Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
Vom Netzwerk:
moral » et
cherchait à se dégager de toute responsabilité.
    — On ne prend pas de « dispositions » contre
un meurtre, s’entendit-il répondre sèchement.
    — Ah, mais on peut en prendre contre le viol, déclara
Afton d’un ton grinçant. Les jeunes filles de mœurs vertueuses ne s’exposent
pas à un tel sort.
    — Auriez-vous quelque raison de croire que votre sœur n’était
pas de mœurs vertueuses ? s’enquit Pitt, même si au fond de lui il
connaissait déjà la réponse.
    Se retournant, Afton le dévisagea avec une moue de dégoût.
    — Elle a été violée d’abord et tuée ensuite, inspecteur.
Vous le savez aussi bien que moi. Epargnez-moi vos coquetteries. C’est écœurant.
Vous feriez mieux de parler à mon frère Diggory. Il a des goûts bizarres. Je
croyais qu’il n’irait pas jusqu’à les transmettre à sa sœur, mais je peux me
tromper. Peut-être un de ses amis les moins fréquentables se trouvait-il dans
les parages ce soir-là ? Vous allez tout mettre en œuvre, j’imagine, pour
établir qui était là précisément ?
    — Bien sûr, acquiesça Pitt, tout aussi hautain. Nous
tâcherons de retracer les faits et gestes de chacun.
    Afton haussa imperceptiblement les sourcils.
    — Les habitants de Paragon Walk ne présentent aucun intérêt
pour vous… sauf les domestiques peut-être, et encore. Pour ma part, je suis
très exigeant avec les serviteurs que j’emploie ; quant aux servantes, je
leur interdis de fréquenter des hommes.
    Pitt plaignit les servantes, et la vie morne, sans joie, qui
était la leur.
    — On peut être totalement extérieur à l’affaire, et cependant
avoir remarqué un fait significatif. Pour nous, le moindre détail compte.
    Afton grogna, irrité de n’y avoir pas réfléchi lui-même, et
chassa une miette inexistante de sa manche.
    — Eh bien, j’étais chez moi ce soir-là. J’ai passé
presque toute la soirée dans la salle de billard, avec mon frère Fulbert. Je n’ai
rien vu, rien entendu.
    Pitt ne pouvait se permettre d’abandonner aussi facilement. Il
ne fallait surtout pas trahir l’antipathie que cet homme lui inspirait. Il
devait se battre.
    — Peut-être avez-vous remarqué quelque chose, ces dernières
semaines… insista-t-il.
    — Si tel était le cas, inspecteur, ne pensez-vous pas
que j’aurais réagi sur-le-champ ?
    Le nez charnu d’Afton frémit légèrement.
    — Mis à part le désagrément que représente pour nous
tous ici pareil incident, Fanny était ma sœur !
    — Très certainement, monsieur… mais avec le recul ?
acheva Pitt.
    Afton réfléchit à nouveau.
    — Pas à mon souvenir, répliqua-t-il, prudent. Mais si
quoi que ce soit me revenait, je vous en informerais. Autre chose ?
    — Oui, s’il vous plaît. J’aimerais parler au reste de
la famille.
    — S’ils avaient vu quelque chose, ils m’en auraient
fait part, répliqua Afton avec impatience.
    — Néanmoins, je tiens à les voir.
    Afton le toisa. Comme il était grand, ils s’affrontèrent du
regard, les yeux dans les yeux. Pitt refusait de céder.
    — C’est inévitable, je présume, concéda Afton
finalement, l’air morose. Je ne veux pas montrer le mauvais exemple. Le devoir
avant tout. Mais je vous prierai d’user de tact, autant que faire se peut, avec
mon épouse.
    — Merci, monsieur. Je ferai mon possible pour ne pas la
perturber.
    Phœbe Nash était tout l’opposé de Jessamyn. À supposer même
qu’elle fût naguère habitée d’une étincelle, celle-ci était éteinte depuis
longtemps. Sa robe était d’un noir défraîchi ; son visage pâle, dépourvu
de fard. En temps ordinaire, elle aurait eu l’air avenante, mais pour l’heure
elle ressemblait trop à l’image type du deuil : yeux rougis, nez enflé, coiffure
ordonnée, mais sans une once d’élégance.
    Elle refusa de s’asseoir et resta debout devant lui, les
mains convulsivement serrées.
    — Je ne crois pas pouvoir vous aider, inspecteur. Je n’étais
même pas à la maison, ce soir-là. Je me trouvais chez une parente âgée, qui
était souffrante. Je peux vous donner son nom, si vous le désirez.
    — Je n’ai aucune raison de mettre votre parole en doute,
madame.
    Il lui sourit en prenant garde toutefois de ne pas
manifester une gaieté indue en présence de la mort. Elle lui inspirait un
poignant sentiment de pitié. Il avait envie de la mettre à l’aise et ne savait
pas comment. Elle était de ces femmes qu’il ne comprenait

Weitere Kostenlose Bücher