Le discours d’un roi
comportèrent « comme des enfants quand le roi et la reine passèrent dans leur magnifique carrosse tiré par les célèbres huit chevaux crème, chacun avec son postillon et le chef d’attelage ». Les Logue trouvèrent en outre le temps de rendre visite à Edith Nesbit, auteur de The Railway Children IV , qui était une cousine éloignée, dans sa belle demeure dans la campagne du Kent. Une excursion qui enchanta particulièrement Myrtle.
À l’origine, ils avaient eu l’intention de poursuivre leur voyage en Europe, mais ils se heurtèrent à des difficultés : Logue avait investi une partie importante de ses économies dans des actions du Bullfinch Golden Valley Syndicate, qui avait suscité une grande agitation à la Bourse de Perth en décembre précédent, ayant prétendu avoir trouvé un nouveau gisement près de Kalgoorlie. Mais les prévisions de la société étaient exagérément optimistes, et le prix de l’action s’était effondré quelques mois plus tard, engloutissant du même coup l’essentiel des économies du couple. Ils envoyèrent un câble à oncle Paris afin qu’il leur transfère un peu plus d’argent. Mais, conscients de la nécessité de se montrer raisonnables, ils décidèrent de séjourner quelques jours chez des proches à Birmingham.
Le 6 juillet, ils rentrèrent chez eux depuis Liverpool, à bord du SS Suevic, de la White Star, un liner transocéanique spécialement conçu pour naviguer jusqu’en Australie. Plus tard dans le mois, le couple arriva sans incident dans le King George Sound, à Albany, en Australie-Occidentale. « Alors, en avez-vous assez des voyages pour le moment ? » demanda-t-on à Logue lors de cet entretien au Sunday Times de Perth au sujet de ses voyages, au cours duquel il avait évoqué sa rencontre avec Woodrow Wilson. « C’est le cas, en effet, répondit-il. L’Australie est le plus beau pays du monde. »
De retour chez lui, Logue sut tirer profit de ses expériences en Grande-Bretagne. Quand un programme exceptionnel, intitulé L’Angleterre royale, fut monté pour le couronnement au Nouveau Théâtre Royal de Perth au mois d’août, Logue fut désigné pour se charger du commentaire destiné à accompagner un spectacle « d’images animées spécialement cinématographiées par C. Spencer depuis des emplacements privilégiés le long du parcours ».
Logue n’aurait certes pu imaginer qu’un jour il serait consulté par le fils du roi pour ses problèmes d’élocution, mais ses performances théâtrales (et d’autres du même ordre) firent peu à peu de lui une personnalité en vue de la vie sociale de Perth. En décembre 1911, l’école d’acteurs qu’il avait créée depuis peu et qui comptait dans ses rangs nombre d’amateurs connus dans la ville joua pour la première fois. Le soir du samedi 16, ils donnèrent One Summer’s Day (Un jour d’été) , comédie de l’auteur anglais Henry Esmond. Deux jours plus tard, d’autres élèves présentaient Our Boys (Nos garçons) , les bénéfices étant destinés à une oeuvre de charité locale.
De son côté, Myrtle aussi commençait à être connue. En avril 1912, le West Australian signala qu’elle venait d’ouvrir une « école de gymnastique (suédoise) et d’escrime pour dames et jeunes filles au gymnase Wesley », une grande salle bien aérée à l’arrière du Queen’s Hall. Myrtle, affirmait l’article, était « récemment rentrée de l’étranger, où elle a eu l’avantage d’étudier les méthodes les plus modernes en vigueur à la fois en Angleterre et en Amérique ».
Le mois suivant, la troupe de Logue était de retour au Théâtre de Sa Majesté avec une représentation caritative d’un vaudeville de Hubert Davis, Mrs. Gorringe’s Necklace (Le Collier de Mrs. Gorringe). Cette fois, les bénéfices étaient destinés au Foyer d’orphelins de Parkerville. « M. Logue et ses élèves méritent d’être chaleureusement félicités, déclara le West Australian. La représentation n’avait rien de mécanique, il ne s’agissait pas que d’une récitation, et toute l’affaire, dans une atmosphère décontractée et bon enfant, faisait appel à la nature humaine dans sa simplicité. » Myrtle aussi était montée sur les planches : sa performance dans le rôle de Mrs. Jardine avait été « un exploit fort artistique, par sa voix, son jeu et son attitude générale », estima le journal 7 .
Pendant ce temps, les propres
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