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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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vanter, et je préfère toucher du bois en écrivant ceci, mais je n’ai pas connu un moment difficile depuis que je suis en Écosse, écrivit-il à Logue le 11 septembre depuis Balmoral. Ici, j’ai beaucoup parlé avec le roi et je n’ai aucun problème. Et je peux aussi obtenir qu’il m’écoute, sans avoir à me répéter systématiquement 48 . » Le duc ajouta qu’il avait également rapporté au médecin du roi, lord Dawson de Penn, comment il était traité par Logue et qu’il avait pu constater la différence sur-le-champ. Et le duc de conseiller au médecin d’adresser tous ses patients bègues à Logue « et à personne d’autre 49  !!! ».
     
    Lors d’un déjeuner à Mansion House, que la City donna pour fêter son retour, le duc parla pendant une demi-heure de façon plaisante, fluide et avec beaucoup de charme, narrant ses expériences pendant son voyage. Logue se dit que son patient non seulement était en train de surmonter ses problèmes, mais qu’il devenait même vraiment un orateur de premier rang. Cependant, aussi considérables qu’aient pu être les progrès accomplis en Australie, Bertie savait qu’il lui fallait encore travailler sur son bégaiement et ses discours en public. Aussi, quelques jours après son retour à Londres, il reprit ses visites régulières à Harley Street.
    Lors des séances qui suivirent, le duc s’escrima sur les exercices de diction que Logue lui préparait, comme « Courons cueillir les coquets coquelicots avec la gaie brigade des grands dragons » et « De ses ciseaux, elle se saisit sans stupeur de six chardons ». Malgré l’énorme gouffre social qui les séparait, leur relation, de professionnelle, devint amicale, aidée en cela par le style franc et ouvert de l’Australien.
    « La caractéristique la plus marquante des deux années que S.A.R. a passées avec moi est son énorme capacité à travailler, déclara Logue à Darbyshire, le biographe du duc. Dès que sa situation a commencé à s’améliorer, il a visualisé ce que serait une élocution parfaite, et il ne se satisfera que de cet idéal. En deux ans, il n’a pas raté un seul de nos rendez-vous – un record dont il peut à juste titre être fier. Il a compris que la volonté de guérir ne suffit pas, mais qu’elle nécessitait de l’acharnement, un dur labeur et des sacrifices, auxquels il a consenti sans rechigner. Aujourd’hui, il a atteint son “Paradis” de satisfaction et de confiance en sa propre diction. »
    La duchesse aussi jouait un rôle important, quoique discret, en encourageant son mari. Si cela avait lieu essentiellement en privé, il était parfois donné à certains de s’en apercevoir en sa présence. Ainsi, un jour, le duc se leva pour prendre la parole après un déjeuner, et sembla plus à la peine que d’ordinaire. Il était sur le point d’abandonner quand les convives virent la duchesse tendre la main et lui serrer les doigts, comme pour l’encourager à poursuivre. Ce qu’il fit, comme toujours.

Chapitre six
    En habit de cour, avec des plumes
    Les voitures étaient alignées pare-chocs contre pare-chocs, presque tout le long de l’avenue du Mall qui mène à Buckingham Palace. C’était le soir du 12 juin 1928, et un petit groupe de femmes, habillées sur leur trente et un, avec plumes et perles, allaient être présentées au roi George V et à la reine Mary. La plupart appartenaient aux classes supérieures de la société anglaise ; parmi elles se trouvait aussi Myrtle Logue.
    C’était là un insigne honneur, mais aussi l’un des avantages dont jouissait désormais Lionel grâce à son travail. Le 20 décembre 1927, Patrick Hodgson, le secrétaire particulier du duc, avait écrit pour les informer que, dans l’année à venir, Myrtle serait présentée à l’une des séances de la Cour par l’épouse de Leo Amery, secrétaire des dominions. Le 28 mai arriva la « convocation » tant attendue du lord chambellan, les conviant à la première des deux séances royales qui se dérouleraient ce mois-là à Buckingham Palace.
    Le carton stipulait que les dames devaient venir « en habit de cour, avec plumes et traîne » ; les messieurs qui les accompagnaient seraient vêtus en « habit de cour intégral ». La tenue de Myrtle était tout à fait adaptée : une robe de satin parcheminé sur du crêpe Georgette rose pâle, avec des bretelles en strass et une traîne d’étoffe argentée, reliée avec du tulle rose

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