Le dernier templier

et en proie à des sentiments contradictoires. Avec une certaine fierté, elle savait qu’il devait être ravi, mais qu’en même temps il ne pouvait le montrer. Encourager son imprudence était la dernière chose qu’il souhaitait.
    Il la fixa quelques instants en silence avant de sortir du véhicule et d’appeler un de ses subordonnés, auquel il demanda de faire aussitôt photographier tous les feuillets. Peu après, un autre agent arriva en courant avec un gros appareil photo. Reilly lui tendit les feuilles.
    Tess regarda le photographe les étaler sur le coffre de la voiture et se mettre au travail. Puis elle vit Reilly attraper un poste émetteur-récepteur et s’informer de la situation dans les tunnels. Alors qu’il marmonnait de manière inaudible dans la radio, il se tourna vers elle. Un instant, Tess crut qu’il lui avait souri.
    — J’ai besoin de descendre là-bas, lui dit-il après s’être déconnecté. Ils ont trouvé vos deux amis.
    — Et Vance ?
    — Aucun signe de lui.
    Cela ne le réjouissait manifestement pas.
    — Je vais demander à quelqu’un de vous ramener chez vous.
    — Il n’y a pas d’urgence, lui répondit-elle.
    Ce qui n’était pas totalement la vérité. Elle avait hâte de se débarrasser de ses vêtements mouillés et empestant les égouts, et de se relaxer dans un bain. Mais elle ne voulait pas s’en aller avant que le photographe ait fini. En réalité, elle avait hâte de jeter encore un coup d’oeil sur ces documents qui étaient à l’origine de tout.
    Reilly s’éloigna en la laissant seule dans la voiture. Elle le vit discuter avec deux autres agents. Puis ils se dirigèrent tous ensemble vers l’entrée de la station.
    Brusquement, ses pensées furent interrompues par la sonnerie de son portable. Le cadran afficha son propre numéro de domicile.
    — Tess, ma chérie, c’est moi.
    C’était Eileen.
    — Maman, je suis désolée. J’aurais dû t’appeler.
    — M’appeler ? Pourquoi ? Il y a un problème ?
    Elle laissa échapper un soupir de soulagement. Effectivement, il n’y avait aucune raison pour que sa mère s’inquiète à son propos.
    — Non. Bien sûr que non. Et toi, que se passe-t-il ?
    — Je me demandais simplement à quelle heure tu rentrais à la maison. Ton ami est déjà là.
    Tess sentit soudain un frisson lui parcourir l’échiné.
    — Mon ami ?
    — Oui, chantonna presque sa mère. Un homme charmant. Je te le passe, ma chérie. Ne rentre pas trop tard. Je lui ai demandé de rester dîner.
    Tess entendit le téléphone changer de main. Puis une voix familière retentit.
    — Tess, ma chère. C’est Bill. Bill Vance.

39
    Tess se raidit sur son siège. Une boule venait de se former dans sa gorge. Il était là-bas, dans sa propre maison. Avec sa mère. Et... Kim.
    Les doigts serrés sur le téléphone, elle s’écarta de la portière du véhicule.
    — Que faites-vous... ?
    — Je pensais que tu serais déjà là, la coupa-t-il calmement. Je ne crois pas m’être trompé d’heure. Ton message disait que c’était assez urgent.
    « Il se trouve dans ma maison et il joue avec nous. »
    Une colère sourde se mit à bouillir en elle.
    — Si vous leur faites du mal, je jure...
    — Non, non, non, l’interrompit-il. Ce n’est pas un problème. Mais je ne peux vraiment pas rester trop longtemps. J’aurais adoré accepter l’invitation de ta mère et dîner avec vous trois, mais je dois regagner le Connecticut. Tu m’as dit que tu avais quelque chose pour moi. Quelque chose que tu voulais que je regarde.
    « Les manuscrits. Il veut les récupérer. »
    Vance ne voulait pas causer le moindre ennui à sa mère et à Kim. Il s’était présenté en ami et se comportait comme tel. Sa mère ne saurait pas que quelque chose n’allait pas. « Bien. Continuons dans cette voie. »
    — Tess ? demanda-t-il avec une troublante sérénité. Es-tu encore là ?
    — Oui. Vous voulez que je rapporte les manuscrits.
    — Ce serait formidable.
    Son esprit s’arrêta sur son portefeuille gisant au milieu du désordre sur le sol de la cave de Vance. Elle se maudit d’avoir renoncé à le récupérer. Nerveuse, elle regarda par la vitre de la voiture. Seul le photographe se trouvait à proximité. Il prenait encore des clichés des parchemins.
    — Je suis en route. S’il vous plaît, ne faites rien...
    — Bien sûr. Je t’attends, alors. Est-ce que quelqu’un d’autre se joint à nous ?
    Tess