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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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de guerriers, sauf quand
ils jouent , et naturellement plus de druides, puisque tous les habitants
de l’Autre-Monde, parvenus à un très haut degré de sagesse, sont tous devenus
des dieux-druides. En fait, c’est la troisième fonction qui est exaltée et qui
englobe les deux autres en les dépassant. Là, pour reprendre la formule
baudelairienne, « tout n’est que luxe, calme et volupté ». On peut y
ajouter l’abondance. Le chaudron du Dagda, c’est-à-dire le Graal, y est le
récipient de toutes les richesses, et plus on y puise, plus il est plein. Ainsi
se trouvent résorbées les contradictions du monde.
    Cet Autre-Monde n’est pas toujours situé dans les îles du
bout de la terre. Il arrive qu’il soit localisé dans les tertres, dans le sidh , dont le nom signifie proprement
« paix ». Mais le paysage est le même : grande plaine où courent
des chevaux, où paissent des troupeaux, où jouent les ex-guerriers, vergers merveilleux
qui produisent des pommes en toute saison, musiques célestes, temps
éternellement serein, richesse et beauté, femmes féeriques, breuvages divins.
Et cela se trouve à côté des humains, sous
leurs pieds, dans l’univers des tertres, au-delà de l’apparence : ceux qui
ne savent pas ne voient pas autre chose que des souterrains humides et froids.
Ceux qui ne savent pas, ce sont ceux qui n’ont pas pu dépasser le réel apparent
et regarder l’univers « surréel » qui s’ouvre devant leurs yeux
aveuglés.
    Une question se pose cependant : cet univers
merveilleux est-il éternel ? On serait tenté de répondre affirmativement.
Or, il n’en est rien. L’éternité d’un tel Autre-Monde serait en opposition
complète avec la conception métaphysique des druides : tout n’est que
mouvement, tout est en perpétuelle transformation, et si rien ne meurt, rien ne
demeure stable. La vision paradisiaque de l’Autre-Monde est une vision de
stabilité qui est inconciliable avec la thèse du mouvement perpétuel. C’est Plutarque
qui nous le dit le premier : « D’après Démétrios, parmi les îles qui
entourent la Bretagne, plusieurs sont désertes, dispersées, et quelques-unes
tirent leurs noms de quelque héros ou de quelque démon. Navigant dans ces
régions sur ordre du roi, afin de recueillir des informations, Démétrios aborda
dans la plus proche de ces îles désertes. Elle ne comportait pas beaucoup
d’habitants, mais ceux-ci étaient sacrés aux yeux des Bretons, et protégée de
toute injure de leur part. Au moment où il aborda, un grand trouble se
manifesta dans l’air, accompagné de nombreux prodiges dans le ciel. Les vents
soufflaient avec fracas, et la foudre tomba en plusieurs endroits. Puis, le
calme se rétablit. Les insulaires lui dirent qu’il venait de se produire une
éclipse de quelque être supérieur. Ils ajoutèrent que, de même qu’une lampe
n’offre rien de fâcheux lorsqu’on l’allume, mais qu’elle peut causer des
troubles fâcheux [362] quand
on l’éteint, les grandes âmes ne font jamais de mal et procurent leurs
bienfaits tant qu’ils vivent, mais provoquent des vents et de la grêle, comme
aujourd’hui, lorsqu’elles viennent à s’éteindre ou à périr fréquemment . Souvent, elles peuvent également causer
dans l’air des émanations pestilentielles. C’est dans ces îles, dit encore
Démétrios, que Khronos endormi, et gardé par Briarée, est retenu
prisonnier… » [363] . On
remarquera que Khronos, le « temps », est endormi. On remarquera également
qu’il est question de morts qui sont fréquentes. On ne peut déterminer, d’après
le texte, s’il s’agit de la mort répétée d’une même « âme
supérieure », ou la fréquence de l’événement, mais le doute subsiste. Et
de toute façon, dans cet Autre-Monde celtique, les « âmes
supérieures » s’éteignent . Où vont-elles,
puisqu’il n’y a pas de mort au sens terrestre du terme ?
    La réponse n’est pas difficile. Ailleurs ,
encore ailleurs. L’Autre-Monde n’est que transitoire, et plus que jamais,
« la mort est le milieu d’une longue vie ». Dans le cycle du temps,
les mondes peuvent être infinis, et les êtres peuvent passer de l’un à l’autre.
L’Autre-Monde décrit par les Celtes n’est qu’ un seul parmi
des mondes infinis. Mais les portes de cet Autre-Monde ne sont jamais closes,
et il n’y a pas d’état irrémédiable. L’opinion druidique est que le mouvement
perpétuel de

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