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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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Ce sont les hommes qui le forgent, ceux qui se disent interprètes de la parole divine comme les gouvernements qui limitent les libertés de leurs citoyens. Pense à ce que fut notre ville et à ce qu’elle est maintenant. Et pense à ton frère.
    — Je ne l’oublie pas, papa.
    — Cherche un pays où tu pourras être libre, mon fils, poursuivit Boutros en s’adressant à Farag comme si nous n’étions pas là. Cherche ce pays et quitte Alexandrie.
    — Mais enfin, que dis-tu, papa ! s’exclama Farag.
    — Quitte cette ville ! Si tu restes ici, tu ne pourras pas vivre tranquille. Pars, laisse ton travail au musée, ferme cette maison. Et ne t’inquiète pas pour moi, se pressa-t-il d’ajouter en me regardant avec un sourire malicieux. Quand vous serez installés, je vendrai cette maison et je m’installerai près de chez vous.
    — Vous quitteriez Alexandrie, vraiment ? lui dis-je en souriant à mon tour.
    — La mort de mon fils et de mon petit-fils a scellé ma rupture avec cette ville.
    Son expression aimable cachait mal l’intense douleur qu’il ressentait.
    — Alexandrie a connu la gloire pendant des milliers d’années. Aujourd’hui, pour les non-musulmans, elle n’est plus que dangereuse. Il ne reste plus de Juifs, de Grecs, d’Européens… Tous ont fui et ne viennent plus que comme touristes. Pourquoi rester ?
    Il regarda de nouveau son fils avec amertume.
    — Promets-moi que tu partiras, Farag.
    — J’y avais déjà pensé, répondit ce dernier tourné vers moi. Mais je suis si heureux depuis mon retour que cela me coûte beaucoup de te faire cette promesse.
    Boutros se tourna vers moi.
    — Tu sais, Ottavia, que si Farag reste ici, il risque de mourir aux mains de la Gema’a al-Islamiyya ?
    Je gardai le silence. Boutros était peut-être paranoïaque, mais ses paroles firent leur effet et d’un regard je le fis comprendre à Farag.
    — C’est bon, papa, dit-il avec résignation. Tu as ma parole. Je ne reviendrai plus à Alexandrie.
    — Cherche un bon pays et un bon travail, je me chargerai de tes affaires.
    Nous gardâmes tous le silence. Je ne savais pas que l’on pouvait vivre dans une telle peur. Je pensai avec tristesse aux gens de Sicile menacés par ma famille ou celle de Doria. Pourquoi le monde était-il si horrible ? Pourquoi Dieu permettait-il que de telles choses se produisent ? J’avais passé la majeure partie de ma vie enfermée sous une cloche de verre ; il était temps de me confronter à la réalité.
    — Et si on se mettait au travail ? proposa le capitaine en posant sa serviette sur la table.
    Je secouai la tête comme pour me tirer d’un rêve et le regardai, surprise.
    — Travailler ?
    — Oui, professeur, travailler. Il est… (Il regarda sa montre.) Onze heures. Nous avons encore deux heures devant nous. Qu’en pensez-vous, Farag ?
    Farag réagit avec la même maladresse que moi.
    — Bien, bien, Kaspar, dit-il. Je suppose que nous n’aurons aucun problème pour accéder à la base de données du musée. J’espère qu’ils n’ont pas effacé mon code d’accès.
    Nous débarrassâmes la table rapidement à nous quatre et la cuisine fut rangée en peu de temps. Puis, comme il était peu probable que nous ayons l’occasion de le voir avant de partir, Boutros fit ses adieux à son fils et prit congé de moi avec une étreinte affectueuse avant de serrer la main du capitaine.
    — Faites bien attention à vous, dit-il en descendant l’escalier.
    — Ne t’en fais pas.
    Farag s’installa à sa table de travail et alluma l’ordinateur tandis que le capitaine enlevait une pile de revues posée sur une chaise, et l’approchait de l’appareil. Moi qui avais plutôt envie d’oublier les stavrophilakes, je fouinai parmi les rayonnages de la bibliothèque.
    — Très bien, nous y sommes, dit Farag. Introduisez votre nom d’usager : « Kenneth. » Introduisez votre code d’accès : « Oxyrhynchos. » Fantastique ! c’est accepté. Nous sommes dedans, annonça-t-il.
    — Il peut chercher des images ?
    — Il faut d’abord passer par des textes, on accède ensuite aux images reliées. Je vais chercher « serpent barbu ».
    — Dans quelle langue procèdes-tu ?
    — En arabe et en anglais. Ce dernier est plus pratique à cause du clavier. J’en ai un autre en arabe, mais je ne l’utilise presque jamais.
    — Je peux le voir ?
    — Bien sûr.
    Tandis qu’ils partaient à la chasse au serpent, je sortis le

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