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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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nécessaire de le souligner par des paroles. Ainsi, bien que sa cachette fût excellente, Pontecorvo venait d'être distingué par Mortefontaine, la preuve en était sa présence en ces lieux.
    On se trouvait en un petit coin aménagé en chambre de la sacristie d'une minuscule église, située juste hors les murs de Paris, à deux pas de l'hospice de la Charité et de l'abbaye Saint-Germain. Pour découvrir pareille cachette, il fallait d'exceptionnels dons de policier.
    Mortefontaine soupira :
    — Vos espions ont dû vous l'apprendre : le Feu Follet rôde en tous les endroits où fut le duc de Bamberg et seule la maison d'Auteuil, où vit Mlle de Neuville, semble lui avoir échappé.
    On entendit les douze coups de midi et, après le dernier, Pontecorvo répondit :
    — Je suis arrivé à une conclusion qui doit aussi être vôtre : le Feu Follet cherche le duc de Bamberg pour le tuer.
    — En effet.
    — Mais sans doute possédez-vous quelque avance sur moi car j'ignore, ou soupçonne très vaguement, la raison de ce projet.
    — Il semble que le motif soit la brève aventure entre le duc et la marquise d'Ey dont le protecteur Tuboeuf, riche financier, est fort jaloux. Le duc ayant signifié son congé à la belle marquise, il est probable que celle-ci ne fit rien pour retenir la main vengeresse de son amant officiel, poussant plutôt à cette manoeuvre. Nous tenons en nos geôles un homme qui fut sans doute l'intermédiaire entre Tuboeuf et le Feu Follet. C'est un gaillard des plus coriaces mais bien entendu, il parlera.
    — Je n'en doute pas ! répondit Pontecorvo avec un fin sourire.
    ***
    Au même instant, fatigués et boueux, Bamberg et les siens arrivaient aux grandes écuries de Versailles où cantonnaient toujours la centaine de dragons des Opérations Spéciales.
    Ils n'y étaient pas depuis cinq minutes qu'un homme empanaché et richement vêtu, précédé d'un laquais tout de morgue mais très chamarré, se présenta. Des explications mal audibles du prétentieux laquais qui parlait en tordant la bouche qu'il avait semblable à un cul de musaraigne, il ressortait, semble-t-il, que l'empanaché était grand chambellan, en charge du lourd protocole.
    Contrairement au chamarré, l'empanaché cherchait sans doute la diction la plus parfaite et pour ce faire, entre chaque phrase, il tirait une langue longue d'un pouce, telle une vipère hors son repaire, et la chose intriguait fort les rudes dragons qui ne rêvaient que de la saisir au vol lors de ses rapides apparitions.
    Le chambellan, croyant qu'on l'admirait en voyant un cercle s'élargir autour de lui, s'approcha davantage en frétillant un peu de l'arrière-train et expliqua :
    — Sa Majesté recevant l'ambassadeur de Turquie, à titre amical, souhaite votre présence. Elle insiste pour que vous soyez accompagné d'une certaine dame.
    Se sentant brusquement traqué, et cherchant à gagner du temps, Bamberg esquissa une pauvre manoeuvre :
    — Une certaine dame ?
    Le grand chambellan le balaya d'un regard fatigué avant d'observer avec intérêt un sous-officier de dragons à belles moustaches blondes, le front barré d'une balafre, puis il expliqua :
    — Monsieur le duc, je peux comprendre votre discrétion, qui est d'un gentilhomme, mais je vous le dis avec une bienveillante franchise : on ne peut un seul instant envisager de se dérober au désir du roi qui est de connaître cette jeune dame.
    — Très bien, monsieur, ainsi en sera-t-il fait! répondit sèchement Bamberg en se demandant. non sans angoisse de quelle façon il allait s'y prendre.
    *

    En son sobre hôtel particulier hérissé de pièges et de multiples défenses, Heinrich von Ploetzen regarda avec intérêt les trois petits singes qu'on lui présentait.
    Sans que la chose l'amusât, mettant au contraire en ses gestes le plus grand sérieux, il agaça d'abord les singes avec un cierge, les brûlant cruellement. Puis, saisissant une longue dague effilée, il leur creva les yeux.
    Les cris de douleur des petits animaux ne l'émurent pas.
    Passant à l'étape suivante, il saisit un fort coutelas et, en trois gestes rapides et d'une grande précision, il décalotta le haut du crâne des malheureuses bêtes et considéra avec curiosité les cerveaux des singes qui vivaient encore.
    Il fut très satisfait : agacement, contrariété et douleur leur avaient fait monter le sang à la tête.
    Il saisit la cuillère d'argent que lui tendait Hofflingen et la plongea tour à tour en ces trois

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