risquant à un quelconque commentaire.
    On entendit le cri d'une chouette puis le grésillement des bûches dans la cheminée. Il faisait froid en la chambre qui n'avait sans doute pas été chauffée depuis très longtemps car, se trouvant des plus coûteuses, bien peu de voyageurs pouvaient se l'offrir, fût-ce pour une nuit.
    Von Ploetzen reprit :
    — Mais, en ce monde, est-il vraiment des innocents si ce n'est, peut-être, l'enfant qui vient de naître et pour peu de temps car la perversité arrive vite !
    La chouette ponctua ce discours d'un nouveau cri et un jeune officier, originaire de Stettin, en Poméranie, songea que l'oiseau nocturne avait plus d'audace qu'eux quatre réunis qui se tenaient raides comme des piquets.
    Encouragé par ce silence respectueux, le Grand Maître des Teutoniques, celui-là même qui soupait à la table de l'empereur d'Autriche, poursuivit :
    — Considérez la chose telle une opération en temps de guerre : brûlez le village et les habitants avec. Mais, sachant qu'il est toujours des survivants, des hommes ingénieux qui parviennent à se dissimuler, il faut que ceux-là soient glacés d'horreur. Ne respectez rien, ni le vieillard, ni l'enfant, ni la femme : surtout pas la femme !... Et acharnez-vous sur l'Église, cela pétrifie les esprits simples. Joignez à la boucherie l'idée que Dieu lui-même est courroucé et la croix noire qui frappe vos habits confortera le peuple en ses imaginations... Autre chose : j'ai appris que lors de la première expédition, on retrouva le cadavre d'un des nôtres trois jours après... notre départ, et l'explication finale avec les Templiers. Certes, il ne s'agissait que d'un Français mais il portait la croix noire sacrée de notre ordre germanique. Pourtant, un juge de la ville voisine fit pendre le corps par les pieds. Quatre d'entre vous, parmi les meilleurs, iront chercher ce juge et son greffier, et me les amèneront. Avez-vous des questions ?
    Une question eût sournoisement suggéré que Von Ploetzen s'était montré peu clair en ses explications aussi, nul ne s y risqua.
    Satisfait, et considérant que ce profond silence avait valeur d'approbation, l'aristocrate de Prusse lança sèchement :
    — Dans ce cas, bonne nuit !
    *

    Il était très tard en la nuit lorsque Bamberg atteignit Versailles. Les factionnaires, impressionnés, lui livrèrent passage très rapidement, s'étonnant tout de même de la vision de ce général surgissant du brouillard, un chien dans un sac d'épaule. Mais ils ne posèrent aucune question car le général, songeur, semblait en un autre monde.
    Bamberg avait accompagné Marion à Auteuil. Sans rien dire, la jeune femme s'étonna encore qu'il puisse y voir à travers ce brouillard épais comme si l'on se trouvait en un lumineux matin, et qu'il entendît de si loin ce qu'aucune oreille humaine, sans doute, ne pouvait percevoir.
    On parla fort peu car un sentiment de tristesse partagé les accablait.
    Elle lui signala cependant une chose qui l'avait étonnée :
    — Près de l'entrée se trouvait un homme maquillé. On ne me trompe pas sur ces choses, moi qui farde chaque soir des actrices.
    Bamberg ne parut point surpris :
    — L'homme à la perruque grise attablé devant un pot de bière, une pipe en terre posée sur sa table ?
    — Celui-là même. Vous l'aviez remarqué ?
    — En effet.
    Oui, il l'avait remarqué, bien davantage que ne pouvait le laisser supposer sa réponse évasive. Celui-là, mais aussi un balafré et un autre encore, très brun et les joues bleues de barbe. Mais à quoi bon inquiéter la baronne, alors qu'il n'était point en mesure d'avancer la moindre explication à ce sujet.
    Et autre chose qui lui semblait plus importante les occupait tous deux, cette tristesse à l'idée de se séparer.
    Lui savait qu'il retournait vers la guerre et ses horreurs quand la vie, le bonheur consistaient en cela qu'aux côtés de Marion il se sentait heureux, ému, maladroit; en un mot : amoureux !
    Pour sa part, la baronne se demandait où elle trouverait le courage

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