Le dernier templier
fronça les sourcils.
— Non.
— Parfait.
Il marqua une pause. Tess se demanda ce qu’il faisait.
— Ce serait merveilleux de passer un peu de temps ensemble et d’apprendre à les connaître un peu mieux, poursuivit-il enfin. Kim est une petite fille délicieuse.
Donc elle était bien là.
— Je viens seule, ne vous inquiétez pas, indiqua Tess fermement.
— Ne tarde pas trop.
Elle l’entendit raccrocher le téléphone. Pendant un moment, elle continua de tenir son portable à son oreille. Essayant d’assimiler ce qui venait d’arriver, elle repassait dans sa tête toute la conversation. Elle avait une grande décision à prendre.
« Est-ce que je le dis à Reilly ? »
Elle connaissait la réponse : évidemment ! Mais c’étaient sa famille et elle qui étaient impliquées. Sa mère et sa fille se trouvaient entre les mains d’un homme détruit. Si elle brûlait de tout raconter à Reilly, elle n’avait pas la moindre envie de prendre le risque de provoquer une prise d’otages.
Se raccrochant à un espoir ténu, elle essaya de se convaincre que Vance ne leur ferait rien. Après tout, il ne lui avait pas vraiment fait de mal. Il s’était même excusé. Seulement maintenant, elle s’était mise en travers de sa route et elle possédait des documents cruciaux pour sa mission. Des documents pour lesquels, Reilly n’avait pas manqué de le souligner, des gens étaient morts.
Non, elle ne pouvait courir ce risque. Sa famille était en péril.
Elle se retourna vers le photographe. Il avait fini. Son portable encore collé à l’oreille, elle se dirigea vers lui.
— Oui, dit-elle haut et fort dans le téléphone déconnecté. Il vient de finir de les photographier.
Elle adressa un signe de tête au photographe et hérita d’un sourire.
— Oui. Je les rapporte tout de suite... Allez-y et commencez à lancer les machines.
Refermant le clapet du portable, elle s’adressa au fonctionnaire du FBI.
— Est-ce que vous êtes sûr que les documents vont bien ressortir sur vos clichés ?
Sa question le surprit.
— J’espère bien. Je suis payé pour ça.
Il s’écarta des manuscrits et Tess s’empressa de les rouler.
— Je dois me dépêcher d’aller les porter au labo.
On parlait toujours de labo dans les séries télé. Il fallait juste qu’elle ait l’air suffisamment crédible. Jetant un regard vers l’appareil photo, elle ajouta :
— Reilly veut que ces clichés soient développés rapidement. Vous pouvez le faire pour lui ?
— Bien sûr. Aucun problème... vu que je travaille en numérique.
Comprenant son erreur, Tess grimaça. Elle retourna vers la voiture de Reilly en tâchant de paraître aussi sereine que possible. Ce n’est qu’au prix d’un suprême effort de volonté qu’elle parvint à ne pas courir. Arrivée près de la portière du conducteur, elle constata avec soulagement que les clés étaient encore là où elle avait vu Reilly les laisser. Elle s’assit au volant et mit le contact.
Scrutant les visages alentour, elle pria pour ne pas apercevoir l’agent spécial. Mais il n’était pas dans le coin, pas plus que son équipier. Elle dégagea la voiture garée en double file. Louvoyant au milieu des véhicules de police, elle s’avança tout doucement. D’un air penaud, elle sourit à deux policiers qui lui faisaient signe de passer. Elle espérait que la terreur qu’elle ressentait au fond d’elle-même ne transparaissait pas.
Dès que la voie fut libre, elle s’éloigna encore de quelques mètres, jeta un coup d’oeil dans le rétroviseur, et accéléra pour filer aussi vite que possible, direction Westchester.
40
En pénétrant dans l’allée devant sa maison, Tess évalua mal la distance de la bordure et la heurta durement avant de s’arrêter dans un grand crissement de freins.
Assise sans bouger, tétanisée par la peur, elle regarda ses mains. Elles tremblaient. Sa respiration était hachée, haletante. De toutes ses forces, elle essaya de s’apaiser. Elle devait surtout rester calme.
Elle sortit du véhicule et regretta soudain sa décision de cacher à Reilly ce nouveau développement. Elle aurait encore eu le temps de venir ici, pendant qu’il organiserait... Quoi ? Une unité d’intervention, des hommes avec des fusils et des mégaphones tout autour de la maison, hurlant « Sortez, les mains en l’air ! » ? Des heures de négociations pénibles autour des otages avant l’inévitable assaut ?
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