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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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Fulbert. Le contraire, d’ailleurs, eût été surprenant.
    Naturellement, Charlotte s’arrangea aussitôt pour faire garder Jemima et, à onze heures du matin, elle frappait à la porte d’Emily. Cette dernière accourut presque en même temps que la bonne et propulsa Charlotte en direction du petit salon.
    —    Lucinda a raison, fit-elle d’un ton pressant. Elle est horrible, bien sûr : tout ce qu’elle veut, c’est déterrer un scandale pour aller crier sa propre supériorité sur les toits. Elle en ferait ses choux gras pour le reste de la saison. Mais elle ne trouvera rien, parce qu’elle ne cherche pas là où il faut.
    —    Emily !
    Hantée par la pensée de Fulbert, Charlotte lui agrippa le bras.
    —    Pour l’amour du ciel, ne fais pas ça! Songe à ce qui est arrivé à Fulbert !
    —    Nous ignorons ce qui est arrivé à Fulbert, répondit Emily avec raison, se dégageant impatiemment. Mais j’aimerais bien le savoir... pas toi?
    Charlotte hésita.
    —    Comment?
    Flairant la victoire, Emily n’insista pas, mais opta pour une flatterie justifiée.
    —    Ton idée... j’ai compris que c’était la bonne. Thomas ne pourra pas le faire. Il faudrait n’avoir l’air de rien...
    —    Quoi? Explique-toi, Emily, avant que j’explose !
    —    Les domestiques !
    Rayonnante, Emily se pencha vers elle.
    —    Les servantes remarquent tout, entre elles.
    Elles ne se rendent pas forcément compte de la signification de tel ou tel détail, mais nous, si !
    —    Et Thomas... commença Charlotte, sachant pertinemment qu’Emily avait raison.
    —    Sottises ! Aucune servante n’acceptera de parler à un policier.
    —    Mais on ne peut pas aller interroger les domestiques des autres !
    —    Bonté divine, s’écria Emily, exaspérée, je n’ai pas l’intention de mettre les pieds dans le plat! J’inventerai un prétexte : une recette que je convoite, ou alors une ou deux vieilles robes que je pourrais porter à la femme de chambre de Jessamyn...
    —    Tu n’y penses pas ! fit Charlotte, horrifiée. Jessamyn doit lui donner ses propres habits usagés. Elle en a sûrement des dizaines. Tu n’auras aucune explication plausible...
    —    Bien sûr que si. Jessamyn ne donne pas ses vieux habits. Elle ne donne jamais rien. Quand quelque chose lui a appartenu, elle le garde ou elle le brûle. Elle ne laisse ses affaires à personne. Qui plus est, sa femme de chambre est à peu près de ma taille. J’ai une robe de mousseline de l’année dernière qui lui ira parfaitement. Elle pourra la mettre pendant ses après-midi de congé. On ira un jour que Jessamyn sera sortie.
    Dubitative quant au projet lui-même, Charlotte craignait qu’il ne leur cause de l’embarras, mais puisque Emily était résolue à y aller coûte que coûte, la curiosité l’incita à venir aussi.
    Elle avait mal jugé Emily. Même si elles n’apprirent rien d’intéressant chez Jessamyn, la femme de chambre fut enchantée du cadeau, et tout l’entretien se déroula sous le signe d’une spontanéité amicale.
    Elles se rendirent ensuite chez Phoebe, au seul moment de la journée où elle était absente, pour obtenir la composition d’un excellent encaustique très agréablement parfumé. Apparemment, Phoebe avait pris l’habitude d’aller à l’église du coin aux heures les plus bizarres, et pratiquement un jour sur deux.
    —    Pauvre femme, dit Emily en partant. A mon avis, tous ces drames lui ont mis la tête à l’envers. Je me demande si elle prie pour Fanny ou quoi.
    Charlotte ne voyait pas l’intérêt de prier pour les morts; elle comprenait en revanche le besoin de réconfort, d’un lieu paisible où foi et simplicité avaient trouvé refuge depuis des générations. Elle était contente que Phoebe l’eût découvert : tant mieux si cela la calmait, l’aidait à tenir en respect les terreurs qui l’assiégeaient.
    —    Je vais voir la cuisinière de Hallam Cayley, annonça Emily. Le temps a changé aujourd’hui. Je suis gelée, bien que j’aie mis une robe plus épaisse. J’espère qu’il ne va pas faire mauvais; la saison n’est pas encore terminée.
    Le vent d’est était glacial, en effet, mais Charlotte ne se souciait guère du temps. Resserrant son châle, elle emboîta le pas à Emily.
    —    Tu ne peux pas entrer comme ça et demander à parler à sa cuisinière ! Sous quel prétexte, grand Dieu? Tu vas éveiller ses

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