Le discours d’un roi
passant sur son épaule gauche pour se fixer sur son sein avec une boucle de diamant et se draper dans son dos jusqu’à sa hanche droite, où une autre boucle de diamant retenait le tout.
Six heures venaient de sonner lorsqu’elle s’engagea avec Lionel sur le Mall ; mais ils firent presque du surplace jusqu’à 20 h 30 quand, une à une, les voitures commencèrent à avancer doucement vers Buckingham Palace, où ils n’arrivèrent qu’à 21 heures. La cérémonie était censée commencer à 21 h 30. L’émerveillement que ressentait Myrtle face à cette grande occasion était teinté de la frustration d’avoir attendu si longtemps et d’avoir dû subir cette épreuve inattendue.
« L’attente sur le Mall était terrifiante, écrivit-elle lors d’un compte rendu de la journée, publié plus tard dans un journal australien. Cette “populace” qui se précipitait sur le marchepied de la voiture pour voir quelles chaussures nous portions ! C’était vraiment épouvantable, tous ces millions de gens, et si on avait le malheur de jeter un coup d’oeil dans la rue, on se retrouvait à dévisager des jeunes hommes, ou même des messieurs plus âgés, qui suivaient dans leurs voitures et lorgnaient dans les nôtres. Heureusement que Lionel était avec moi, sinon je serais morte de peur et de colère. »
À 21 heures, on les laissa enfin entrer dans la somptueuse antichambre du palais, où le défilé de plumes, de voiles de tulle et de bijoux offrait un spectacle inoubliable. Après une nouvelle attente, d’environ une heure cette fois, le lord chancelier vint les chercher ; les hommes partirent patienter dans une autre antichambre, et les femmes se mirent en rang, leurs traînes jetées sur les épaules. Lorsqu’elles entraient dans la salle du Trône, les deux écuyers s’emparaient brusquement de leur traîne et les disposaient au sol en murmurant : « Une révérence pour le roi, une pour la reine. » L’une après l’autre, les dames entendirent leur nom annoncé, d’une voix si tonitruante qu’elles en sursautaient presque ; elles s’inclinaient alors devant le roi sans un sourire. Il répondait avec un hochement de la tête en considérant sérieusement chaque femme qui passait, et la reine faisait de même.
Puis, dans une grande fanfare de trompettes, tout fut terminé. Les messieurs qui se trouvaient dans la chambre à coucher en sortirent à reculons, bâton officiel en main ; le roi et la reine, accompagnés des pages qui transportaient leurs traînes, saluèrent à droite et à gauche tandis que les femmes tombaient à genoux dans une révérence et que les hommes se mettaient au garde-à-vous, têtes inclinées. Plus tard, Lionel et Myrtle, épuisés, regagnèrent les salles à manger, où l’on distribuait du poulet et du champagne. Après avoir posé pour les photographes, ils reprirent le chemin de la maison. « Je n’aurais jamais cru que ce serait une telle épreuve », raconta Myrtle, même si elle écrivit un mot à Hodgson pour le remercier de cette agréable soirée. Le 26 juillet, il les invita tous les deux à une garden-party.
À cette époque, le couple acheta un petit pavillon de vacances, Yolanda, sur l’île Thames Ditton, située sur la Tamise. Il était entouré de roses, et la pelouse s’avançait jusqu’au bord de l’eau. « Lionel a besoin d’un endroit paisible pour se reposer au printemps et en été, et nous en avions assez d’emmener les enfants sur le continent pendant un mois, où nous manquions la plus agréable des saisons en Angleterre ; alors nous avons décidé d’y rester pendant l’été, expliqua Myrtle. L’endroit est adorable ! Nous y sommes descendus toutes les semaines au printemps et en été. Nous pêchons, nageons, naviguons et “paressons” ; nous nous y plaisons beaucoup. »
Dans les mois qui suivirent, les journaux britanniques publièrent de plus en plus d’articles sur les progrès effectués par le duc ; Logue les découpait tous, et les collait dans un gros album vert qui est toujours resté dans la famille.
En rendant compte de la présence du duc à un repas organisé visant à collecter des fonds pour l’hôpital pour enfants de la reine, à Mansion House, le journal The Standard remarqua, le 12 juin 1928 : « Le duc a grandement progressé en tant qu’orateur, il ne marque presque plus d’hésitations. Son appel à aider les enfants témoignait d’une réelle éloquence. » Un
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