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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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enthousiaste d’un « récital d’élocution » donné la veille par Logue au Club lyrique, sous le titre À défaut d’être né anglais, je souhaiterais être ce que je suis, un « colonial typique ». Logue, précisait l’auteur, était « l’heureux propriétaire d’une voix d’une singulière musicalité, aux intonations raffinées, et d’une gracieuse maîtrise du geste que l’on ne saurait soupçonner de redondance ». Et il concluait : « M. Logue n’a rien à craindre de ses concurrents, et son récital s’est distingué par son expression dramatique, la pureté de son énonciation, et un goût subtil de l’humour qui lui a valu l’approbation enthousiaste du public. »
    C’est alors qu’eut lieu le premier des nombreux bouleversements de sa vie. En dépit de sa réputation croissante à Adélaïde, il décida de plier bagage et de déménager à plus de deux mille kilomètres à l’ouest pour travailler dans une compagnie du génie électrique qui était en train d’équiper les mines d’or de Kalgoorlie, en Australie-Occidentale. La ville s’était développée rapidement depuis que la découverte de riches gisements alluviaux au début des années 1890 avait déclenché une ruée vers l’or. Dès 1903, Kalgoorlie comptait trente mille habitants, ainsi que quatre-vingt-dix-neuf hôtels et huit brasseries. Mais c’en était fini de l’époque des prospecteurs solitaires, et le secteur commençait à être dominé par les exploitations minières à grande échelle.
    Logue n’y resta pas longtemps. Quand son contrat arriva à terme, il avait cependant amassé assez d’argent pour se détendre quelques mois, tout en réfléchissant à la prochaine étape de sa vie. Il choisit de poursuivre vers l’ouest, vers les environs plus civilisés de Perth, la capitale de l’État, ce qui n’a rien d’étonnant. L’Australie-Occidentale avait toujours été considérée comme éloignée de tout et sans importance par les gens de l’Est, mais la découverte d’or à Kalgoorlie avait tout changé, et la région devint un acteur incontournable, en particulier lors des débats sur la Fédération, avant 1901.
    Installé à Perth, Logue ouvrit une nouvelle école d’élocution et fonda également le club d’expression orale de la ville en 1908. L’année précédente, il avait rencontré Myrtle Gruenert, une employée de bureau qui, à vingt-deux ans, était de cinq ans sa cadette et partageait sa passion pour le théâtre amateur. D’origine allemande, l’imposante jeune femme dépassait Lionel de plusieurs centimètres. Son grand-père, Oskar Gruenert, était arrivé de Saxe, dans l’est de l’Allemagne. Son père Francis était comptable. Il était fier de ses racines germaniques et était secrétaire de la Verein Germania, association d’Australie-Occidentale. Francis, longtemps malade, était mort subitement en août 1905, à seulement quarante-huit ans, laissant derrière lui son épouse, elle aussi prénommée Myrtle et âgée de quarante-sept ans, Myrtle, qui avait vingt ans à l’époque, et son frère Rupert.
    Lionel et Myrtle furent mariés le 20 mars 1907 à la cathédrale St. George par le chanoine de Perth ; l’événement fut apparemment si important qu’il eut droit le lendemain aux honneurs du West Australian. La jeune mariée, comme le rapporta le quotidien, était magnifique dans une robe de mousseline blanche. Elle portait aussi en couronne un voile de tulle blanc, aux coins brodés de motifs floraux en soie blanche. Après la cérémonie, une réception fut donnée au salon de thé Alexandra, sur Hay Street, où la mère de Myrtle, vêtue d’une robe de mousseline bleu foncé, reçut les invités. Le couple passa sa lune de miel à Margaret River, au sud de Perth, et ils visitèrent les grottes qui, depuis peu, attiraient une foule de touristes.
    Les jeunes mariés vinrent vivre au 9, Emerald Hill Terrace. Quand leur premier enfant, Laurie Paris Logue, naquit le 7 octobre 1908, ils s’installèrent sur Collin Street. Myrtle, avec qui Logue allait passer les quarante années qui suivraient, était un personnage énergique et hors du commun. « Mon épouse est une femme fort athlétique, déclara-t-il à un journal, des années plus tard. Elle pratique l’escrime, la boxe, la natation et le golf, elle est bonne actrice et une merveilleuse épouse. » C’était elle, dit-il un jour, qui « le poussait à de plus grandes choses ».
    *
    Il

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