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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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décréta le journaliste, en ajoutant qu’il avait développé l’art oratoire qui consiste à laisser juste assez de temps pour les applaudissements qui ponctuaient son discours.
    Le mois suivant, le roi exprima sa propre réaction aux éloges de plus en plus nombreux sur ses talents d’orateur dans sa réponse à une lettre de félicitations envoyée par son vieil ami, sir Louis Grieg : « Cela me change du temps où, quand je parlais, j’avais l’impression de vivre “l’enfer 80 ”. »

Chapitre douze
    « Tuer le peintre en bâtiment autrichien »
    Le dimanche 3 septembre 1939, l’inéluctable finit par se produire : sir Neville Henderson, ambassadeur de Grande-Bretagne à Berlin, transmit un dernier message au gouvernement allemand l’avertissant que si, avant 11 heures le matin même, il n’avait pas retiré ses troupes de Pologne – où elles étaient entrées depuis deux jours –, l’Angleterre déclarerait la guerre à l’Allemagne. Berlin resta sourd à cet ultimatum et, à 11 h 15, la voix tremblante d’émotion, Neville Chamberlain annonça à la radio que l’Angleterre était désormais en état de guerre contre l’Allemagne. La France fit de même quelques heures plus tard.
    Pour la première fois de son histoire, la Chambre des communes se réunit un dimanche pour entendre Chamberlain. L’une des premières décisions du Premier ministre fut de remanier le gouvernement et de rappeler Winston Churchill au poste de premier lord de l’Amirauté, qu’il occupait durant la Grande Guerre. Anthony Eden, qui avait démissionné en février 1938 pour marquer son désaccord avec la politique d’apaisement du Premier ministre, fut nommé secrétaire d’État aux Dominions. Chamberlain était alors âgé de soixante-dix ans et souffrait déjà du cancer qui l’emporterait un peu moins d’un an plus tard ; ce n’est toutefois que contraint et forcé qu’il donnerait sa démission pour céder la place à Churchill, de cinq ans son cadet.
    L’orage de la guerre avait grondé durant tout l’été. Avec l’annonce, le 22 août, de la signature d’un pacte de non-agression entre l’Allemagne et l’Union soviétique, le spectre de la guerre s’était encore rapproché, Hitler étant désormais libre d’envahir la Pologne et de concentrer ses forces sur son front occidental. Trois jours plus tard, l’Angleterre signait un traité avec le gouvernement de Varsovie, lui assurant aide et assistance en cas d’agression. Chamberlain n’en continua pas moins de négocier avec Hitler, même s’il refusa d’écrire personnellement au chef nazi ainsi que le roi le lui avait suggéré. Pour beaucoup de gens, le pire était encore l’incertitude.
    Le 28 août 1939, Logue fut convoqué au palais. Alexander Hardinge était exceptionnellement présent, en manches de chemise. Il faisait une chaleur accablante, un temps plus typique, pour Logue, de son Australie natale que de son pays d’adoption. « Une des journées les plus étouffantes et les plus pénibles dont je puisse me souvenir et qui m’a davantage rappelé Sydney ou Ceylan que n’importe quel coin d’Angleterre », écrit-il dans son journal.
    Logue remarqua que l’impasse internationale semblait plonger le roi et ses conseillers dans le même désarroi que le reste du pays. « Je suis allé voir le roi et ses premiers mots ont été : “Bonjour, Logue, dites-moi, sommes-nous en guerre ?” Je répondis que je ne savais pas, ce à quoi il répliqua : “Vous ne savez pas, le Premier ministre ne sait pas et moi-même, je ne sais pas.” Il est profondément inquiet et trouve la situation tout à fait invraisemblable. Si seulement nous savions comment tout cela va tourner. » De retour chez lui, Logue était toutefois convaincu que « la guerre [n’était] pas loin ».
    Le 1 er  septembre, les troupes allemandes envahirent la Pologne. « L’Angleterre envoie un dernier avertissement, proclamait la une du Daily Express le lendemain matin. Cessez les hostilités et retirez les troupes de Pologne ou c’est la guerre. » La réponse à cette sommation se trouvait juste en dessous, en plus petits caractères : « Nous n’accepterons aucun ultimatum, annonce Berlin. »
    Cela faisait plusieurs mois que le gouvernement préparait le pays et la population civile à l’éventualité d’une guerre et notamment à des bombardements massifs sur les principales villes. Près de 827 000 écoliers et un peu

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