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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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il fait bon vivre – mais fort peu indiqué pour élever des enfants, expliqua Logue dans une lettre à sa belle-mère. Les Américains sont un peuple étrange et merveilleux – c’est un pays de corruption, de malhonnêteté et de prostituées… Et pourtant, c’est un des pays les plus fascinants du monde. »
     
    Les Logue débarquèrent à Liverpool le 11 mai et firent quatre heures de train pour rallier Londres. La campagne anglaise, proclama Myrtle dans une autre lettre à sa mère, était un « pays des merveilles, pittoresque à l’extrême, des champs verts tous divisés en parcelles par ces superbes haies d’aubépine, et les canaux, où les péniches sont remorquées par un vieux cheval et un homme sur le chemin de halage ». En revanche, sa première impression de la capitale de l’Empire (après un souper et une promenade à Piccadilly et sur Trafalgar Square) ne fut pas particulièrement positive ; comparée à New York, elle avait quelque chose de « provincial ».
    Mais Londres eut tôt fait de les séduire, et Myrtle ne tarda pas à s’enthousiasmer pour ce qu’ils y virent. Ils n’échappèrent pas aux monuments comme le British Museum, la tour de Londres, Madame Tussaud’s, Hampton Court et, bien sûr, Buckingham Palace – dont Logue deviendrait plus tard un visiteur régulier. Myrtle n’en apprécia guère l’extérieur : « C’est un endroit sale, vieux, gris et laid, hideux au-delà de toute description, et devant les grilles se dresse le magnifique nouveau mémorial à Victoria, inauguré le mois dernier, décrit-elle. Ce chef-d’oeuvre grandiose condamne au rebut la monstruosité nue de Buckingham Palace. »
    Ils se rendirent souvent au théâtre, où ils virent, entre autres, le grand Charles Hawtrey, qu’ils adorèrent, et Marie Lohr, née en Australie, qu’ils n’apprécièrent point : comme toutes les Anglaises, elle était trop mince et était devenue célèbre beaucoup trop tôt pour son bien, pensait Myrtle. Logue et elle dînèrent aussi fréquemment en ville, même s’ils furent déçus par le fait que tous les restaurants londoniens fermaient nettement plus tôt qu’à New York.
    Ils se rendirent également à Oxford, où des amis d’amis les convièrent à assister aux compétitions annuelles d’aviron, au cours desquelles les rameurs des universités s’affrontaient sur la rivière. Ils passaient les matinées à visiter les différentes universités, et se réjouissaient du spectacle des centaines de barques joyeusement décorées d’où les hommes en flanelle blanche et les dames en jolies robes admiraient les courses. Un ami les emmena à leur tour en barque, confortablement installés sur des coussins tandis qu’il ramait et leur montrait toutes les curiosités. C’est à regret qu’ils quittèrent Oxford, après ce que Logue décrit dans une lettre à Myra comme « six jours au paradis ».
    Le 22 juin, ils vécurent un des temps forts de leur séjour en Grande-Bretagne. Ils se trouvaient dans la foule venue assister au couronnement du roi George V, le « roi marin » qui avait succédé à son père Édouard VII, en mai de l’année précédente. Londres s’était muée en une masse grouillante d’humanité, ses rues étaient décorées de tant de bouquets et d’éclairages électriques que Myrtle se crut transportée dans quelque contrée féerique. La veille au soir, les gens avaient commencé à se regrouper près des meilleurs points de vue, dormant sur le trottoir, et tout le monde devait être en place dès 6 heures du matin. Kaufmann, un ami que Logue avait rencontré sur le Teutonic, se débrouilla pour lui procurer une carte de presse qui lui permit de se faufiler jusqu’aux portes de l’abbaye de Westminster.
    Brandissant la carte, Logue et Kaufmann s’y rendirent tranquillement à 9 h 30, et la police les laissa passer jusqu’à un point situé à quelques centaines de mètres seulement de Buckingham, d’où ils jouirent d’une vue imprenable sur le roi et la reine dans leur carrosse doré. « La foule était très enthousiaste, mais les Anglais ont tous peur de faire du bruit », écrivit-il encore.
    Le lendemain avait lieu le défilé du cortège royal dans les rues de Londres, et Logue et Myrtle eurent droit à des places dans la tribune de l’Amirauté, juste devant la nouvelle Arche de l’Amirauté. Ils durent patienter de 7 h 15 à 13 h 30, mais le temps leur parut court, et ils se

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