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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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épaisse.
    — C’est une fausse paroi ! J’avais raison ! s’écria Farag.
    Et il se mit à la détruire avec une telle furie qu’il finit comme un enfant par avoir de la boue jusqu’aux sourcils. Quand, haletant et couvert de sueur, il termina d’ouvrir un grand trou dans le mur, j’essuyai plusieurs fois de ma main mouillée son visage pour le rendre un peu plus présentable. Il paraissait heureux.
    — Comme nous sommes intelligents, Basileia, répétait-il en se laissant faire.
    — Venez voir ! nous appela le capitaine, qui était passé de l’autre côté du faux mur.
    La torche électrique nous permit de contempler un spectacle superbe : à un niveau plus bas que le nôtre, une énorme salle hypostyle, dont les nombreuses colonnes de style byzantin formaient de longs tunnels voûtés, apparaissait, submergée jusqu’à mi-hauteur dans un lac noir qui brillait sous le rayon de lumière comme la mer à la lumière de la lune.
    — On dirait un dépôt de pétrole, mais ne restez pas là, suivez-moi.
    Heureusement, le pétrole était seulement de l’eau retenue dans un bassin obscur où commençait à se dessiner le flux blanchâtre de la nappe qui passait doucement depuis les catacombes. Nous enlevâmes ce qui restait de la fausse paroi et descendîmes quatre grandes marches.
    — Il y a une porte au fond de la salle, dit le capitaine. Venez !
    Nous avions de l’eau jusqu’au cou maintenant et avancions en silence dans un vaste couloir qui aurait pu contenir une barque de pêcheur. Nous nous trouvions dans une vieille citerne de la ville, un ancien bassin où les Alexandrins conservaient sûrement de l’eau potable en prévision des décrues annuelles du Nil, qui entraînaient le limon rouge du Sud, la fameuse plaie de sang que créa Yahvé pour libérer le peuple juif de l’esclavage en Égypte.
    Près du mur épais de pierres où se trouvait la porte, quatre marches nous permirent de sortir de l’eau. Aucun de nous ne fut surpris en découvrant un chrisme gravé sur la paroi de bois ; nous aurions même été très étonnés de ne pas le trouver. Très sûr de lui, le capitaine tourna la poignée de fer. La porte s’ouvrit sur une salle de banquet funéraire semblable à celles qui se trouvaient aux étages supérieurs. Stupéfaits, il nous fallut un moment pour réagir.
    — Que diable signifie cela ? tonna le capitaine en découvrant les bancs de pierre couverts de coussins moelleux et une table remplie de mets exquis.
    Farag et moi le bousculâmes pour entrer à notre tour. Divers flambeaux éclairaient la pièce, dont le sol et les murs étaient couverts de précieux tapis et tapisseries. On ne voyait aucune autre porte, pourtant quelqu’un avait dû quitter les lieux à toute vitesse, car les plats fumaient encore ; les coupes étaient remplies de vin, d’eau et de karkadé.
    — Cela ne me plaît pas du tout ! On dirait le dernier repas du condamné ! continua à rugir le capitaine. S’il s’agit d’un banquet funéraire, nous voilà bien !
    Je pris peur soudain. Sans que je sache très bien pourquoi, la pièce me parut sinistre malgré ses plats si délicatement préparés d’où se dégageaient d’exquis arômes.
    — Oh non ! balbutia Farag dans mon dos. Non !
    Je me retournai, alarmée par le ton angoissé de sa voix. Il retirait sa chemise d’un geste convulsif. Son torse était couvert d’étranges taches noires, grosses et larges comme des doigts, qui bougeaient.
    — Mon Dieu ! Des sangsues !
    Comme un possédé, Glauser-Röist posa sa torche sur un coin de la table et arracha les boutons de sa chemise. Son torse, comme celui de Farag, était couvert d’une vingtaine de ces répugnantes bestioles qui grossissaient à vue d’œil du sang chaud dont elles se nourrissaient.
    — Ottavia, déshabille-toi !
    Ce n’était pas le moment de protester ! Je les imitai d’un geste tremblant, au bord de la crise de nerfs, tandis qu’ils enlevaient leur pantalon. Ils avaient tous les deux les jambes assez poilues, mais cela ne paraissait pas gêner les sangsues qui s’étaient collées à leur peau. Mon corps était couvert de ces horribles bêtes. Avec dégoût, je tendis la main vers une de celles que j’avais sur le ventre, la saisis – elle était molle et humide comme la gélatine et rugueuse au toucher – et commençai à tirer.
    — Pas comme ça ! hurla le capitaine.
    Je ne sentis aucune douleur, pas plus que lorsque ces bêtes

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