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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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ou deux semaines, mais y restèrent finalement plus d’un mois.
    La vie dans une grande ville américaine était une expérience culturelle fascinante. Myrtle fut particulièrement impressionnée par les drugstores, où l’on pouvait acheter aussi bien des médicaments que des cigares, par les cafés et par le nombre étonnant d’automobiles. Mais le manque de tenue des femmes du cru, qui « vous fixent, posent leurs coudes sur la table, beurrent leur pain en l’air les coudes sur la table, prennent leurs os de poulet avec les doigts et utilisent des cure-dents chaque fois qu’elles en ont l’occasion », fut beaucoup moins apprécié.
    À Chicago, les Logue firent sensation. Grâce à des amis d’amis, dont certains rencontrés sur le bateau, ils furent invités à des dîners dans de somptueuses demeures et des restaurants de luxe, et purent participer à des événements prestigieux. Ils assistèrent en outre à un certain nombre de pièces et de spectacles. Lionel était spirituel et d’agréable compagnie. Étant australiens, Myrtle et lui durent aussi paraître un rien exotique aux Américains. Mais ils n’étaient pas là que pour s’amuser. Le jour, ils se rendirent à la Northwestern University pour suivre les cours et les conférences de Robert Cumnock, professeur d’élocution qui avait fondé l’école d’éloquence de l’université et dont Myrtle décréta qu’il était « tout simplement charmant ». Logue fit lui aussi des récitations et des présentations aux étudiants sur la vie en Australie.
    Puis ils repartirent, passèrent par les chutes du Niagara, et arrivèrent à New York dont les dimensions les époustouflèrent tous deux. « Je me suis rendue hier dans un chemin de fer souterrain, y ai voyagé pendant près d’une heure, et quand je suis ressortie, je me trouvais toujours à New York », écrivit Myrtle, médusée 5 . Ils furent aussi frappés par le nombre incroyable d’étrangers dans la ville, dont beaucoup peinaient à parler même l’anglais le plus simple. Broadway, et ses kilomètres de « réclames en lumières électriques », les éblouit de ses feux, et Logue emmena son épouse à l’Opéra pour la première fois. Ils grimpèrent en haut de la statue de la Liberté et profitèrent des manèges de Coney Island. Là encore, leurs relations australiennes leur permirent d’être rapidement introduits dans la société locale – et de goûter à quelques soirées dispendieuses en ville. Ces dernières offraient un contraste marquant avec la brutalité de la vie new-yorkaise : « New York est bel et bien une ville d’atrocités et d’anarchie, écrivit Myrtle à sa mère. Les journaux regorgent de scènes grand-guignolesques, et nous ne sortons jamais sans notre revolver, une beauté que Lionel a achetée dès notre arrivée. »
    Comme il l’avait fait à Chicago, Logue rencontra les experts de son domaine, dont le Canadien Grenville Kleiser, qui avait rédigé plusieurs livres fondateurs et des guides pratiques sur la rhétorique et l’élocution. Logue prit également la parole dans les clubs d’expression orale new-yorkais et au YMCA. À l’occasion d’un déplacement à Boston, il fit la connaissance de Leland Todd Powers, spécialiste de l’élocution, créateur de la School of the Spoken Word. Il y tint un discours, ainsi qu’à la prestigieuse École Emerson de rhétorique.
    Durant le temps qu’il passa sur la côte Est, Logue rencontra aussi le futur président Woodrow Wilson, alors recteur de l’université de Princeton. « Un Américain parmi les meilleurs, déclara-t-il au Sunday Times de Perth à son retour, dans un entretien à propos de son voyage 6 . Il a des yeux perçants qui donnent l’impression de voir clairement en vous. Un homme d’une grande intelligence et d’une grande personnalité, mais tout à fait aimable et modeste. Beaucoup pensent qu’il sera le prochain président des États-Unis. » Fervent collectionneur d’autographes, il conserva précieusement une lettre que lui avait envoyée Wilson, rédigée de son écriture soignée d’universitaire.
    Il était temps de repartir. Le 3 mai, Lionel et Myrtle embarquèrent sur le Teutonic, de la compagnie White Star – celle qui, l’année suivante, lancerait le malheureux Titanic –, en route pour Londres. Leur séjour en Amérique avait été une aventure de bout en bout. « Nous avons passé un moment merveilleux en Amérique, et c’est un endroit où

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