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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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ayant pris son corps d’assaut. Blanche lui mit une main sur
le front et fronça les sourcils.
    – Est-ce que tu penses être capable de
monter à présent, Léon ?
    Il se releva péniblement, chassant les
étourdissements en s’appuyant sur les coudes. Il réussit enfin à se mettre
debout. Clément essaya d’en faire autant mais en fut incapable.
    – Tu sais faire la chaise, Léon ?
    – Oui.
    À eux deux, ils montèrent Clément, que Blanche
installa dans son lit, préférant ne pas souill er
le lit de Laurette. Clément s’y effondra. Blanche et Léon le déshabillèrent, ne
lui laissant que ses sous-vêtements d’hiver. Blanche le couvrit, lui fit avaler
de la quinine et invita Léon à la suivre dans la cuisine.
    Si Léon avait réussi à calmer ses
tremblements, Blanche, elle, demeurait agitée de spasmes incontrôlables :
spasmes de froid et spasmes d’énervement.
    Léon, tout comme Clément, devait mesurer près
de six pieds. Il avait l’air beaucoup plus âgé que ses dix-huit ans. Il
semblait tellement rassuré d’être enfin au chaud qu’il eut la langue rapidement
déliée, ce qui plut à Blanche que l’épuisement rendait encore moins loquace
qu’à l’accoutumée.
    – Clément fait de la fièvre depuis une
bonne semaine. On est partis des chantiers ça fait presque cinq jours. Il se
sentait tellement mal qu’il voulait rentrer pour se faire soigner par sa mère.
    Blanche expliqua que leur mère s’était trouvé
un emploi en Abitibi. Elle ne s’étonna pas devant lui que Clément n’en eût pas
été averti. Clément, dans son délire, avait pu oublier.
    – Est-ce que vous avez vu un
docteur ?
    – Non. Clément disait que ça valait pas
la peine. Qu’une fois rentré chez lui, il serait mieux. J’ai voulu venir avec
lui parce que je trouvais pas prudent de le laisser partir tout seul.
    – Est-ce que tu as pu avoir un
congé ?
    – Non. Le boss m’a dit que je
m’énervais comme une mère poule. C’est pas mal sans dessein. Moi, je trouvais
que Clément avait pas l’air bien pantoute. Ça fait que j’ai dit au boss que je trouverais bien quelque chose ailleurs. J’ai fait la valise de Clément
pis la mienne. On est partis presque tout de suite.
    – Quelles valises ?
    – Je les ai laissées quelque part sur le
chemin entre la gare pis ici. Clément pouvait plus avancer dans la tempête.
J’avais besoin de mes deux bras pour le tenir. Demain, si la neige arrête de
tomber, j’vas aller voir. Sont devant une maison qui a une cabane à chien sur
la galerie.
    Blanche lui refit du thé et devina qu’il avait
probablement faim. Elle lui réchauffa une soupe qu’il mangea goulûment en y
trempant une épaisse tranche de pain. Blanche, ne sentant pas sa faim, se tint
près de Clément qui dormait toujours profondément, trop peut-être, d’un sommeil
agité de frissons. Blanche regarda par la fenêtre et vit que la tempête faisait
toujours rage. La noirceur avait pris d’assaut la blancheur de la journée. Elle
sut qu’il était hors de question qu’elle remarche en direction du village. Elle
appliqua une compresse d’eau froide sur le front de Clément et revint dans la
cuisine.
    – Léon, on a une vieille paire de
raquettes dans le grenier. Est-ce que tu peux tenir l’échelle pendant que je
grimpe ?
    Elle installa sous la trappe l’escabeau que sa
mère avait utilisé quelques mois auparavant. Léon s’offrit pour monter mais
elle refusa, alléguant qu’il ne saurait où regarder.
    – À huit arpents d’ici, on a des voisins
qui ont le téléphone. J’vas essayer de me rendre. Peut-être que le docteur va
pouvoir venir. Pendant que j’vas être partie, garde toujours le front de
Clément au frais.
    Elle fouilla dans une armoire et trouva le
vieux manteau de fourrure de sa mère. Les peaux étaient fendues et séchées par
endroits mais ce manteau la protégerait mieux que le sien, encore humide. Elle
chercha dans un vieux coffre de cèdre pour voir si elle ne mettrait pas la main
sur un pantalon. Elle en trouva un et l’enfila. Elle pensa qu’il avait dû
appartenir à son père. Elle en tourna les rebords et mit quatre paires de bas
avant de glisser ses pieds encore congelés dans des mocassins raidis. Léon lui noua deux foulards à l’arrière de la tête,
par-dessus son chapeau. Le premier lui couvrait le nez, le menton et la bouche.
Le second, le front, à partir de la ligne des yeux.
    Si la chose était possible, l’intensité de

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