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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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épouseras celui que nous avons choisi, telle est notre volonté. C'est notre dernier mot ! »
    Les jambes du roi s'agitèrent en tremblant au bord du lit et, précautionneusement, il se mit debout. Malgré sa splendide tunique vermillon à col mandarin surmontant un panung de soie noire, la fragilité de son corps était manifeste. Les manches trois quarts laissaient entrevoir des bras grêles et des mains ridées chargées de bagues. De rares cheveux gris et une peau jaunâtre toute parcheminée accentuaient encore l'impression de grand âge. Le roi venait juste d'entrer dans son sixième cycle et de joyeuses festivités avaient commémoré dans tout son vaste empire son soixantième anniversaire.
    Ses yeux noirs luisant de colère, il fit quelques pas chancelants en direction de sa fille.
    «Comment oses-tu t'opposer à nous, fille rebelle? La vérité, c'est que ce ne sont pas les origines de Pra Piya qui te préoccupent mais plutôt ta passion mal placée pour notre frère disgracié ! »
    Oscillant comme s'il était frappé par un vent invisible et puissant, le roi surplombait de toute sa taille sa fille aplatie sur le sol. Personne, pas même sa sœur la princesse ou le Premier Gentilhomme de la Chambre, n'osait lui venir en aide. Cependant, au fond de son cœur, Yut'atip adressait une prière désespérée au Bouddha : « Seigneur, faites que cette scène ne se pro-
    longe pas car je crains que la santé de mon frère n'y résiste pas. »
    «Mon oncle infortuné n'a-t-il pas déjà assez souffert ? s'exclama Yotatep d'une voix vibrante. Notre foi nous enseigne le pardon. Aussi, pourquoi notre noble Père ne peut-il absoudre son frère et le rappeler auprès de lui ?
    - Rappeler ce traître? rugit le roi. Jamais! Nous avons déjà manifesté assez de bonté en lui laissant la vie. C'est assez d'indulgence, bien plus qu'il ne le mérite. Les lois de ce pays exigeaient une sanction bien plus sévère, et si...»
    Il se mit soudain à suffoquer et s'interrompit, le visage contracté. Chancelant, il avança à tâtons pour trouver un soutien et finit par s'écrouler sur les coussins, cherchant toujours désespérément son souffle.
    Un long moment s'écoula. Puis un doigt se dressa, menaçant. «Tu épouseras Piya, fille, ou bien nous te bannirons à jamais de notre vue ! »
    La jeune princesse se mit à trembler de tous ses membres et le châle drapé autour de son torse nu glissa à terre. Elle le laissa là, trop effrayée pour s'en soucier.
    Paralysé par l'effort, frôlant l'asphyxie, le roi était à demi évanoui. Il lutta un instant contre cette somnolence aussi irrésistible que soudaine, caractéristique de sa maladie. Finalement, ses yeux se fermèrent. Aussitôt, sa sœur la princesse lança une série d'ordres. Deux esclaves s'avancèrent en rampant et se mirent à agiter leurs éventails de bambou pour créer un mouvement d'air en direction du Maître de la Vie. Leurs bras se levaient en cadence tandis que deux autres domestiques plaçaient dans des soucoupes de nouveaux bâtonnets d'encens qu'ils déposèrent auprès du roi.
    La princesse Yut'atip se tourna vers le Premier Gentilhomme de la Chambre.
    «Omun, va immédiatement chercher le prêtre-docteur français. C'est un malheur qu'il ne soit pas venu
    de toute la semaine. La santé de mon honorable frère s'est fortement détériorée.
    - Noble dame, qu'il en soit fait selon vos ordres.»
    Le Premier Gentilhomme de la Chambre sortit en
    rampant à reculons, veillant à ne pas offenser la royale assemblée par la vue de son postérieur.
    Resserrant les pans de son châle noir qui couvrait sa poitrine affaissée, Yut'atip s'approcha de son frère en se traînant sur les coudes et les genoux. Elle saisit une fine tasse de porcelaine Ming posée sur une petite table à côté du lit et la porta aux lèvres du roi. Le Seigneur de la Vie se pencha, très affaibli, et réussit à avaler quelques gorgées. Puis ses paupières se refermèrent à nouveau, et il retomba dans une demi-inconscience.
    Sa sœur se tourna vers Yotatep, toujours prostrée.
    « Regarde ce que tu as fait ! gronda-t-elle sévèrement. Ton entêtement et ta désobéissance causeront la ruine de cette dynastie. Ton noble Père est le plus grand monarque que ce pays ait connu depuis deux siècles et voilà que tu raccourcis sa vie par ton égoïsme ! Le problème de la succession est plus important que tes désirs personnels ! »
    Sa voix fléchit sous le coup de l'émotion. «Comment

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