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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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embarqua de nouveau sur le Collingwood, juste à temps pour prendre part à la bataille du Jutland, à la fin du mois. Bien que de nouveau à l’infirmerie le soir où le bâtiment appareilla (pour avoir, cette fois, mangé du maquereau mariné), il se sentit assez bien le lendemain pour prendre son poste à la « tourelle A ». Le Collingwood ne joua pas un grand rôle dans l’action, mais Bertie fut heureux d’avoir été présent et, comme il le nota, d’avoir vécu la terreur du baptême du feu.
    À son grand soulagement, ses problèmes d’estomac semblaient s’atténuer. Mais en août, ils reprirent, plus violemment encore. Transféré à terre, il fut examiné par une noria de médecins qui, enfin, identifièrent son ulcère. En mai 1917, il était malgré tout de retour à Scapa Flow, cette fois en tant que lieutenant de vaisseau sur le Malaya, un cuirassé plus grand, plus rapide et plus moderne que le Collingwood. À la fin juillet, de nouveau malade, il fut transféré dans un hôpital de South Queensferry, près d’Édimbourg. Après huit ans passés à s’entraîner ou à servir dans la marine, Bertie comprit, à contrecoeur, que sa carrière était terminée. « Personnellement, j’ai le sentiment de ne pas être apte au service à la mer, même une fois remis de cette petite attaque », déclara-t-il à son père 24 . En novembre suivant, après avoir longuement hésité, il accepta enfin d’être opéré de son ulcère. L’opération se déroula sans difficulté, mais cette longue période de maladie continuerait de l’affecter tant physiquement que psychologiquement dans les années à venir.
    Bertie tenait à ne pas retourner à la vie civile tant que la guerre continuait. En février 1918, il fut affecté au Royal Naval Air Service qui, deux mois plus tard, allait fusionner avec le Royal Flying Corps pour former la Royal Air Force. Nommé commandant de l’escadrille N° 4 de l’école d’entraînement de Cranwell, dans le Lincolnshire, il y resta jusqu’au mois d’août. Pendant les dernières semaines de la guerre, il devint membre du quartier général de l’Independent Air Force II à Nancy. Puis, après le démantèlement de cette dernière, il poursuivit sa carrière comme officier d’état-major de la Royal Air Force.
    Avec la paix, Bertie, comme beaucoup d’officiers de retour du front, entra à l’université. En octobre 1919, il s’inscrivit à Trinity College, à Cambridge, où il étudia l’histoire, l’économie et le droit civique pendant un an. Sur le moment, personne ne sut vraiment pourquoi, en tant que deuxième fils, il avait besoin de telles connaissances, mais elles allaient se révéler précieuses dix ans plus tard.
     
    Bertie avait beau faire tout ce que l’on attendait de lui, son défaut d’élocution (et la gêne qu’il lui causait), associé à sa tendance à la timidité, continuait de lui peser. Le contraste n’aurait pu être plus frappant avec son frère aîné, qui goûtait de plus en plus à l’adulation de la presse et du public.
    Pourtant, il ne fallait pas se fier aux apparences. Quand les deux garçons eurent dépassé la vingtaine, leur relation avec leur père commença à changer. David effectuait déjà des tournées couronnées de succès dans l’Empire, mais dans son entourage, quelques-uns n’hésitaient pas à dire qu’il appréciait un peu trop les feux de la rampe pour son bien, ou celui du pays. Le roi s’inquiétait de plus en plus de l’amour presque obsessionnel de son fils aîné pour la modernité – que George méprisait –, son dédain pour le protocole royal et la tradition, et, par-dessus tout, sa prédilection pour les femmes mariées qu’il semblait avoir héritée d’Édouard VII. Le père et le fils se mirent à entrer régulièrement en conflit, souvent pour des sujets aussi superficiels que la tenue vestimentaire, qui, chez le roi, était presque une idée fixe. Comme le prince le nota plus tard, chaque fois que son père entreprenait de lui parler de ses devoirs, c’était comme si le mot même dressait un mur entre eux.
    Bertie, au contraire, devenait peu à peu le préféré de son père. Le 4 juin 1920, à l’âge de vingt-quatre ans, il fut fait duc d’York, comte d’Inverness et baron de Killerney. « Je sais que vous vous êtes fort bien comporté, dans une situation difficile pour un jeune homme et que vous avez fait ce que je vous ai demandé, lui écrivit le monarque.

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