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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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en droit d’attendre de la part d’un roturier.
    Comme Logue le raconta par la suite : « Quand il est entré dans mon cabinet, c’était un homme mince, discret, le regard las, présentant tous les symptômes de quelqu’un qui souffre d’un défaut d’élocution. Quand il repartit, il était visible qu’il avait repris espoir. »
    Peu à peu, ils commencèrent à enregistrer des progrès – comme le montrent les fiches de Logue, bien que sèches et précises :
    30 octobre : diaphragme beaucoup plus ferme, net progrès.
    16 novembre : excellente amélioration de l’ensemble, beaucoup plus de contrôle, diaphragme presque complètement sous contrôle.
    18 novembre : au fil des progrès, le claquement dans la gorge devient très distinct au fur et à mesure que d’autres défauts sont éliminés. Le diaphragme pousse maintenant l’air à franchir les muscles de la gorge.
    19 novembre : pas une erreur durant toute l’heure, bien que très fatigué.
    20 novembre : mâchoire inférieure plus souple.
    Après leur premier entretien, le duc eut en tout quatre-vingt-deux rendez-vous entre le 20 octobre 1926 et le 22 décembre 1927, d’après la note d’honoraires que Logue finit par établir le 31 mars 1928. La première consultation lui avait coûté 24 livres et 4 shillings ; les autres leçons 172 livres et 4 shillings au total. Logue lui factura également 21 livres pour des « leçons prises pendant le voyage en Australie ». L’addition se monta à 197 livres et 3 shillings – soit un peu plus de 10 000 euros.
     
    Ce voyage en Australie avait été la principale raison de la venue du duc à Harley Street. En janvier suivant, la duchesse et lui devaient embarquer pour un tour du monde de six mois à bord du HMS Renown, un croiseur de bataille. Le point culminant serait, le 9 mai, l’inauguration par le duc du nouveau Parlement du Commonwealth à Canberra. L’événement était extrêmement symbolique. Le Daily Telegraph affirma que le discours du duc aurait la même importance historique que la proclamation de la reine Victoria en tant qu’impératrice des Indes en 1877. Tous les yeux, mais surtout toutes les oreilles, seraient braqués sur lui, et Bertie ne pouvait se permettre de risquer le même fiasco qu’à Wembley.
    Les origines de ce voyage officiel remontaient à un peu plus d’un quart de siècle, et à la transformation de ce qui était les colonies australiennes en États, fédérés en dominion. Le gouvernement de ce dernier et le Parlement auquel il rendait des comptes étaient, à l’origine, installés à Melbourne, dans l’État de Victoria. Mais ce n’était qu’une solution temporaire ; les habitants de Victoria auraient été ravis que leur capitale devienne également la capitale fédérale, mais Sydney, capitale de Nouvelle-Galles du Sud, revendiquait elle aussi cet honneur.
    Dix ans plus tard, on avait finalement opté pour un compromis : le gouvernement acheta une zone d’environ 2 300 kilomètres carrés à l’État de Nouvelle-Galles du Sud, qui fut déclarée territoire fédéral et devint le site d’une nouvelle capitale australienne, Canberra. Bien que la Première Guerre mondiale eût freiné le projet, les travaux commencèrent enfin en 1923, et il fut décidé que le transfert des pouvoirs à Canberra et la première session du Parlement fédéral auraient lieu en 1927. Le Premier ministre australien, Stanley Bruce, avait demandé au roi George V d’envoyer un de ses fils présider la cérémonie d’inauguration.
    Le prince de Galles, le frère aîné du duc, avait accompli une tournée couronnée de succès en Australie en 1920, et le roi estima que l’heure était venue pour son deuxième fils de s’acquitter d’une mission impériale d’importance. Mais il n’était pas entièrement persuadé que Bertie était à la hauteur – en grande partie à cause de son bégaiement. Bruce aussi avait des doutes : il avait entendu le duc s’exprimer à plusieurs reprises au cours de la Conférence impériale de 1926, et n’en avait guère été impressionné. Bertie lui-même n’était pas sûr de pouvoir supporter le redoutable programme de la visite et les nombreux discours qu’il comportait. De plus, à cause de son long voyage, il serait obligé de laisser la duchesse et leur fille, la princesse Elizabeth, née en avril précédent.
    En dépit de ces inquiétudes, le 14 juillet, le gouverneur général envoya un

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