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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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sombre qui lui paraissait infiniment plus beau que les Européens. Les hommes avaient une ossature mince, des membres bien proportionnés et portaient un pagne de couleur vive. Mais c'était surtout les femmes qui I étonnaient avec leur poitrine nue ou recouverte d'un tissu lâche. Elles avaient des cheveux noirs et raides, des pommettes saillantes, des yeux en amande et un sourire permanent aux lèvres. Avec leurs doigts fins, leur peau lisse et ambrée, elles affichaient une beauté fraîche et saine.
    L'attention suscitée par sa présence n'effaroucha nullement Nellie. Bien au contraire, elle en fut séduite. «Je vais me plaire ici, Mark. Pour une fois que les femmes s'intéressent plus à moi qu'à toi ! »
    Ces promenades étaient, certes, agréables, mais le temps passait et ils se trouvaient encore bien loin d'Ayuthia. Au bout de quelques jours, le plaisir de la nouveauté s'estompa pour céder la place à une dévorante frustration. Partout où ils allaient, le même serviteur corpulent les escortait et personne ne semblait parler autre chose que le siamois ou le péguan. Parviendraient-ils jamais à s'échapper?
    Ce fut Mark qui, le premier, eut l'idée de chercher une assistance auprès du prêtre local. Il avait suivi avec assiduité ses leçons de siamois et, ce matin-là, avait même réussi à prononcer dans le dialecte local : «C'est demain dimanche.» Comme sa mère, il ne croyait guère que Thomas Ivatt faciliterait leurs projets de voyage. Convaincue à son tour qu'un prêtre pourrait se montrer favorable à leur cause, Nellie demanda au gouverneur la permission d'assister à la
    messe dans la petite église qui se dressait en haut de la colline.
    «Ainsi, vous êtes catholique? demanda Ivatt.
    - En effet, Excellence», répondit-elle en mentant effrontément.
    Il la fixa avec une admiration non déguisée. Elle avait revêtu les vêtements du pays: un panung bleu foncé autour de la taille et un châle assorti qui drapait sa poitrine sans la comprimer. Ses bras, ses épaules et ses jambes, d'une blancheur de lys, se retrouvaient pour la première fois exposés au soleil. L'enthousiasme manifeste d Ivatt pour sa nouvelle tenue rassura Nellie car elle avait craint de paraître ridicule habillée de la sorte. Voir le gouverneur la dévorer ainsi des yeux augurait bien de l'avenir.
    «Comptez-vous éprouver les vœux de chasteté du prêtre, Mrs. Tucker?»
    Nellie éclata de rire.
    «C'est vous, Excellence, qui avez suggéré que nous visitions le marché. Je pensais que vous seriez intéressé de voir ce que j 'en avais rapporté.
    - Tout à fait seyant, Mrs. Tucker. Je vous félicite.
    - Merci, Excellence. Mais, rassurez-vous, je n'ai aucune intention de m'habiller de la sorte pour me rendre à l'église. »
    Tout en sachant ces vêtements flatteurs, elle éprouvait encore quelque gêne à montrer ainsi ses jambes en public. Au marché, les femmes avaient poussé de petits cris d'émerveillement en découvrant la pâleur de sa peau tandis qu'elles lui montraient comment enrouler le panung autour de sa taille. Les premières réticences de Nellie s'étaient vite envolées en constatant combien le tissu était frais et confortable.
    «Comptez-vous assister vous-même à la messe, Excellence ?
    - Non, Mrs. Tucker. Je suis bouddhiste. »
    Nellie fut soulagée d'apprendre qu'Ivatt ne les accompagnerait pas à l'église.
    « Connaissez-vous le prêtre ?
    - Le père Carvalho? Vaguement. Un Portugais, à ce qu'il me semble.
    - Je me permettrai de le saluer de votre part. »
    Ivatt sourit. «Je ne pense pas que nous ayons grand-
    chose en commun, lui et moi. »
    Exactement ce que Nellie avait espéré. «A propos, Excellence, j'imagine que vous avez écrit à Lord Phaulkon ? »
    Ivatt hésita. «En effet, Mrs. Tucker, mais le courrier n'est pas encore parti. J'attends d'autres documents qui doivent être envoyés à Avuthia en même temps. »
    Nellie fronça les sourcils. « Mais, Excellence, vous m'aviez promis...
    - Chaque chose en son heure, Mrs. Tucker. Si vous avez l'intention de séjourner durablement au Siam vous découvrirez bien vite que nous n'accordons pas ici la même valeur au temps. Que sont quelques jour ; de perdus dans le cours d'une vie?»
    La petite église en haut de la colline avait sérieusement besoin de réparations. Les murs blanchis à la chaux s'écaillaient, tout comme la peinture bleue d< s volets et du dôme. Cependant, le petit jardin qui l'entourait semblait bien

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