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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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câblogramme au roi demandant au duc et à la duchesse d’inaugurer le Parlement ; cinq jours après, Londres faisait parvenir sa réponse positive.
    C’est dans ce contexte que le duc allait rencontrer Logue pour la première fois, trois mois plus tard exactement. Ce qui semble lui avoir donné un véritable coup de fouet psychologique. D’après Taylor Darbyshire, un des premiers biographes du duc, « le plus grand avantage de cette première consultation, c’est qu’elle avait donné au duc l’assurance qu’il pouvait être soigné… Il avait été si souvent déçu auparavant que la découverte que son trouble avait des origines physiques et non, comme il l’avait toujours craint, mentales, modifia ses perspectives, lui redonna confiance et renforça sa détermination 33  ».
    C’était une chose d’identifier le problème, mais c’en était une autre de le corriger. Dans les sept mois qui précédèrent le voyage, le duc rencontra régulièrement Logue pendant une heure, à son cabinet de Harley Street ou chez lui, à Bolton Gardens. Il consacrait le rare temps libre que lui laissaient ses fonctions officielles à s’entraîner et à faire les exercices que Logue lui avait prescrits. S’il partait à la chasse, il veillait à rentrer tôt afin de s’acquitter des devoirs de Logue avant le dîner. S’il était en rendez-vous officiel, il s’arrangeait pour obtenir une pause afin d’aller prendre sa leçon.
    « Le pays n’a jamais vraiment compris le travail et les efforts que ces sept mois imposèrent au duc », se souvint, des années plus tard, l’ami de Logue, le journaliste John Gordon, du Sunday Express. Et enfin, tout ce labeur commença à porter ses fruits : le duc parvint petit à petit à maîtriser ces consonnes difficiles sur lesquelles il butait auparavant. Chaque progrès le poussait à se replonger dans ses exercices avec une détermination accrue.
    Un jour, un voisin de Logue, un peu snob, lui adressa une lettre où il le priait de demander à son visiteur de ne pas garer sa voiture devant chez lui. Quand l’Australien rétorqua qu’il dirait au duc de mettre sa voiture ailleurs, le ton du voisin changea du tout au tout. « Oh non, je vous en prie, je serais ravi que le duc continue de la laisser là. »
    Quelques semaines avant la date officielle de son départ, les capacités d’élocution du duc furent mises à l’épreuve. La Pilgrims Society, club ayant pour objectif de favoriser les relations anglo-américaines, souhaitait organiser un dîner d’adieu en son honneur. Ses membres, rassemblant politiciens, banquiers, hommes d’affaires, diplomates et autres personnalités influentes, étaient habitués à entendre quelques-uns des meilleurs orateurs du monde. À cette occasion, lord Balfour, qui avait été Premier ministre près de vingt ans plus tôt, présiderait, et certains des plus brillants rhéteurs de Grande-Bretagne comptaient prendre la parole. En bref, l’affaire aurait été rude même pour le plus doué des intervenants, pour ne rien dire de quelqu’un qui avait toujours du mal à prononcer le son « k ».
    Le duc décida de relever le défi de front. Il prépara et révisa lui-même son discours et, le jour du banquet, interrompit sa partie de chasse pour une ultime répétition avec Logue. La réputation du duc était telle que l’assistance ne s’était attendue qu’à quelques mots hésitants. Au lieu de cela, ils se retrouvèrent face à un hôte souriant et sûr de lui qui, sans être un grand orateur, s’exprima avec une assurance et une conviction étonnantes. Comme le dit Darbyshire, « ceux qui étaient présents à ce dîner n’oublieront pas de sitôt la surprise qui leur a été réservée ».
    Bien qu’ayant généralement évité la question sensible des difficultés d’élocution du duc, les journaux s’avouèrent eux aussi surpris de son succès. « Le duc d’York progresse rapidement en tant qu’orateur, commenta l’ Evening News le 27 décembre. Sa voix porte bien, la voix de la famille, on ne saurait s’y méprendre. Il reste encore trop attaché à ses notes pour donner une impression de liberté, mais il n’en est pas moins princier. » Un autre quotidien ajouta : « Tout le monde est au fait des difficultés qu’il éprouve à s’exprimer. Il a pratiquement surmonté sa gêne, et comme l’a souligné son secrétaire particulier de longue date, sir Ronald Waterhouse, alors que l’assemblée se

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