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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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travaillaient habituellement devant être préparée pour la photographie après le discours. Il avait revêtu son uniforme d’amiral avec toutes ses décorations. Ensemble, ils relurent le discours. Ce message, d’après le biographe officiel du roi, était « l’expression d’une foi en des valeurs simples […] qui donna du courage au peuple anglais peut-être mieux que quiconque en cette veille de conflit et le rassembla dans l’objectif de la victoire 83  ». Logue parcourut le texte, insérant des pauses entre certains mots pour en faciliter la lecture. Il changea également certains termes comme « government » qui aurait pu poser problème au roi et fut remplacé par « ourselves » ainsi que « call » , transformé en «  summon  ».
    Logue fut frappé par la tristesse que trahissait la voix du roi alors qu’il lisait. Il s’efforça de le divertir, lui rappelant la nuit de la veille de son couronnement où ils avaient passé une heure avec la reine dans cette même pièce à répéter le discours qu’il devait prononcer le lendemain et qu’il redoutait autant que celui qu’il tenait à présent dans ses mains. Ils rirent et repensèrent un moment à tout ce qui s’était passé depuis ces deux ans et demi. Puis, une porte s’ouvrit à l’autre bout de la pièce et la reine entra, « aussi royale que charmante », notera Logue en pleine adoration. Elle était « la femme la plus belle qu’[il ait] jamais vue », pensa-t-il en s’inclinant sur sa main.
    Plus que trois minutes avant le discours, il était temps d’aller dans la salle d’enregistrement. Alors qu’ils traversaient le couloir, le roi fit signe à Frederick Ogilvie – successeur de John Reith à la tête de la BBC depuis 1938 – de se joindre à eux. La pièce venait juste d’être refaite et offrait un cadre chaleureux qui contrastait avec la gravité du moment. Le roi était conscient de l’importance de ce discours qui serait entendu par des millions de personnes dans tout l’Empire.
    Au bout d’une cinquantaine de secondes, le voyant rouge s’alluma. Logue regarda le roi s’approcher du micro et lui sourit. Alors que 18 heures sonnaient à l’horloge de la cour, le roi pinça les lèvres en une sorte de rictus et commença à parler, la voix tremblante d’émotion.
    En cette heure solennelle, peut-être la plus fatidique de notre histoire, j’envoie à tous les foyers de tous mes peuples, d’Angleterre et d’outre-mer, ce message, adressé à chacun d’entre vous avec la même ferveur que si je pouvais passer le pas de votre porte et vous parler en personne.
    Pour la seconde fois dans l’existence de la plupart d’entre nous, nous sommes en guerre. Inlassablement, nous nous sommes efforcés de trouver une solution pacifique aux différends qui nous opposent à ceux qui sont aujourd’hui nos ennemis. Nos efforts sont restés vains. Nous avons été entraînés de force dans ce conflit. Nous avons aujourd’hui le devoir, avec nos alliés, de nous dresser contre un principe qui, s’il devait l’emporter, serait fatal à tout ordre civilisé dans le monde.
    Il s’agit du principe qui permet à un État avide de pouvoir de mépriser ses traités et ses engagements solennels ; qui autorise l’usage de la force ou de la menace contre la souveraineté et l’indépendance d’autres nations. Un tel principe, débarrassé de tout faux-semblant, n’est que l’expression de cette doctrine primitive qui veut que la force fasse loi. Si ce principe s’imposait dans le monde, la liberté de notre propre pays et celle de toutes les nations du Commonwealth britannique seraient en péril. Bien pire encore, les peuples du monde deviendraient esclaves de la peur, et tout espoir de paix partagée ou de sécurité par la justice et la liberté entre nations disparaîtrait.
    Tel est le suprême défi que nous devons relever. Au nom de tout ce que nous chérissons, et pour la paix et l’ordre du monde, il serait impensable que nous nous dérobions devant cette épreuve.
    C’est à ce noble dessein que j’appelle aujourd’hui mon peuple d’Angleterre et mes peuples d’outre-mer, qui feront de notre cause la leur. Je leur demande de rester calmes, fermes et unis dans cette épreuve. La tâche ne sera pas aisée. Des jours sombres nous attendent et la guerre ne peut plus se limiter au champ de bataille. Nous ne pouvons faire le bien qu’en fonction de l’idée que nous nous en faisons et humblement

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