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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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délibérément, avec toute sa palette de nuances.
    —    ... d’une grande générosité!
    —    Je vois que vous êtes venue sans votre mari !
    La réponse de Selena cingla, immédiate et venimeuse.
    Cette fois, Charlotte sourit. Elle était fière de la profession de Thomas, même si elle savait que cela lui vaudrait le mépris des autres.
    —    Oui, il est occupé ailleurs. Il a beaucoup à faire.
    —    Quelle malchance, murmura Selena, mais sans conviction.
    La satisfaction l’avait désertée.
    Peu après cela, Charlotte eut l’occasion de rencontrer Algemon Bumon. Elle lui fut présentée par Phoebe Nash dont le chapeau se tenait enfin droit, même si sa coiffure manifestait encore des signes de malaise. Charlotte connaissait bien cette sensation : une ou deux épingles de travers, et on avait l’impression que le poids de la chevelure s’accrochait à votre tête avec des ongles.
    Algernon s’inclina légèrement, geste de courtoisie que Charlotte trouva quelque peu déconcertant. Il paraissait plus soucieux de son bien-être à elle que du sien. Elle s’attendait à des démonstrations de chagrin, or il s’enquérait de sa santé, lui demandant si elle ne souffrait pas trop de la chaleur.
    Elle ravala les condoléances qu’elle avait sur le bout de la langue et s’efforça de répondre de la manière la plus cohérente possible. Peut-être jugeait-il la cérémonie trop pénible et était-il content de parler à quelqu’un qui n’avait pas connu Fanny. Les apparences étaient quelquefois si trompeuses !
    Elle pataugeait, trop consciente de ses liens avec Fanny et trop absorbée par ses propres idées confuses : avait-il réellement aimé Fanny, était-ce un mariage arrangé, auquel cas était-il soulagé d’avoir recouvré sa liberté? Elle entendait à peine ce qu’il lui disait, même si, inconsciemment, elle avait noté qu’il s’exprimait avec l’aisance d’un homme cultivé.
    —    Je suis désolée, s’excusa-t-elle.
    Elle ignorait totalement de quoi il venait de parler.
    —    Peut-être que Mrs. Pitt trouve notre buffet un peu insolite... comme moi?
    Charlotte fit volte-face et vit le Français à deux pas d’elle; ses beaux yeux intelligents dissimulaient un sourire.
    Elle ne savait pas très bien ce qu’il entendait par là. Il n’avait tout de même pas deviné le cours de ses pensées... ou bien pensait-il la même chose qu’elle, avait-il des certitudes? L’honnêteté était le seul refuge sûr.
    —    Je ne suis pas à même d’en juger, répliqua-t-elle. Je ne connais guère les usages en la matière.
    Si Algernon avait perçu l’ambiguïté de sa réponse, il n’en laissa rien paraître.
    —    Mrs. Pitt, puis-je vous présenter M. Paul Ala-ric? fit-il d’un ton léger. Je ne crois pas que vous l’ayez déjà rencontré. Mrs. Pitt est la sœur de Lady Ashworth, expliqua-t-il.
    Alaric s’inclina imperceptiblement.
    —    Je sais parfaitement qui est Mrs. Pitt.
    Son sourire démentait ce qu’il aurait pu y avoir d’abrupt dans ses paroles.
    —    Imaginez-vous que quelqu’un comme elle puisse se manifester dans Paragon Walk sans qu’on en parle ? Je regrette seulement que ce soit une occasion tragique qui nous a réunis.
    C’était ridicule, mais elle se sentit s’empourprer sous son regard tranquille. Malgré toute sa grâce, il était étonnamment direct, comme si son intelligence pouvait percer le masque poli et inexpressif de Charlotte et entrevoir le tumulte de ses émotions. Il la contemplait sans malveillance aucune, mais avec curiosité et un soupçon d’ironie.
    Elle se ressaisit vivement. Ce devaient être la chaleur et la cérémonie qui l’avaient fatiguée au point de la rendre aussi sotte.
    —    Comment allez-vous, monsieur 4 Alaric? dit-elle avec raideur. Oui, c’est bien malheureux qu’on ait souvent besoin d’une tragédie pour remettre de l’ordre dans notre existence.
    L’ombre d’un sourire joua délicatement sur ses lèvres.
    —    Vous avez l’intention de mettre de l’ordre dans mon existence, Mrs. Pitt?
    La chaleur lui brûla le visage. Plût au ciel que cela ne se voie pas derrière le voile.
    —    Vous... vous vous méprenez, monsieur. Je parlais des drames de la vie. Notre rencontre est certainement sans importance.
    —    Quelle modestie, Mrs. Pitt !
    Selena parut, l’air animé, auréolée de mousseline de soie noire.
    —    A voir votre magnifique robe,

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