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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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comme un animal détecte son prédateur à la
vue et à l’odeur. Phœbe en était-elle consciente, elle aussi ? Était-ce
pourquoi elle avait peur de sortir sur le palier de sa propre maison et appelait
le valet en pleine nuit ?
    Alaric attendait toujours, posément, mais avec un petit froncement
de sourcils interrogateur. Elle avait oublié ce dont ils parlaient et dut lui
reposer la question.
    — Je vous demande pardon ?
    — Un généreux mensonge, répéta-t-il.
    — Un mensonge ?
    — Lorsque vous dites qu’aller à l’église vous fait du
bien, je n’en crois pas un mot. Vous n’avez pas l’enchantement du mystère, Mrs.
Pitt. Vous êtes un livre ouvert. Tout votre charme réside dans le fait de
deviner quelle vérité dévastatrice vous allez assener. Je doute que vous soyez
capable de mentir avec succès, y compris à vous-même !
    Qu’entendait-il par là ? Elle préférait ne pas y
réfléchir. L’honnêteté était sa seule arme, son seul rempart contre lui.
    — Le succès d’un mensonge dépend en grande partie du désir
qu’a l’interlocuteur d’y croire, répondit-elle.
    Il sourit très lentement, très chaleureusement.
    — Et c’est la règle de base de tout le protocole
mondain. Quelle remarquable perspicacité ! Surtout, n’en parlez à personne.
Vous leur gâcheriez le jeu, et que leur restera-t-il alors ?
    Elle déglutit avec effort, refusant de le regarder en face. Avec
une infinie prudence, elle ramena la conversation à son point de départ.
    — Je mens très bien, par moments !
    — Autrement dit, on en revient aux sermons religieux, hein ?
Les mensonges rassurants que nous nous serinons à longueur de temps parce que
nous voulons y croire. Je me demande ce que nous réserve le poète de Lady
Ashworth. Que nous soyons d’accord ou pas, le spectacle, à mon avis, sera dans
la salle, ne pensez-vous pas ?
    — C’est possible. Et ses paroles vont sans doute
alimenter l’indignation dans les semaines à venir.
    — Sûrement. Il nous faudra faire beaucoup de bruit pour
nous convaincre une fois de plus que nous sommes dans le vrai et que rien ne
peut ni ne doit être changé.
    Charlotte se raidit.
    — Vous essayez de me faire passer pour quelqu’un de
cynique, monsieur Alaric, or je trouve le cynisme fort peu attrayant. C’est une
excuse plutôt simpliste. On prétend qu’il n’y a rien à faire ; donc on ne
fait rien et on se sent dans son bon droit. Pour moi, c’est une autre forme de
malhonnêteté, et que j’apprécie encore moins.
    À sa surprise, il eut un énorme sourire dénué de toute
affectation.
    — Je ne pensais pas qu’une femme était capable de me
déconcerter, et pourtant, vous y êtes parvenue. Vous êtes d’une honnêteté
affligeante : il n’y a pas moyen de vous embrouiller.
    — Parce que vous en aviez l’intention ?
    Pourquoi, bonté divine, se sentait-elle aussi flattée ?
C’était totalement ridicule !
    L’arrivée de Jessamyn Nash empêcha Paul Alaric de répondre. Pas
le moindre défaut ne venait ternir son teint de camélia ; son regard
tranquille glissa sur Alaric avant de se poser sur Charlotte. Ses grands yeux d’un
bleu éclatant brillaient d’intelligence.
    — Quel plaisir de vous revoir, Mrs. Pitt ! Je ne
me doutais pas que vous alliez nous rendre visite aussi fréquemment. Dans votre
propre cercle, n’a-t-on pas l’impression que vous les abandonnez ?
    Souriante, Charlotte fixa sans broncher les yeux magnifiques.
    — J’espère bien que si, répliqua-t-elle d’un ton léger.
Mais je soutiendrai Emily dans la mesure de mes moyens, tant que cette tragique
affaire ne sera pas réglée.
    Jessamyn savait se maîtriser bien mieux que Selena. Son
visage s’adoucit ; un sourire chaleureux joua sur ses lèvres pulpeuses.
    — C’est très généreux de votre part. Mais je crois que
le changement n’est pas non plus pour vous déplaire.
    Charlotte reçut parfaitement le message, mais réussit à garder
un air innocent. Elle entendait rendre sourire pour sourire, dût-elle s’en
étouffer. Elle n’était pas charmeuse de nature ; néanmoins, elle savait qu’on
prenait plus de mouches avec du miel qu’avec du vinaigre.
    — Tout à fait, acquiesça-t-elle. Il ne se passe rien d’aussi
dramatique là où j’habite. Nous n’avons pas eu de viol ou de meurtre depuis des
années, je pense. Peut-être même jamais !
    Paul Alaric sortit précipitamment son mouchoir et éternua
dedans.

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