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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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célébration des banquets funéraires. On l’a appelé ainsi parce qu’on a trouvé des milliers de fragments de vaisselle.
    — Justement, professeur, dit le capitaine en occupant de nouveau son fauteuil mais sans me rendre la revue, vous direz ce que vous voudrez, mais même cette histoire de banquets me paraît liée à la gourmandise.
    — C’est vrai, reconnus-je à mon tour.
    — Je connais ces catacombes comme ma poche, et je vous assure que ce ne peut pas être le lieu que nous cherchons. Pensez qu’elles ont été creusées dans le sous-sol et explorées dans leur totalité. Cette coïncidence avec certains détails du dessin n’est pas significative, il existe des centaines de sculptures, de dessins et de reliefs partout. Au deuxième étage par exemple, il y a de grandes reproductions de morts enterrés dans les niches et sarcophages. C’est très impressionnant.
    — Et au troisième ? voulus-je savoir.
    — Il est aussi consacré aux enterrements. Le problème, c’est qu’actuellement il est à moitié inondé par des eaux souterraines. De toute façon, je vous assure qu’il a été étudié à fond et ne recèle aucune surprise.
    Le capitaine se leva en regardant sa montre :
    — À quelle heure commencent les visites des catacombes ?
    — Si je me souviens bien, elles ouvrent à neuf heures et demie.
    — Eh bien, allons nous reposer. Nous serons là-bas à l’ouverture.
    Farag me regarda, désolé :
    — Tu veux que nous écrivions maintenant cette lettre pour ton ordre, Ottavia ?
    J’étais très fatiguée par toutes ces émotions et secouai la tête tristement.
    — Demain, Farag, nous les écrirons demain, quand nous serons en route pour Antioche.
    Ce que j’ignorais alors, c’est que nous ne monterions plus jamais dans le Westwind…
     
    À neuf heures et demie pile, comme l’avait dit Glauser-Röist, nous nous trouvions à l’entrée des catacombes. Un autobus rempli de touristes japonais venait de s’arrêter devant cette étrange maison de forme ronde au toit bas. Nous étions dans le quartier pauvre de Karmouz, où circulaient de nombreuses charrettes tirées par des ânes, dans un dédale de ruelles étroites. Pas étonnant qu’un de ces animaux fut à l’origine de la découverte d’un tel monument archéologique. Les mouches volaient en nuées compactes et bruyantes, et se posaient sur nos bras et visages avec une insistance repoussante.
    Un quart d’heure plus tard, un vieux fonctionnaire municipal, qui aurait dû, vu son âge, profiter d’une retraite méritée, s’approcha de la porte et l’ouvrit tranquillement comme s’il ne voyait pas les cinquante ou soixante personnes qui attendaient dans l’entrée. Il s’installa sur une petite chaise derrière une table où étaient posés des billets et, en nous saluant d’un Ahlan wasahlan, nous fit signe d’approcher. Le guide du groupe japonais essaya de passer avant nous, mais le capitaine s’interposa de sa haute taille et l’arrêta de quelques paroles polies en anglais.
    Farag ne paya que cinquante piastres. Le fonctionnaire ne le reconnut pas, pourtant cela ne faisait que deux ans qu’il avait travaillé là. Pour nous autres étrangers, le prix était de douze livres égyptiennes.
    En pénétrant dans la maison, on découvrait un trou dans le sol par lequel descendait un escalier en colimaçon creusé dans la roche. Nous commençâmes la descente d’un pas prudent.
    — À la fin du II e siècle, nous expliqua Farag, quand cet endroit était encore un cimetière très utilisé, on descendait les corps attachés à des cordes par cette ouverture.
    La première partie de l’escalier débouchait sur une espèce de vestibule avec un sol de pierre calcaire parfaitement nivelé. On voyait là deux bancs collés au mur, décorés d’incrustations de coquillages. Ce vestibule donnait à son tour sur une grande rotonde, où l’on avait édifié, au centre, six colonnes avec des chapiteaux en forme de papyrus. Partout, d’étranges reliefs avec un mélange presque surréaliste de motifs égyptiens, grecs et romains. Les salles pour les banquets funéraires étaient si nombreuses qu’elles formaient un véritable labyrinthe de galeries. J’imaginai une soirée dans ce lieu, aux alentours du I er siècle de notre ère, avec toutes ces pièces remplies de membres de la famille et d’amis, assis sur des coussins disposés sur les bancs de pierre, en train de célébrer, à la lumière des

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