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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Elle
pleura, sachant qu’elle serait probablement privée d’une récompense de fin d’année.
La sœur Sainte-Eugénie la ferait remplacer. La supérieure lui donnerait une
corvée supplémentaire.
    Elle était encore aux toilettes quand la sœur
Sainte-Eugénie vint la rejoindre.
    – Hâtez-vous, innocente ! Il faut
que vous fassiez les bouquets du reposoir.
    Blanche s’essuya rapidement la figure et
suivit la religieuse qui souriait béatement. Blanche se demanda pour quelle
raison. Elle l’apprit le lendemain lorsque la supérieure la convoqua. La
supérieure commença par la féliciter de ce qu’elle avait fait la veille puis
lui annonça qu’elle ne serait plus aide-sacristine. Blanche baissa les yeux,
troublée. Pourquoi avait-elle eu des félicitations si on lui enlevait son
travail ? La supérieure lui annonça ensuite que la sœur Sainte-Eugénie
serait maintenant à l’infirmerie.
    – Qu’est-ce qu’elle va faire à
l’infirmerie ? Passer des pilules ?
    – Non, Blanche. Se reposer. Elle a besoin
de beaucoup de repos.
    Blanche commençait à comprendre. Le voile
huméral…
    – Et qui est-ce qui va s’occuper de la
sacristie maintenant ?
    – Sœur Sainte-Agnès. Et je ne crois pas
qu’elle ait besoin d’une aide. Mais si elle en cherche une parce que la tâche
est trop lourde, il est certain que ce sera vous.
    La supérieure s’était tue et Blanche n’avait
pas osé lui demander si elle retournerait aux cuisines. En fait, elle ne le fit
pas. La fin de l’année approchant, elle fut davantage occupée à faire le grand
ménage du quartier des pensionnaires, lavant et cirant les planchers, les
vitres des fenêtres et les éviers.
    Elle ne vit la sœur Sainte-Eugénie que deux
fois avant de partir pour les grandes vacances. Cette dernière avait l’air fort
heureuse d’être à l’infirmerie. Elle pouvait y chanter à son aise, raconter ses
souvenirs de France, et tous les jours la nouvelle sacristine lui apportait les
lampions gommés et noircis, que la sœur Sainte-Eugénie se faisait un plaisir de
nettoyer.
    Blanche remplit seule sa grande malle mais dut
attendre son oncle Edmond pour qu’il l’aide à la descendre du dortoir. Quand il
arriva, tout joyeux, il la regarda et lui dit qu’elle avait encore grandi. Elle
le savait. Sa mère ferait certainement une syncope en voyant que ses vêtements
ne lui faisaient plus et qu’il lui faudrait même un nouvel uniforme pour
l’année suivante.
    En chemin pour le lac Éric, son oncle lui
raconta tout ce qu’ils feraient pendant l’été. Blanche crut comprendre qu’elle
ne resterait avec sa mère que quelques jours avant de partir pour le rang du
Bourdais. Elle ne posa pas de questions, préférant attendre que sa mère lui
explique que son oncle s’était trompé.
    Blanche se demandait si sa mère serait en
meilleure forme qu’elle ne l’avait été à Pâques. Elle avait été comme toujours
mais Blanche l’avait trouvée « nerveuse ». Plusieurs fois par jour,
elle avait demandé si quelqu’un avait ouvert la porte de la classe. Elle avait
souvent regardé par la fenêtre pour voir qui était la personne qui s’approchait
de l’école. Elle s’était même brûlée sur un chaudron de pommes de terre, ce qui
ne s’était jamais produit, tout ça parce que Marie-Ange et Émilien lui avaient
demandé en riant pourquoi elle n’avait pas été invitée à célébrer Pâques avec
ses « anges ». Blanche les avait trouvés impolis, surtout quand
Émilien avait demandé si c’était parce qu’elle avait été tannante.
    La Ford de son oncle s’approcha rapidement de
l’école et Blanche put distinguer Jeanne et Paul qui cueillaient des fraises
sauvages. Ensuite, elle remarqua Alice qui, comme toujours, faisait un bouquet
de fleurs. Elle aperçut Rolande qui courait derrière un chat. Enfin, elle vit
sa mère qui suspendait des draps sur sa corde à linge. Sa mère avisa son regard
et lui fit un grand signe de la main avant de courir à sa rencontre, mordant
encore une pince à linge entre ses lèvres.

9
     
    Émilie tourna la page du calendrier. Déjà
juillet ! Depuis son voyage à La Tuque,
elle n’avait reçu qu’une lettre d’Ovila, qui la rassurait sur son état de
santé. Mais cette lettre était arrivée en février… Ovila ne l’avait plus
contactée. Émilie avait d’abord été déçue, puis chagrinée, puis enragée, et,
finalement, soulagée. Rien ne pouvait changer. Ovila serait

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