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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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retransmis par la BBC non seulement à ses sujets en Grande-Bretagne, mais aussi à ceux des lointaines possessions de l’Empire, y compris la terre natale de Logue. Jamais encore un roi nouvellement couronné n’a été en mesure de parler à l’ensemble de ses sujets, chez eux, le jour de son couronnement…
    La sueur dégoulinait le long de la colonne vertébrale de Logue.
    « La reine et moi vous souhaitons à tous santé et bonheur, et nous n’oublions pas en cet instant de joie ceux qui vivent dans l’ombre de la maladie », poursuivit le roi, « magnifiquement », pensa Logue.
    « Je peine à trouver les mots pour vous remercier de votre amour et votre loyauté envers la reine et moi-même. […] Je dirai seulement ceci : que si, dans les années à venir, il m’est donné de vous manifester ma gratitude en vous servant, c’est de cette façon plus que toute autre que je choisirai de le faire. […] La reine et moi garderons toujours ce jour en nos coeurs comme une source d’inspiration. Puissions-nous toujours nous montrer dignes de la bienveillance dont je suis fier de penser qu’elle nous entoure en ce début de mon règne. Je vous remercie du fond du coeur, et que Dieu vous bénisse tous. »
    Le temps que le discours prenne fin, Logue était si ému qu’il ne pouvait plus parler. Le roi offrit à Wood sa médaille du couronnement et, peu après, la reine les retrouvait. « C’était merveilleux, Bertie, bien mieux que l’enregistrement », lui dit-elle.
    Le roi fit ses adieux à Wood et, se tournant vers Logue, lui serra la main en disant : « Bonne nuit, Logue, et merci beaucoup. » La reine fit de même, ses yeux bleus se mettant à briller quand, submergé par l’émotion du moment, l’Australien répondit : « Il n’y a rien de plus important dans ma vie, Votre Majesté, que de pouvoir vous servir. »
    « Bonne nuit. Merci », répéta-t-elle, avant d’ajouter gentiment : « Dieu vous bénisse. »
    Les yeux de Logue s’embuèrent de larmes et, se sentant un peu idiot, il redescendit vers le bureau de Hardinge, où il prit un deuxième whisky soda, ce qu’il regretta presque aussitôt. C’était une bêtise, se dit-il plus tard, surtout sur un estomac vide. Le monde entier se mit à tourner autour de lui tandis que son élocution se faisait plus hésitante. Il se rendit néanmoins à la voiture qui l’attendait avec Hardinge, qu’il déposa à St. James. Revenant sur les événements historiques de la journée, il pensait sans cesse à deux choses : le ton sur lequel la reine lui avait dit « Dieu vous bénisse », et à quel point il était urgent qu’il aille chez le dentiste.
    Il resta alité presque toute la journée du lendemain, ignorant la sonnerie insistante du téléphone, ses amis l’appelant pour lui transmettre leurs félicitations. Dans l’ensemble, les journaux avaient apprécié le discours. « Hier soir, la voix du roi était forte et grave, ressemblant de façon troublante à celle de son père, rapporta le Star. Ses paroles étaient fermes, claires, et sans hésitation. » Les deux hommes n’auraient pu rêver de plus parfaite consécration.
    I - Les notes bibliographiques se trouvent en fin d’ouvrage.

Chapitre deux
    Le « colonial typique »
    Dans les années 1880, Adélaïde était une ville fière et au sens civique développé. Baptisée en l’honneur de la reine Adélaïde, épouse allemande du roi Guillaume IV, elle avait été fondée en 1836, et il avait été envisagé à l’époque d’en faire la capitale d’une province britannique en Australie où les colons auraient été libres de s’implanter. Son tracé était géométrique, fait de larges avenues et de grands espaces publics entourés de parcs. Quand elle fêta son cinquantenaire, elle était devenue un lieu où il faisait bon vivre : depuis 1860, les habitants profitaient de l’eau courante, en provenance du réservoir de Thornton Park, des tramways hippomobiles et les chemins de fer facilitaient les déplacements et, la nuit, les rues étaient éclairées par des réverbères au gaz. En 1874, elle s’était dotée d’une université. Sept ans plus tard, la South Australian Art Gallery ouvrait ses portes pour la première fois.
    C’est là, près de la cité universitaire, à la lisière de la ville, que naquit Lionel George Logue, le 26 février 1880, l’aîné de quatre enfants. Son grand-père, Édouard Logue, était originaire de Dublin. Il

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